Le carnet du CFC - Sommaire

Biographie succincte de Marc SEGUIN

MAD

Marc Seguin est né à Annonay, petite ville de l'Ardèche, perçu au XVIIIème S. comme un centre commercial pour l'arrière-pays montagneux. Au cœur des maisons regroupées autour de la vieille cité Notre Dame, se dresse celle du Sieur Marc François Seguin, bourgeois de la ville et négociant en drap et de Dame Augustine Marie-Thérèse de Montgolfier son épouse. Les affaires de la famille Seguin sont prospères au cœur de cette petite bourgade laborieuse où s'affairent tanneurs, mégissiers, papetiers et autres métiers de l'eau.
Le grand père d'Augustine dirige encore sa manufacture de papier velins du royaume et ses oncles Joseph et Etienne ont été anoblis par Louis XVI pour le premier aérostat qu'il ont projeté dans les airs et qui reste le premier vol d'un être humain en 1783.
C'est dans cet environnement que le jeune Marc, aîné de Camille, Jules, Paul, Charles et Thérèse est né ce 20 avril 1786.

Cette année 1786 est riche en événements scientifiques : l'expédition de La Pérouse atteint le Chili, l'Alaska, puis l'île de Pâques, c'est l'invention de l'éclairage à l'hydrogène, et l'extraction des métaux précieux à l’aide de mercure selon la technique de l’amalgame. Le monde scientifique est en ébullition, les découvertes surgissent, le Roi lui-même s'intéresse davantage à la technique qu'aux affaires de l'État. Le siècle des Lumières est à son apogée, siècle flambant de vie et d'esprit de découverte mais troublé, on s'approche du chaos de la révolution. Le jeune Marc qui passe son enfance en Vivarais est loin des agitations de Lyon et de Paris où se prépare la révolution. Sa jeune main dirigée par sa mère apprendra à écrire à la plume d'oie puis ses humanités premières seront confiées à un religieux, ancien prieur dominicain. À Talencieux, village austère et rude, le jeune Marc apprend à "chiffrer". Il chiffre bien et son esprit éveillé étonne son précepteur.
En 1799 Marc est de retour dans la demeure familiale. L'oncle Etienne vient de décéder, la famille est en deuil et Maître Seguin, ému destine son fils à Joseph, le savant, qui pourvoira à parfaire son éducation dans la capitale.
La physique est à la mode et on sait que Marc s'intéresse aux expériences de feu Monsieur Lavoisier sur le fluide élastique.
Chimiste, philosophe et économiste français, c'est lui qui a énoncé la première version de la loi de conservation de la matière, identifié et baptisé l'oxygène (1778), démis la théorie phlogistique, et participé à la réforme de la nomenclature chimique. 
C'en est fait Marc quitte le Vivarais pour la capitale. Une jeunesse studieuse s'ouvre à lui, le voyage est long, propice au rêve, Vienne, Lyon, de relais en relais, l'attelage rejoint enfin la barrière de Paris.

Accueilli par son oncle Joseph de Montgolfier, membre de l'Académie Royale des Sciences et démonstrateur au Conservatoire des Arts et Métiers avec Ampère, le jeune Marc loge au couvent Picpus et chez le citoyen Leroux. Il n'est pas sans intriguer ses collègues d'étude avec son accent ardéchois. Il passe ses soirées dans la maison du Conservatoire et écoute les discussions sur la navigation dans l'air, l'aérostat, le parachute, le bélier hydraulique. Il aime le Paris de cette époque. Un jour son oncle l'emmène à la barrière de Passy, sur les quais de Seine où une expérience de bateau a lieu. Non loin de la colline de Chaillot un homme venu des Amériques va faire évoluer un bateau sans rames et sans voiles. Tout Paris en parle et la foule attend l'événement. Le bateau avance à l'allure d'un homme au pas au mitan du fleuve sans avirons ni misaine. Marc est captivé par ce bateau mystérieux qui avance tout seul et d'où se dégage une insolite fumée. Ce bateau, c'est le Clermont et celui qui le dirige Robert Fulton. jusqu'à l'age de dix-neuf ans le jeune adolescent évolue dans un bouillonnement scientifique de découvertes et d'inventions nouvelles, l'oncle Joseph lui transmettant tout son savoir. 
En 1806 Marc est dans la diligence en direction de Lyon, il rejoindra Annonay. Il a 19 ans, une instruction accomplie et plein de projets. Les retrouvailles achevées, il se met au travail et continue ses études qui le mèneront souvent à Paris.
Un an plus tard, l'oncle Joseph est élu membre titulaire de la première classe de l'Institut et est fait chevalier de la Légion d'Honneur. Il meurt en 1810. Marc jure de suivre la voie que ce bienfaiteur lui a montré dans l'amour des sciences et des techniques.

