Le carnet du CFC
Souvenirs
ferroviaires - Chapitre 6 - Années 1960 - 1965
Jean-Pierre Charlier
En juillet 1960, je pars cette fois au Pouliguen (44) et c’est à nouveau par la gare Montparnasse que je m’éloigne de Paris en direction du Mans, 2D2 5400 en tête. Du Mans jusqu’à Nantes c’est sans doute une 141 P qui prit la relève. En gare de Nantes j’ai eu la chance d’assister à un spectacle étonnant. De l’autre côté du quai où stationnait notre convoi, un train d’une autre époque était en instance de départ (ou bien venait-il d‘arriver ?), avec en tête une magnifique 030 C, machine d‘aspect vieillot avec sa haute cheminée et son énorme dôme de prise de vapeur (machines construites en 1867 pour les plus vieilles d’entre elles). En parfait état de propreté, elle était attelée à un fourgon au moins aussi vieux qu’elle. Dans ce fourgon, des hommes d’équipes chargeaient (ou déchargeaient ?) des casiers de volailles caquetantes. Derrière le fourgon, quelques voitures d’omnibus. Cette scène était un véritable anachronisme. Quelle pouvait être la destination ou la provenance de ce train, quelle ligne pouvait-il desservir ?
Mon
train repartait de Nantes en direction du Croisic, avec cette fois une 3 - 231 D
(à ne pas confondre avec la
5 - 231 D rencontrée à Langogne). Ces 231 D, avec
les 231 G (machines ex-Etat) ont assuré le service voyageur sur cette ligne
jusqu’en septembre 1968. Autre rencontre d’importance faite ce jour là, en
passant devant les installations pétrolières de Donges : une diesel 060 DB.
Ces machines étaient destinées à éliminer la vapeur dans ce secteur de l’Ouest.
Basées à La Rochelle elles écoulaient le trafic entre Nantes et Bordeaux et
La Rochelle et Poitiers. Ce furent les premières diesels de lignes pour
services voyageurs. C’est au cours de ce voyage que j’ai vu (à Angers ou à
Nantes) un autorail X 2800 de couleur vert clair et crème. Sept de ces
autorails en version première classe reçurent cette couleur.
Au retour de ces vacances, en gare d’Angers j’ai vu une file de machines garées froides. Il s’agissait de 3 - 230 K (comme celle vu à Paimpol en 1957). Ces locos devaient être garées là, en attente de restitution à leur région d’origine (le Sud-Ouest), la région Ouest n’en ayant plus l’utilité. De ce fait elles redevinrent 4 - 230 G.
En septembre 1960, nous avons passé une journée du côté de Rouen, à Clères avec la « quatre chevaux » blanche de mon frère… Alors que nous longions une voie en remblai, un train nous a dépassés. C’était une rame de voitures omnibus à deux essieux genre « Ouest métallisée » avec en tête une 230. Et une fois de plus le doute et le mystère s’installent. A cette époque toutes les anciennes 230 de l’Ouest étaient réformées. J’ai longtemps cherché et ce n’est que récemment qu’une idée m’est venue. Et si ce train était un omnibus de la ligne Amiens - Rouen. Dans ce cas cela aurait pu être une 230 A du Nord, une des dernières en service au dépôt de Longueau (à côté d’Amiens). Une certitude, ce n’était pas une 230 D, immédiatement reconnaissable.
