Le carnet du CFC
Nos voies ferrées du Loiret 4
La ligne Corbeil - Montargis par Malesherbes
A l'écart des radiales Paris-Orléans- Tours, Paris-Orléans—Vierzon, et la ligne du Bourbonnais, des itinéraires nouveaux se dessinèrent, fonnant autour de Montargis et de Gien des étoiles dont les branches peu à peu se constituèrent, reliant les petites villes aux sous-préfectures et chefs lieu de Canton. Et lorsque des querelles d'itinéraire éclataient pour savoir si le Paris—Nevers se raccorderait à la grande ligne Paris—Lyon à Moret ou à Corbeil, à la grande joie de tous, les deux tracés furent retenus.
Les trois sous préfectures que sont Montargis, Gien et Pithiviers ont su faire entendre leur voix lorsque force projets étaient lancés dans cette deuxième moitié du 19ème siècle.
La gare de Malesherbes. Cette photographie montre la majeure partie des installations: bâtiment voyageurs, halle à marchandises et voies de garage. (Coll. particulière) |
Un des premiers projets fût celui de la ligne de Corbeil à Montargis par Malesherbes soutenu en 1853 par la compagnie Darblay qui obtint une concession d'un chemin de fer de Corbeil à Nevers en passant par la vallée de l'Essonne. De Corbeil à Paris, la voie emprunterait celle du P.O. P.O.ur pénétrer dans la capitale tandis qu'au delà de Montargis deux itinéraires étaient envisagés un par Châtillon-Coligny, Rogny et Briare, l'autre par Gien.
La compagnie Darblay était alors en
concurence avec celle de Fontainebleau qui défendait l'itinéraire par Moret jugé plus économique. Toujours est-il que la bonne ville de Montargis traitait avec les deux compagnies
P.O.ur être sûre d'avoir son chemin de fer.
Par ailleurs, au coeur du Gâtinais, la ville de Pithiviers attendait aussi depuis des années sa ligne de chemin de fer et avait à cet égard également
nourri l'espoir d'être sur l'itinéraire de la ligne de l'Essonne. Malheureusement, c'est le tracé par Malesherbes, Puiseaux, Auxy qui fût retenu et à partir de 1878, des semi-directs circulèrent alors que 13 ans plus tard en 1891 de express mettaient Montargis à 2h31 de la capitale.
Parallèlement au trafic voyageur, celui des marchandises à destination du Rhône et de la Provence était intense avant de connaître le déclin dû en partie à l'électrification de la ligne de la Bourgogne
Paris—Dijon qui dès 1950 fournissait au trafic l'énergie à la mesure de la demande.
L'apparition des nouvelles technologies ferroviaires réservées aux grands axes laissèrent les lignes secondaires sans concurrence
possible d'autant que l'autocar prendra à la ligne son potentiel voyageur, la laissant à son triste destin si bien qu'en 1955 la deuxième voie sera
déferrée et que le 26 avril 1971 verra le dernier train.
Malesherbes constitue le point culminant de la ligne qui redescend en pente douce jusqu'à Montargis
La ligne Malesherbes - Montargis et le raccordement de Beaune-la-Rolande.
La ligne Malesherbes - Montargis est longue de 49,7 Km. Au départ de Malesherbes (sud), la voie rencontre le raccordement de Filay de la ligne Bourron-Marlotte-Pithiviers-Orléans, puis elle continue à travers le Gâtinais par Briarre-sur-Essonnes, Puiseaux et Auxy-Juranville. Cette gare fût longtemps celle de Beaune-la-Rolande bien qu'éloignée de plusieurs kilomètres de la ville. En
1844-1845, le P.L.M. créa une bifurcation vers Bourges. Passant plus près de la cité et une nouvelle gare, Beaune-Ia-Rolande- Ville, fût édifiée. Cette courte section fût la première à être mise sur route en France et de surcroît par la S.T.A.P.O., une filiale du P.O.
C'était le commencement de la "désertification ferroviaire".
Beaune-La-Rolande. Cette gare fllt construite par le P.O. lors de l'ouverture de la ligne Etampes-Bourges. Elle supplanta alors La gare de Parville, maintenant démolie. (Coll. particulière) |
En continuant vers
Montargis, la ligne traverse Lorcy où un important centre agrochimique possède un embranchement particulier avec désserte interne par locotracteur.
À Mignères-Gondreville un faisceau militaire se raccorde à la ligne qui rejoint les voies du
P.L.M. Paris—Nevers avant de pénétrer dans "La Venise du Loiret".
En 1914, six trains omnibus ou semi-directs relient la gare de
Paris—Lyon à Montargis par cette ligne du Gâtinais, plus des mouvements supplémentaires les dimanches et jours de fête.
Parallèlement, le trafic marchandise atteignait une trentaine de trains quotidiens venant de Provence ou de la vallée du Rhône.
A partir de 1940, la desserte est réduite à un omnibus Paris—Montargis, un direct
Paris—Nevers et un express
Paris—Moulin. En 1971 le service voyageur est
reporté sur route et l'électrification de la ligne Paris-Nevers par Moret accélère l'abandon de cette ligne
pour le service messageries Aujourd'hui un marchandise quotidien dessert les entreprises agricoles et coopératives.
La ligne de Malesherbes à Montargis a vu circuler des 230A, B et C, des 231-C et E, des 232-AT et BT, des 242-AT et BT, des 140-E et K, des 141-C puis en 1930-31 des 230 série 4001/4084, Au cours des années 50 les dernières locomotives furent des 242TA de 141-E et F puis les célèbres 141-R charbonnières du dépôt de Nevers.
Aujourd'hui si le voyageur nostalgique passe par Puiseaux, surtout qu'il ne s'aventure pas vers la gare devenue un triste vestige dégradé, véritable signature d'une société décadente.
Entre Malesherbes et Montargis, le
poste de cantonnement de la gare de Puiseaux. (Coll. particulière) |