En 1813 Marc épousera Augustine Duret, fille d'un médecin ami de la famille. Un premier enfant, Marc  aîné de treize, naîtra de cette union.
Ce début de XIXème siècle bouillonne d'inventions industrielles surtout en Angleterre où les noms de Blenkinsop, Murray, Chapman, Brunton, Hedley et bien sûr messieurs Stephenson et Trevithick rendus célèbres par leurs locomotives "Blücher" et "Catch me who can" passionnent la jeune société industrielle. Marc est fasciné par ces machines à vapeur montées sur des châssis munis de quatre roues et qui roulent sur une voie de fer atteignant la vitesse vertigineuse de 25 km/h et dont le poids est de huit tonnes. Les compétitions de Newmarker mettant en lisse une locomotive et trois chevaux pendant une journée entière attisent les esprits.
En France cet élan est encore timide. Seul l'ingénieur des Mines M. Moisson-Desroches présente à l'Empereur un "Mémoire sur la possibilité d'abréger les distance en sillonnant l'Empire de sept grandes voies ferrées".

Reprenant la manufacture familiale de drap et feutre sous le nom de Seguin Aîné, Marc en vient à améliorer la roue du moulin en inventant la roue à augets courbes repris par nombre d'industriels de l'époque. C'est un premier succès pour le jeune ingénieur. 
Un soir chez le docteur Duret, il rencontre l'ingénieur des Ponts & Chaussée de l'Ardèche M. Plagniol. Ce dernier s'étonne de l'immense savoir de Marc Seguin et lui demande d'étudier la possibilité de remplacer les ponts de pierre par des ponts moins coûteux.
En Angleterre et en Amérique, Marc apprend que des ponts sont construits, suspendus par des chaînes comme le sont les passerelles suspendues par des lianes, ces dernières étant remplacées par des câble. Malheureusement aucune tréfilerie ne peut fournir ces câbles que l'ingénieur remplace alors par de gros "fils de fer".
En 1823, le premier pont est lancé sur la Cance. Longue de 18 m, large d'un demi mètre, la passerelle est réservée aux piétions. Soutenue par 8 fils de fer (du n°8) avec chacun huit brins formant une flèche 0,90 m et dont quatre sont destinés à soutenir le tablier et deux servant aussi de main courante.
Fort du succès de cette construction, un deuxième ouvrage est proposé sur le Rhône entre Tain et Tournon. Le préfet accepte le projet mais au risques et périls du constructeur. Un conseil de famille se réunit et il en sort qu'un projet intermédiaire sera la construction d'un pont semblable sur la Galaure  près de Saint Vallier à cinq mètres du niveau de l'eau. La passerelle mesure trente mètres de long et sa largeur est portée à 1,60 m. Les piétons, chevaux et bêtes de somme la traverse sans aucun danger. Le coût d'un tel ouvrage est trois fois moins cher qu'un pont de pierre offrant le même service. En janvier 1824, Marc rédige un mémoire sous le titre "Des pont en fil de fer" qu'il publie et adresse à tous les ingénieurs des Ponts & Chaussées. Entre temps, l'autorisation de la construction du pont sur le Rhône arrive et Claude Bourget  participe à sa construction. Claude Bourget, paysan de son état avait été engagé par la famille Seguin et Marc en souvenir de son oncle l'instruit et lui donne de l'ouvrage. Claude Bourget deviendra le chef des travaux de Marc Seguin et son ami fidèle. On peut lire sur la plaque apposé sur une pile :

LE 12 FEVRIER 1824 ET LE PREMIER DE CHARLES X EN FRANCE MARC-FRANÇOIS SEGUIN ASSISTE DE SES CINQ FILS MARC, CAMILLE, JULES, PAUL ET CHARLES A POSE CETTE PREMIERE PIERRE FONDAMENTALE DU PONT SUR LE FLEUVE DU RHONE ENTRE TAIN ET TOURNON