Les années scolaires 1960-61 et 1961-62 (jusqu’à Pâques pour cette dernière) se sont déroulées à Saint-Denis. Donc chaque jour j’effectuais le trajet aller-retour d’Enghien à Saint-Denis, et cela m’a bien sûr permis de faire de belles observations. Le samedi après-midi l’attente de notre train de retour était un peu plus longue, mais on avait droit au passage d’un train se dirigeant vers la province en tête duquel se trouvait une 231 K suivi du caractéristique petit fourgon Nord puis deux ou trois voiture Nord de première classe, dites Torpillles le reste de la rame étant constitué de voitures à portières latérales dites B11 (B, signifiant deuxième classe, 11, disposant de 11 compartiments), enfin, encore un fourgon identique. Cet ensemble était très agréable à regarder passer. Je reparlerai de ces B11 un peu plus loin. Pendant ce temps, il arrivait que sur la voie située à l’extrême gauche de la gare (direction province), une 040 DE s’active sur une longue rame de wagons de marchandises, tirant, poussant en de mystérieuses et interminables manœuvres. On avait droit aussi, régulièrement au passage d’une 050 TQ en provenance du dépôt des Joncherolles (fief des 141 TC). Elle se rendait sans doute à Paris-Nord (toujours en marche arrière) pour y assurer la mise à quai ou le retrait des rames grandes lignes. C’est à cette occasion que j’ai revu une 242 TA. Elégante machine à l’échappement discret, comparé à celui des 141 TC. Ces machines d’origine PLM étaient attachées au dépôt de Mitry, et elles assuraient le service banlieue sur l’itinéraire de la ligne de Soissons jusqu’à Dammartin-en-Goële (77). Pour quelles raisons venaient-elles parfois s’immiscer dans le service des 141 TC ? En semaine on avait droit au passage d’une belle rame de voiture inox, BB 16000 en tête et avec en queue toujours un fourgon à bogies d’une curieuse mais jolie couleur bleu-vert turquoise. Puis, d’un train de messagerie en provenance de Boulogne (62), le « Fish Express », formé de wagons frigo STEF et d’un wagon avec remorque rail-route placé toujours derrière la loco, et pas n’importe quelle loco : la CC 10002, prototype obtenu à partir de la BB 16655 (ou 555 selon les sources !) rallongée et reposant sur des bogies servant à tester ceux qui équiperont les CC 40101 à 110, Les essais terminés cette loco redeviendra la BB 16655 (ou 555) qu’elle était. Ces deux convois se dirigeaient vers Paris. Dans l’autre sens on pouvait voir une rame RGP1 X 2771 à 81 (RGP : Rames Grands Parcours), autorails pour le service TEE (Trans Europ Express) ou bien une rame dite « Hollando-Suisse ». Ces dernières se composent d’un élément moteur, véritable locomotive diesel, et de trois voitures remorques dont la dernière possède un poste de conduite surélevé semblable à celui de la motrice. Parfois, c’était une rame allemande dite « VT 11 ». Elles assuraient aussi un service TEE vers le nord de l’Europe (ces trois types de rames étaient de couleurs grenat et crème). A la rentrée de septembre 1961, on pouvait assister au passage remarquable de la magnifique 232 U 1. Comme nous descendions de notre train de banlieue, le matin, cette machine traversait la gare de Saint-Denis, alors qu’elle était en accélération depuis Paris, en tête de son train qu’elle conduisait à la frontière Belge. Hélas le spectacle devait être de courte durée, car nous assistions là, à ses derniers tours de roues. En effet, les trois dernières Hudson du Nord allaient cesser tous services le 30 septembre 1961 (232 R 1, 232 S 1, 232 U 1). Elles quitteront ensemble le dépôt de La Chapelle le 9 octobre pour rejoindre Hirson (02) où elles seront ferraillées, sauf la 232 U 1 qui sera préservée afin de figurer au musée de Mulhouse.
