Le carnet
du CFC
En visite ...
Une machine à vapeur du XIXème siècle
Usine du Fresse,
Noirétable (Loire)
François Borie.
Au hasard de mes pérégrinations estivales dans le département de la Loire, je suis tombé sur une affiche vantant « une machine à vapeur du XIXème siècle » quelque part dans le nord du département.
Coup de téléphone pour confirmation des horaires de visite et en voiture (et en famille) je me rends derechef à l’endroit indiqué, comme souvent en pareil cas avec quelque inquiétude sur l’intérêt du voyage…
Un peu d’histoire - géographie : située aux confins du département de la Loire, presque à la limite du Puy-de-Dôme, la région de Noirétabe est, dans les Monts du Forez, est très boisée. Le bois est utilisé à la confection d’emballages, plusieurs usines y produisent actuellement des palettes de chargement. L’usine du Fresse, a cessé son activité il y a plusieurs années, on y fabriquait des caisses en bois depuis la fin du XIXème siècle.
L’actuel propriétaire, artiste photographe, a eu la surprise, en explorant les locaux rachetés peu de temps auparavant, de découvrir dans une partie abandonnée, l’ancienne machine à vapeur qui fournissait la force motrice de l’usine avant que celle-ci ne soit électrifiée. Par chance, cette machine avait été et laissée en l’état après son arrêt ce qui fait qu’elle est complète et pratiquement en état de marche.
Aucune plaque de constructeur ni de date n’a été retrouvée sur cette machine, il semble cependant, d’après les formes de certaines pièces de fonderie, qu’elle soit très ancienne, peut-être une des plus anciennes de France en place dans une usine. Son installation en 1909 dans l’usine du Fresse serait donc un réemploi et sa première utilisation remonterait aux années 1840.
De la belle mécanique, ça valait le déplacement, je vous laisse la découvrir en photos :
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Vue d’ensemble du mécanisme, de gauche à droite : le cylindre avec sa distribution à tiroir, le régulateur centrifuge, l’arbre moteur, le volant d’inertie. Au premier plan à droite, la génératrice électrique pour l’éclairage. A l’entrée de la pièce, le maître des lieux |
L’embiellage avec son graissage, le régulateur centrifuge et sa courroie d’entraînement.
Pour avoir une idée de la puissance de la machine, il faudrait connaître, outre la course du piston, son diamètre, mais cela nécessite le démontage du cylindre, et la vitesse de rotation |
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Autre vue montrant le cylindre, le régulateur et le volant d’inertie. Au premier plan, la pompe à vide du condenseur : l’eau est utilisée presque entièrement en circuit fermé et la puissance disponible au cylindre est un augmentée puisque l’échappement se fait dans un vide relatif, d’où augmentation du rendement |
Un ingénieux dispositif de graissage de la tête de bielle : le graisseur est immobile et un clapet laisse tomber une goutte d’huile à chaque tour. Juste derrière, observer le double excentrique de commande du tiroir de distribution |
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Dans un local contigu à la machine, la chaudière dans son massif de maçonnerie.Le foyer est en sous-sol |
Un injecteur récupère l’eau venant du condenseur et la renvoie dans la chaudière |
Le
dôme de prise de vapeur avec les soupapes de sécurité. Observer le
cerclage de la maçonnerie réalisé avec des lames de scie usagées |
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Le chauffage se fait par retour de flammes, à la fois par les tubes et par la surface extérieure, les gaz chauds circulant entre la maçonnerie et la chaudière. La porte de boîte à fumées est à deux vantaux, la chaudière est à section elliptique. |
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La plaque de l’APAVE.Le timbre se trouve sur le dôme de la chaudière, dans une fenêtre d’environ 15 x 15 cm laissée dans les briques et coté foyer. |
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Les fumées sont amenées à l’extérieur par un conduit au niveau du sol, ou carneau jusqu’à la base de la cheminée. La hauteur de celle-ci permet un tirage naturel suffisant pour assurer la production de vapeur. |
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Le chauffeur peut contrôler le tirage au moyen de ce volet, appelé registre (ou clef de tirage) qu’il peut faire monter ou descendre depuis sa chaufferie au moyen d’une chaîne ce qui ferme plus ou moins le carneau. |
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Dans la cour de l’usine, un wagonnet à châssis en bois |
Une des scies à ruban et le banc de guidage. |
La scie à ruban, une charrette à bras… |
Remerciements de l’auteur
Je remercie chaleureusement Claude BENOIT qui, non seulement a bien voulu relire et compléter cet article, mais qui m’a de plus communiqué trois magnifiques vues de sa machine… Je ne peux résister au plaisir de vous les faire admirer sans commentaire.
Monsieur BENOIT apporte aussi quelques précisions sur le condenseur :
Il a trois intérêts.
- la vapeur en condensant, crée une dépression derrière le piston, donc améliore le rendement de la machine
- l’eau, ainsi recyclée, devient un fluide neutre et permet ainsi de prolonger la durée de vie de l’installation (contrairement aux machines mobiles, sauf les bateaux, qui laissaient échapper la vapeur et réinjectaient de l’eau neuve dans la chaudière. PH différent et sels minéraux…)
- économie évidente de bois et donc aussi de main d’œuvre.
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