Une cloche de plongée a été utilisée pour travailler à l'édification des piles à 1,50 m sous le niveau d'eau du fleuve. Marc en a dirigé les travaux. Le pont mesure 126 mètres de longueur et a trois travées. Il est inauguré le 25 août 1825, l'évêque de Valence est venu bénir l'ouvrage, le vin coule à flot et un poème est écrit à la gloire de ce nouveau pont. Rive droite et rive gauche sont réunies et le bac vit ses dernières heures. Inutile de dire que les passeurs s'insurgent contre cette innovation qui va leur retirer leur pain.

La construction d'un second pont suspendu suivra entre Serrières et Sablon puis d'autres ouvrages sous la surveillance de Claude Bourget,... Beaucaire, Feurs, Remoulin, Vienne, etc. En tout, Marc et ses frères construisirent 190 ponts en fils de fer, partout en France.
En 1847 Le pont de Tournon est remplacé par un second plus grand.
Dans son mémoire Marc Seguin  insiste sur le fait que les ponts en fer permettent de franchir des distances de plusieurs centaines de mètres sans avoir de piles à construite contrairement à ceux en pierres.

Pierre de Montgolfier papetier royal et fils du grand oncle Joseph fait des essais d'application de la vapeur aux bateaux sur la Seine, ce qui fait dire à Marc Seguin "Nous devrions naviguer ainsi d'Arles à Lyon".
En 1824, la constitution d'une société de halage sur le Rhône eut pour souscripteurs des figures comme Arago, Gay-Lussac, le baron Thénard. Des pompes à feu sont commandées en Angleterre, Marc en améliore le fonctionnement et observe l'équivalence entre la chaleur et le mouvement. Pendant ce temps, des chantiers navals se construisent sur les rives du fleuve,  deux bateaux en sortent, la Ville d'Annonay et le Voltigeur. Une fois encore, le service régulier de ces bateaux incite la colère des bateliers et Marc Seguin faillit bien périr en Saône.  La navigation à vapeur naissante fut ralentie par un terrible accident qui eut lieu à Lyon où un bateau commandé en Angleterre dont la chaudière en excès de pression accéléra l'embarcation qui ne pût être dirigée et s'écrasa sur une pile du pont de la Guillotière. La chaudière explosa et fit 23 morts. 

Malgré cet accident regrettable, l'impulsion de la navigation à vapeur sur Rhône était donnée. Claude Bourget qui continua à collaborer avec Marc Seguin fut amené à diriger une compagnie de bateaux à vapeur sur la Saône. Il participa également à la construction du pont de Vienne et l'aménagement du port de Serrières.

Si le perfectionnement de la machine à vapeur contribua au développement de la navigation elle favorisa celui de la locomotive à laquelle la famille Seguin se consacra. La famille Stephenson vient d'inaugurer son chemin de fer de Stockton à Darlington soit 50 km séparant les deux villes. 600 personnes sont "halées" sur des wagons à charbon et une unique voiture. Monsieur Stephenson, en personne est aux commandes de sa "Locomotion", qu'il a construite. 90 tonnes de convoi sont tractés par cette locomotive dont le poids est de seulement 6,5 tonnes soit l'effort de 10 chevaux.
Les frères Seguin sont admiratifs de cet exploit connu et reconnu dans toute l'Europe, exploit qui va les stimuler dans l'amélioration de la locomotive et de son application directe : le chemin de fer.

Difficile de parler des découvertes théoriques sur la vaporisation de l'eau, mais la surface de chauffe est observée comme un facteur essentiel de la vaporisation. Après Philippe de Girard, le Marquis de Jouffroy d'Abbans, Marc Seguin utilise la chaudière tubulaire, mais au lieu d'utiliser des tubes à eau plongés dans le foyer, il fait passer le feu et donc les gaz à l'intérieur des tubes (tubes à fumée) autour de la réserve d'eau. Il équipera un des bateaux de de trois chaudières pourvues chacune de 80 tubes à fumée de 4 cm de diamètre et de 3 mètres de longueur. Voulant améliorer son idée, il installe une chaudière fixe à foyer extérieur et tirage forcé par l'adjonction d'un ventilateur. Au terme de ses essais, il dépose le premier  brevet pour "la construction perfectionnée d'une chaudière à tubes creux" le 22 février 1828 (brevet enregistré sous le numéro 3744).