À l’été 1961, retour à Bagnoles-de-l’Orne, Depuis 1953, quelques changements dans le monde ferroviaire. Au départ de Paris, toujours fidèle, une 141 P me conduit jusqu’à Argentan, où une autre 141P mènera le convoi jusqu’à Granvillle. En passant devant le dépôt d’Argentan, je me souviens d’une 141 C en cours de révision dont l’essieu moteur était déposé, transformant provisoirement cette machine en 131. A Briouze, finie la loco vapeur si chère à ma petite enfance. C’est une diesel 040 DE qui vient se mettre en tête de nos quatre voitures. A cette époque, il n’y a plus le marchandises-voyageurs du matin. Il y a cependant toujours un service marchandises bien modeste entre la Ferté-Macé et Bagnoles. Je revois dans cette gare quelques wagons tombereaux dans lesquels étaient chargés manuellement des rondins de bois, une fois aussi un wagon frigorifique STEF. La loco repartait d’ailleurs souvent de Bagnoles avec pour seul véhicule le fourgon d’accompagnement. J’ai appris récemment que, par contre à la Ferté-Macé, le trafic était beaucoup plus conséquent. Arrivages de wagons frigo STEF en provenance du Cantal pour desservir une crémerie (fabriquait-on du beurre normand avec du lait cantalien ?…). Une usine de peinture était aussi embranchée dans ce secteur. De cette période je n’ai guère d’autres souvenirs, si ce n’ai celui du passage du train de Paris, vers 13 heures, et le klaxon du diesel, remplaçant le sifflet de la loco vapeur au franchissement du passage à niveau non gardé de l’Épinette.
En avril 1962, une première pour moi. Pour la première fois, je prends le train à la gare de l’Est. Nous nous rendons pour quelques jours à Strasbourg. En attendant l’heure du départ, je me suis rendu au bout du quai pour voir la loco. Il y avait au bout de ce quai deux trains en instance de départ, avec à leur tête, chacun une 231 K ex-PLM. L’un de ces trains devait partir quelques minutes avant le nôtre et apparemment le signal de départ tardait à s’ouvrir. Le mécanicien manifestait des signes d’impatience et, comme pour me prendre à témoin, me montrait la pendule au bout du quai. La soupape de sûreté qui, elle aussi frémissait depuis un moment ne put se contenir plus longtemps et dans un fracas de tonnerre libéra brusquement dans l‘atmosphère de précieux kilos de vapeur que mécanicien et chauffeur avaient savamment préparés pour la traction du train. Le mécanicien levant les bras au ciel semblait encore me prendre à témoin de ce gaspillage d’énergie perdue, car c‘est bien cela qu‘il redoutait et le rendait nerveux. Enfin quelques instants plus tard ce convoi s’ébranla tandis que je regagnais mon compartiment. Notre train, lui, partit à l’heure, quelques minutes après.
La fin de la vapeur était proche sur cet itinéraire. La caténaire en partant de Strasbourg se rapprochait de la capitale et au service d’été suivant l’intégralité de la ligne sera sous tension. Le relais traction s’effectuait à Château-Thierry. A partir de cette gare c’est une BB 16000 qui nous conduisait à notre terminus. Durant ce séjour nous nous sommes rendus du côté d’Hausbergen, dépôt important de la région Est, mais qui à cette époque était en déclin concernant la vapeur. D’ailleurs on pouvait voir une grande quantité de machines réformées rouillant sur des voies de garages, avec notamment une majorité de 040 D, d’après les silhouettes que j’apercevais. Du haut du grand pont qui enjambait les voies à cet endroit, j’ai eu l’occasion de photographier quelques trains (photos médiocres en noir et blanc, mais que j’ai toujours). On peut y voir une BB 12000 ou 13000 haut-le-pied, une BB 16000 en tête d’un express, une 242 TA en tête d’un train de banlieue (une des dernières pensionnaires du dépôt d’Hausbergen, elles seront réformées fin 68), et une rame diesel dite « Hollando-Suisse » (comme celles passant à Saint-Denis). Derrière le dépôt déjà reconverti à la traction électrique, j’ai photographié une jeune BB 16500 (à l’heure où j’écris ces lignes elles doivent être toutes réformées).