La vapeur se produisait en raison de la surface de chauffe, on a pensé qu'un moyen simple et tenant le moins d'espace possible était de faire une chaudière tubulaire.
Celle inventée par nous se compose donc, comme on le voit dans le dessin, d'un nombre plus ou moins grand de tubes qui sont traversés par le calorique ; et ces tubes, entourés d'eau, formant une très grande surface de chauffe.

Signé Marc Seguin

Pour ce qui concerne le chemin de fer, les frères Seguin envisagent de construire une ligne dans le même esprit que les Stephenson, reliant Lyon au bassin minier de la Loire, où l'ingénieur Antoine Beaumier établissait le ligne Saint Étienne-Andrésieux, le premier chemin de fer à traction animale. La ligne de Marc Seguin passe par Saint-Chamond, Rive-de-Gier et Givors. Le projet soumis  au comte de Villède, chef du gouvernement fait l'objet d'une association avec le savant et astronome É. Biot. La société ainsi fondée s'intitule "Seguin Frères, Édouard Biot & Compagnie". La concession est accordée en juin 1826.
Marc Seguin introduit en France le "rail", le mot et la chose. En Angleterre, Stephenson vient de terminer la ligne Liverpool- Manchester. À la différence du rail anglais, celui utilisé par les frères Seguin pèse 28 kg au mètre et sa forme à "double champignon" permet  de le retourner et de le régler en hauteur. Il est posé sur des traverses en bois. Mais avant la construction, l'ingénieur français décide de se rendre en Grande Bretagne. Il n'est pas sans voyager dans la diligence à vapeur de Griffith qui circule depuis 1821, dans les environs de Londres et visite naturellement les ateliers où les Stephenson construisent leurs locomotives. et rencontre de grands hommes comme Davy, Faraday, Henschel, etc.

Le 4 juillet 1827 le chemin de fer des Frères Seguin est réceptionné. 56 kilomètres, acquisition de 300 terrains, les coûts sont de trente fois dépassés. Et les portefaix et autres rouliers mirent des bâtons dans les roues des Frères Seguin dont le nouveau moyen de communication allait leur ôter l'usage des "chemins à ornières". Il échappa d'ailleurs de justesse à un coup de feu. 60 000 mètres cube de remblai pour obtenir de faibles pentes et des courbes de 500 m de rayon sont construits à la pelle et à la pioche. Et les montagnes à traverser. Qu'importe, l'équipe Seguin percera des tunnels.. le premier, celui de Terrenoire mesure 1500 m, puis ce sont ceux de Rive-de-Gier et de Lyon. Autant dire que ces travaux augmentèrent encore le coût de construction de la ligne, mais l'exemple des Stephenson les encouragèrent. Arrivé à la Mulatière, l'ingénieur refuse de construire un pont en fil de fer au dessus du Rhône et de la Saône prétextant que  l'usage de cette technique n'avait pas encore été suffisamment éprouvé. Prudente sagesse. Parallèlement Marc continue ses recherches en matière de chaudière tubulaire. Il publie un "Mémoire sur la navigation à vapeur".

En 1829, alors qu'en France, on ne compte que 18 km de voies ferrées, l'Angleterre en compte 167. 1829 est l'année de la compétition de Rainhill qui se déroule du 6 au 14 octobre et à laquelle quatre locomotives sont en lisse : 

Seules les trois premières étaient prêtes pour le concours, les deux autres étant là plus pour les démonstrations. La "Rocket" emporta l'épreuve, les Stephenson l'avait équipée d'une chaudière à tubes de fumée selon l'idée de Booth et l'attaque directe des essieux avec les cylindres inclinés.

Afin d'équiper la ligne St Etienne-Lyon, Marc Seguin demande à Stephenson une de ses machines. Le coût est de 550 livres pour deux locomotives expérimentales tender compris. Arrivées en France, une de ces locomotives est envoyée aux ateliers de Hallette (près d'Arras), l'autre étant envoyée sur ladite ligne. 
En 1830 l'application d'une chaudière tubulaire fait l'objet d'un second brevet déposé le 25 mars. L'engin possède un retour de flamme et deux ventilateurs accouplés. Douze machines de ce type sortiront des ateliers de Perrache. Le 31 juillet, le comte de Villède écrit à Marc Seguin

"...la belle entreprise [...] conduite au milieu de tant de traverses et de difficultés. Ces obstacles ne doivent point vous décourager. J'oserai vous dire au contraire qu'ils prouvent vos talents et votre supériorité".

Ce à quoi Marc Seguin lui rétorque :

"Hélas excellence, j'ai moins de mérite que vous en avez eu vous-même, en me faisant prendre au sérieux".

Monsieur Figuier, grand voyageur et chroniqueur de l'époque nous donne que ce que d'aucun croit être un chemin de fer, mais qui diffère passablement de la représentation que l'on peut s'en faire, mais lisons ce qu'écrit Louis Figuier :

"Les voitures étaient de simples diligences, c'est à dire des boîtes de sapin, trop basses, trop courtes, sans lumière et sans air... elles étaient traînées par des moteurs qui changeaient selon la disposition des lieux. Elles étaient remorquées au moyen de cordes s'enroulant sur des poulies, par des machines fixes distribuées sur le parcours de la voie quand il s'agissait de remonter une forte rampe... le voyageur ne pouvait s'empêcher de frémir en songeant que sa vie était littéralement suspendue au bout de cette corde ; par des chevaux attelés en tête du convoi si la rampe était modérée, par de véritables locomotives, lorsque la route était de niveau, enfin par leur propre poids dans les descentes continues... quelquefois le poids du train descendant était utilisé pour hisser le train ascendant... on voit donc que rien n'était plus pittoresque qu'un voyage sur le chemin de fer conçu par Seguin aîné"

Le chemin de fer que nous connaissons à bien changé. Entre 1832 et 1836, il aura transporté 170 000 voyageurs. En 1836, alors que le chemin de fer est entré dans les mœurs des français, le roi Louis-Philippe décerne la Croix de Chevaliers de la Légion d'honneur à Marc Seguin. Depuis lors il est considéré comme le "père" du chemin de fer en France.
Un an plus tard, c'est l'inauguration de la ligne Paris-Saint Germain par la Reine Marie Amélie et c'est un immense succès populaire mais ceci est une autre aventure.
Quelques manques de discernement de la part de Messieurs 

Le décès d'Augustine plonge Marc dans un chagrin infini. Qu'importe le chemin de fer et la vapeur. Il restera de cette union treize enfants huit garçons et cinq filles dont six décédés en bas-âge. C'est à cette époque qu'il quitte Annonay pour la Bourgogne.

Élie de Montgolfier, de peu son aîné, et qui avait partagé sa vie d'écolier à Talencieux avait été appelé à diriger les papeteries familiales de Vidalon, Leysse et Rives. A la suite du malheur de Marc, il lui proposa de le suivre en Bourgogne à Fontenay, près de Montbard où il possède une papeterie et de vastes bâtiments installés ans une ancienne abbaye vidée par la Révolution. C'est dans cette papeterie qu'il inventa le papier buvard. Impressionné par le cadre de cette ancienne abbaye, Marc Seguin reprend vie et épouse en seconde noce Augustine-Marie une des filles d'Élie. A la vie industrieuse se substitue celle du bonheur familial, celle de la sérénité de l'harmonie.

Il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1836.

En 1839, le chemin de fer roule entre Alès et Beaucaire, entre Montpellier et Cette. C'est à cette époque que Mac Seguin publie un mémoire intitulé : "De l'influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et les construire". L'ingénieur a des vues de génie civil, aspect qu'on lui connaît moins "Il serait insensé de ne pas espérer des chemins de fer, pour l'avenir, des avantages beaucoup plus grands que l'on obtient aujourd'hui". Et encore d'ajouter avec modestie " Je sais que traitant d'une industrie née d'hier, où le progrès de la veille est toujours effacé par le progrès du lendemain, les observations et les idées qu'il contient ne tarderont pas à être dépassées ; mais loin de reculer devant une telle prévision je l'ai acceptée avec espoir : mon plus vif désir est de voir bientôt ces pages abandonnées par les pratiques, comme arriérées, et reléguées au fond des bibliothèques que comme documents pouvant tout au plus servir à l'histoire [...] l'industrie est devenue la vie des peuples? C'est donc à son développement que doivent tendre tous les vœux, tous les talents, toutes les intelligences : c'est autour de ce puissant levier que doivent se réunir les esprits supérieurs, qui aspirent à l'honneur de concourir à notre régénération sociale". 
C'est Marc Seguin qui a donné cette impulsion qui vit encore aujourd'hui.