Le voyage retour s’effectua par Metz. Dans cette ville on retrouvait mon beau-frère qui nous ramenait en voiture (Peugeot 403) à Enghien. En gare de Strasbourg notre train est arrivé avec une rareté en tête. Contrairement aux apparences ce n’était pas une BB 16000 mais une de ces quatre machines restées sans suite, les BB 20101 à 104 (machines bi-fréquences), affectées toute leur carrière au dépôt de Strasbourg. Peu après Metz j’ai encore eu l’occasion de voir deux spectacles brefs mais intéressants. Du haut d’un pont j’ai brièvement aperçu une loco stationnant en gare avec un train omnibus dont la soupape crachait là aussi sa vapeur (peut-être une 230 F, vision très fugitive). Un peu plus tard sur une voie en remblai, une 040 D dans un état pitoyable de rouille et de crasse, en tête d’un court train de marchandise.
Je vais placer ici une suite de souvenirs que j’ai du mal à situer avec précision dans le temps. Par contre ils concernent tous la ligne Paris-Nord - Compiègne. Ils doivent couvrir approximativement la période 1958-65. A cette époque mon frère et ma belle-sœur habitaient au nord de Compiègne. A plusieurs reprises on s’est rendu là-bas avec la « quatre chevaux » de mon frère ainé. A Verberie, le passage à niveau se fermait parfois pour laisser passer un train de marchandises avec chaque fois à sa tête une 141 R. Je n’ai jamais eu la chance d’y voir une 150 P, elles fréquentaient pourtant cette ligne à cette époque. A partir de Compiègne nous longions la voie ferrée. En passant derrière la gare j’apercevais souvent et toujours au même endroit, un locotracteur Y 50100 (engin d’origine allemande, avec trois essieux moteurs réunis par une bielle elle-même entraînée par un faux-essieu). Plus loin, il était fréquent de voir un train de marchandises, 141 R en tête, arrêté à un feu protégeant l’entrée en gare. J’ai vu quelque fois des trains de voyageurs, chaque fois tirés par des pacifics ex-PLM (231 G ou K), mais jamais par une 231 C ou 231 E.
Une fois nous étions à la pêche dans un étang (étang du Buissonet) au bout duquel passait la ligne Compiègne - Soissons. J’ai eu la chance de voir un train de marchandises se dirigeant vers Compiègne, emmené par une 040 D. Puisque je parle de pêche, cela me rappelle un grand moment de bonheur où il sera encore question de 040 D. La scène a lieu pendant les vacances de Pâques. Par un bel après-midi de printemps, en partant au travail, mon frère m’avait laissé le long du canal pour une partie de pêche. La voie ferrée se situait au-delà du canal et une 040 D effectuait quelques navettes entre Compiègne et sans doute Noyon, passant tantôt haut-le-pied ou avec quelques wagons, effectuant d’obscures manœuvres. Ce spectacle était déjà réjouissant mais le clou de la journée pourra sembler étrange au lecteur, car il s’agissait en faite d’un bruit. Celui émis, non pas par une loco à vapeur, mais par une péniche, tout d’abord invisible, le canal devant effectuer une légère courbe à cet endroit, mais le vent portant sans doute dans la bonne direction, me fit longuement profiter du bruit que faisait le moteur diesel de cette péniche, que je finis par apercevoir. Elle passa paisiblement devant moi puis s’éloigna de son train de sénateur. Ce bruit, bien sûr, je ne peux pas le décrire. Une sorte de clang , clang, clang régulier et « majestueux » qui emplissait l’air ambiant et apportait sa part de sérénité à l’instant présent. De poissons, point d’attrapés, mais ce fut un grand moment d’un bonheur simple et inoubliable.
Le souvenir suivant à une fois de plus rapport avec la pêche. Cette fois nous étions au bord de l’Oise et la voie passait juste derrière nous. J’entendis tout d’abord un grondement sourd dans le lointain et qui allait en s’amplifiant. La voie étant en courbe et en surplomb, je vis soudainement au-dessus de nous, arriver la splendide 232 U 1, en tête, sans doute du « Scandinavie-Paris-Express », long train formé de voitures d’origines diverses, françaises, allemandes, et même une voiture russe récupérée sans doute au passage de ce convoi en Allemagne. Cette machine ramenant ce train à Paris, depuis la frontière belge, à Jeumont je crois. Une fois encore, le manque de poissons fut compensé par cette magnifique apparition.
Au retour d’un week-end de 1er mai, mon père et moi prenions le train en gare de Compiègne. Il y avait foule sur le quai. Le train entre en gare, remorqué par une superbe 231 K parfaitement entretenue. Mais hélas ce train était formé de voitures B11 qui étaient déjà remplies de voyageurs. Il a donc fallu se compresser à l’intérieur et ce retour fut un supplice.
Une autre fois, toujours pour un retour, ma sœur et moi prenions le train à la gare de Thourotte (quelques kilomètres avant Compiègne). C’est un autorail X 3800 (Picasso) qui nous conduisit en gare de Compiègne. Dans l’avant gare j’ai eu la chance de voir une petite mais énergique 040 TG (locomotive de manœuvre) qui s’échinait en tête d’une longue rame marchandises, crachant un magnifique panache de fumée. Je ne me souviens plus du train que l’on a pris en gare de Compiègne. La ligne étant peut-être déjà électrifiée c’est sans doute une BB16500 qui nous a ramenés à Paris, dans une rame constituée de remorques de futures automotrices Z 6100. Les motrices de ces rames n’étant pas encore toutes livrées, pendant un certain temps, elles furent utilisées en rames réversibles avec une voiture pilote à une extrémité et une BB 16500 pour tracter ou pousser l’ensemble. Ces Z 6100 sont en cours de réforme (les banlieusards les surnomment « les petits gris »).
C’était pendant les vacances de Noël 1960 je pense, et pour nous rendre vers Compiègne, avec cette fois la « Dauphine » de mon frère, nous avons effectués un détour par les étangs « de la Reine Blanche » . Nous étions garés vers le viaduc de Commelles sur lequel j’ai vu passé différents convois. C’était l’heureuse période où se côtoyaient vapeur et électricité. Passage d’une 230 D avec voitures « Talbot » en direction de Creil, puis d’une des deux BB 12000 avec un train express (les 12113 et 043, affectées quelques temps au dépôt de La Chapelle) et un autre convoi rentrant sur Paris avec une Pacific ex-PLM 231 G ou K.
Pour en finir avec les souvenirs de ce secteur, cette fois je peux situer la date, juin 1965. Je pars pour Compiègne par un autorail omnibus (l’accès au train express m’ayant été refusé, car pour se rendre à Compiègne par ce train, il fallait impérativement un billet de 1re classe !…). C’est donc dans un Picasso que je fis ce trajet. En gare de Creil, notre autorail stationne juste à côté d’une 230 D magnifiquement entretenue. Mais le clou du voyage, ce fut en gare de Compiègne. En descendant de l‘autorail, le long d’un autre quai, stationnait une superbe 231 C (machine d‘origine Nord dite Super-Pacific). A cette date elle n’allait pas tarder à disparaître elle aussi. Bien que proche de la réforme cette loco était une fois de plus, comme ce fut toujours le cas sur le Nord, dans un état irréprochable d’entretien.