En 1844 ses locomotives relient Saint Etienne à Lyon en 2 heures et 35 minutes y compris les arrêts. Les diligences et autres attelages sont abandonnés petit à petit. Il est sollicité pour finir la construction du viaduc de Meudon et en 1845 sa candidature est présentée à l'Institut par Arago et soutenue par des savants, mais il préfère être membre correspondant.

A partir de cette période Marc Seguin réfléchit, philosophe et consigne ses pensées dans différents ouvrages. Il est attiré par l'astronomie et la rigueur qu'elle implique, la passage des comètes y est sûrement pour quelque chose. Il est hanté aussi par la navigation aérienne à laquelle Joseph s'est intéressé c'est aussi une manière de lui témoigner sa fidélité. "Le célèbre Montgolfier, membre de l'Institut, fut le premier frappé de l'absurdité des doctrines régnantes dans les sciences classiques [...] il proclama bien haut, dès l'année 1880, ces vérités fondamentales que le mouvement  ne peut pas être plus anéanti que créé, que la force et le calorique sont des manifestations, sous des formes différentes, des effets d'une seule et même cause [...] neveu et élève de Montgolfier, je me suis voué dès ma plus tendre jeunesse, au développement et à la propagation des idées : elles sont pour moi essentiellement vraies" [...] son esprit était si droit, qu'il ne dépendait pas de lui de s'assimiler quoi que ce soit de contraire à la vérité ou à la saine raison".

Puis continue la vie, en 1841 naît son fils Augustin, (le premier du second mariage) qui fut l'inventeur des moteurs rotatifs Gnôme, ce sont les début de l'aviation civile, ces moteurs sont détendeurs de record mondiaux, puis c'est la mort de son premier beau-père le bon docteur Duret. En 1846 c'est leur mère qui meurt à Soixante-dix-neuf ans. Deux ans plus tard, il rachète le domaine de Fontenay et fait restaurer l'abbaye et son cloître.
En 1852 il fonde la revue Le Cosmos. Son frère Camille décède, puis l'année suivante son frère Charles, puis Mathilde en 1853.

Le savant avait la foi, élevé dans la foi il ne l'a jamais perdue. Cette foi n'était pas incompatible avec la science. "La science et la Foi sont deux ailes puissantes dont l'homme dispose pour s'élever au but suprême de l'idéal".

Il rachète la papeterie de Vidalon qui prend le nom de "Société Canson et Montgolfier" où fut mis au point un papier spécial pour le dessin et dont le nom perdure encore de nos jours. Il en confie la direction à son gendre Laurent de Montgolfier.

En 1860 il publie le Cours élémentaire de sciences physique et mathématiques puis L'annuaire du Cosmos qui complète la revue qu'il avait créée et dont la publication dura 14 ans.

Il est nommé Officier de la Légion d'Honneur en 1866, par M. Duruy, alors Ministre de l'Instruction publique.

A soixante-douze ans il entame sa seconde retraite, il part pour Varagnes, l'ancienne propriété de la famille maternelle de Marc Seguin. Il la rachète à son propriétaire et lui redonne une nouvelle jeunesse en y installant un laboratoire de physique et de chimie, une bibliothèque, une forge, une menuiserie, un atelier de peinture, une serre et aussi un observatoire astronomique.

Il meurt en 1875, sous la IIIe République, à l'âge de 89 ans.

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MARC SEGUIN
(d'après la maquette de GUILLAUME

" L'industrie est devenue la vie des peuples "
MARC SEGUIN

Sources : 
  • Les Riches Heures de MARC SEGUIN
    Georges Renaudié et Michel Faure - Les Compagnons du Livre - ANNONAY - 1975
  • Articles de La Vie du Rail 
    • n°452 du 20/06/1954
    • n°634 du 16/02/1958 
    • n°2766 du 11/10/2000
 

 

Sites à visiter :

 

Reconstitution de la locomotive de Marc Seguin par l'ARPPI.

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