Ayant acquis récemment le livre Les dépôts vapeurs du Nord, je viens à l’instant de le consulter afin de savoir exactement la date de radiation des 231 C. Et là, nouvelle stupéfaction. Serai-je voué à me spécialiser dans les « locomotives fantômes » ? Pas de date précise, mais les 231 C Nord auraient été réformées au début des années soixante. Hors juin 1965, ce n’est pas le début, mais le milieu des années soixante. Et voilà qu’on me refait le coup de la 231 D de Langogne ou de la 241 P 7 de Nevers !… (Je n’ai pas rêvé cette fois là non plus, et j’en ai encore un souvenir très précis. Je la revois aussi nettement que je vois mon écran d’ordinateur en ce moment…)
En juillet 1962, ma sœur et moi avons passé huit ou quinze jours de vacances à Perros (22). Le voyage aller s’est effectué de nuit et je me souviens d’un long arrêt en gare du Mans. Un train de bestiaux avec en tête une 141 R, en partance pour les abattoirs de Paris, était stationné à côté du nôtre. Les pauvres vaches sentant peut-être leur mort prochaine, meuglaient de concert, pour le plus grand désagrément des passagers que nous étions… A part ce petit détail, pas de souvenirs marquants de ce voyage aller, mais lors du retour, je me suis de nouveau trouvé confronté au même cas qu’à Paimpol en 1957, devant la 230 K. Lors du retour, à Lannion, avant de prendre notre train, ayant un peu de temps devant nous, je me revois devant le passage à niveau situé juste à la sortie de la gare. Par chance un train avec des voitures d’omnibus démarrait avec en tête une loco-tender, sur la traverse avant de laquelle était écrit 141 TC. Et une fois encore je me trouvais devant une 141 TC qui ne ressemblait en rien à nos 141 TC du Nord. Même dilemme qu’en 1957, car à l’époque j’ignorais toujours l’importance du numéro de région. En effet je me trouvais devant une 3 - 141 TC 1 à 20 (Ouest) et non pas devant une habituelle 2 - 141 TC 1 à 72 (Nord). Hormis cet évènement marquant je n’ai pas d’autres souvenirs de ce voyage, mais je voudrais signaler ici que dans le secteur de la gare Montparnasse on voyait aussi de nombreuses automotrices dites « Budd » Z 3701 à 20 en acier inox. Elles ne m’ont jamais plu, car en ce temps là, tout comme les 2D2 5400, elles avaient un phare unique central et pas de tampons, étant équipées d’un attelage automatique. Ces rames assuraient le service banlieue au départ de cette gare.
Toujours au début des années soixante, un jour nous nous sommes retrouvé en gare Saint-Lazare pour y rejoindre notre oncle et des amis afin de passer la journée dans la banlieue ouest, peut-être Chaville. On avait pique-niqué dans un bois… Le seul intérêt de cette journée, c’est d’être passé devant le dépôt des Batignolles. J’ai dû apercevoir quantité de Pacific Ouest, 231 D et G, mais aussi des 141 TC et TD pour la traction des trains de banlieue. Hélas, nous étions dans une de ces automotrices que j’ai toujours méprisées, car me faisant d’avantage pensé à un métro en pleine air plutôt qu’à un train digne de ce nom… Alimentées par un frotteur sur un troisième rail en 750 volts, comme les métros, elles en avaient aussi la silhouette, sorte de parallélépipède à roulettes, ces engins sans aucun charme à mes yeux, n’ont jamais retenu mon attention. C’étaient les Z 1300, 1400, 1500, trois séries d’apparence extérieure similaire, dites « Rame Standard ».
Il me faut préciser ici qu’à partir du 1er janvier 1962, la SNCF modifie la numérotation des engins diesel. Les 040 DE devinrent BB 63000, les 060 DA, CC 64000 puis 65500, les 060 DB, CC 65000 et les 040 DA (j’avais précisé que c’était de fausses 040...) prirent le curieux numéro de A1A-A1A 62000. Leurs bogies comportant trois essieux, mais seul les deux extrêmes étant moteurs. Celui du milieu n’étant que porteur.
En juin 1963, c’est encore à Perros que l’on passa nos vacances, mais cette fois pas d’anecdotes particulières. Cependant les trains devaient être direct Paris-Montparnasse - Lannion, car la correspondance en gare de Plouaret n’avait plus lieu, comme en 1957.
En juin 1964, nous nous rendons à Argelès-sur-Mer (64), et je réalise que c’est la dernière fois que je prends le train pour partir en vacances. Bien sûr j’aurais encore l’occasion d’emprunter des trains de grandes lignes, mais plus jamais pour les vacances d’été. Nous partions donc de la gare d’Austerlitz, dans un train de nuit. C’était la première fois que je voyageais dans un train couchettes. J’étais sur celle du haut, il faisait une chaleur torride, mais cela ne m’a pas empêché de dormir car je ne me suis réveillé qu’au départ de Narbonne pour m’apercevoir que nous étions remorqué par une 141 R fuel. La première partie du trajet devant être assuré par une BB 9200 voire une 2D2 5500. Sur cette ligne les 141 R avaient le monopole de la traction. Les autorails Picasso assuraient le service omnibus. On pouvait aussi y voir des RGP1 vertes X 2700. Je n’ai pas d’autres souvenirs marquants de cette période. Le retour s’étant effectué lui aussi en train de nuit, je n’ai pas eu la possibilité d’observer ni le paysage, ni l’environnement ferroviaire durant ce long parcours.
...de l'autre côté du quai, stationnait un train d'une autre époque avec une magnifique 030 C, machine d'aspect vieillot avec sa haute cheminée et son énorme dôme de prise de vapeur (machines construites en 1867 pour les plus vielles d'entre elles...
...C'est au cours de ce voyage que j'ai vu une autorail X2800 de couleur vert clair et crème. Seul sept de ces autorails en version première classe reçurent cette couleur...
Photo
Yves Broncard
X 2800 (sans lieu ni date).
...Le train repartait de Nantes en direction du Croisic, avec cette fois une 231 D...
Photo
Pierre Marie
Été 1966, une 231 D dans les marais salants, vers le
Pouliguen (44).
...Autre rencontre d'importance faite ce jour là, en passant
devant les installations pétrolières de Donges : Une diesel 060 DB...
Photo
Yves Broncard
En juin 1957, une des premières circulation de la 060 DB 4,
en gare de Clisson (44) sur un express Bordeaux—Nantes.
... un train se dirigeant vers la province en tête duquel de
trouvait une 231 K...
Photo
Yves Broncard
231 K ( ex-PLM) et voitures Nord type B11, dans les plaines
picardes, en 1958.
... on avait droite au passage d'une 050 TQ, en provenance du
dépôt des Joncherolles...
Photo
Jacques Renaud
La 050 TQ 19(sans lieu ni date).
... c'est à cette occasion que j'ai vu une 242 TA, élégante machine à l'échappement discret...
Photo
Jacques Renaud
... on pouvait assister au passage remarquable de la 232 U 1,
en accélération depuis Paris...
Photo
Marc
Dahlström
La 232 U 1 en tête du "Scandinavie-Express", en
juillet 1961.
... dans l'autre sens on pouvait voir une rame TEE ( Trans
Europe Express)...
Photo
Marcel
Aubert
La rame française : RGP X 2771 à 2781, vue ici en unité
multiple à Saint-Germain-des-Fossés (03), assurant une relation "Océan—Genève"
en septembre 1971.
Photo
Yves Brocard
Photo
Yves
Brocard
La
rame allemande, près de Chantilly (60), en 1959.
...
je me trouvais devant une 141 TC qui ne ressemblait en rien à nos 141 TC du
Nord...
Photo
Félix
Felino
La 141 TC 17 ( rencontrée en gare de Lannion (22) (sans lieu ni
date).
Photo
Maurice
Vilain
La 141 TC 22 (Nord) au dépôt de Beaumont (95).
Les trois types de 141 TC de la SNCF
Ancienne compagnie de l'Est : 1 - 141 TC 710 à 742
Ancienne compagnie du Nord : 2 - 141 TC 1 à 72
Ancienne compagnie de l'État : 3 - 141 TC 1 à 20