L'Association

Quand le CFC rencontre le CFC

Texte et photos Michel DUBUIS

Ce n'était pas une farce de premier avril, et j'ai bien rencontré le CFC ledit jour de 1991, au Creusot, en Saône et Loire, où j'ai eu le plaisir de constater la naissance d'un nouveau "touristique" en voie de 60.

Avant tout, deux mots d'histoire : l'amateur ferroviaire n'ignore pas le rôle capital joué par la dynastie Schneider et Cie dans la construction de locomotives à vapeur pendant plus d'un siècle, les dernières séries construites étant les superbes 241P dont heureusement un exemplaire est conservé par la ville du Creusot, exemplaire que nous devrions en principe voir circuler ces prochaines années sur les lignes de Bourgogne.

La construction de ces machines avait lieu sur le si te du Creusot, petite bourgade paysanne à l'origine, qui allait devenir un véritable empire industriel par la découverte au début du XIXème siècle de gisements importants de houille, exploités tant à ciel ouvert qu'en galeries souterraines. Ceci favorisa l'implantation sur place de hauts-fourneaux, condition essentielle pour une production sidérurgique importante.
Les résidus des hauts-fourneaux, en grande quantité : scories, cendres, crasses devaient être évacués, ainsi que les déchets provenant de l'usine. Pour ce faire, il fut construit une ligne à voie normale, destinée uniquement à ce trafic, et que l'on appelait "le petit train de la Combe". Le "tacot", comme disaient les Creusotins d'alors, acheminait ces déblais à quelques kilomètres, sur le site des Crouillots, en pleine nature.
Ce chemin de fer cessa son exploitation dans les années 50. C'était une ligne au profil difficile, toujours en rampe, avec un tunnel en courbe et un rebroussement.
Lorsque tout eut disparu, hormis la mémoire qui accumule sans détruire jamais, un groupe de bénévoles "qui se souvenaient" décida en 1988 de faire revivre le "tacot", avec les encouragements très positifs de la Municipalité et l'aide de quelques industries creusotines.
Il fut donc décidé d'implanter sur la plate-forme encore existante -afin de répondre à une nécessité dl attraction touristique- une ligne en voie de 60 de 2,5 km. Le "Chemin de Fer des Combes" était né, ou si vous préférez, le... CFC !

Lorsque vous arrivez au Creusot, que vous suivez la direction "la Combe des Mineurs", vous aboutissez au lieu-dit "La Combe", point de départ du CFC Vous serez étonné d' y découvrir la reproduction d'une gare CFD de la belle époque des "tacots", avec les aménagements adéquats pour le voyageur.

Si vous passez sur le quai 1 ou 2, un convoi formé généralement de 3 baladeuses de 12 places chacune, montées sur bogies freinés (équipement à air), vous attend. En tête de ce convoi, au gabarit de 1,20 mètre, un locotracteur Decauville (de mine) ou Berry, re-carrossé avec goût, en parfait état de marche.
Vous voilà parti pour un voyage de 50 minutes sur une ligne de 5 km aller-retour, équipée en rail Vignole de récupération, allant de 40 à 50 kg/mètre ! C'est un peu gros, mais de nos jours on fait avec ce que l'on trouve. D'ailIeurs, il faut donner un sacré coup de chapeau à l'équipe CFC qui a entièrement posé la voie, très bien ballastée sur traverses bois.
Après avoir quitté la gare par une courbe, nous découvrons le dépôt avec ses 4 voies, aménagé avec un maximum de confort pour le travail. En longeant la colline du Gros Chaillot, la ligne serpente dans une très belle nature en surplombant la campagne vallonnée. Après le passage de l'authentique tunnel à entrée ogivale (150 mètres de long en courbe), nous sommes en tranchée, puis celle-ci fait place à une aire de pique-nique très ombragée. A ce niveau, la voie longe un superbe belvédère. La ligne descend toujours (rampe de 17 pour 1000 depuis le dépôt, se faufile en sous bois accidenté, pour arriver à une seconde aire de pique-nique où est implanté l'évitement (point de croisement). La ligne passe ensuite un pont métallique pour arriver au terminus dit "Les Roches", dans un site curieux où apparaissent des failles géologiques laissant deviner la présence de la houille.

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Après la manoeuvre d'usage, vous repartez et ne serez pas déçu à l'arrivée par ce bon "bol d'air" au milieu d'une végétation généreuse, dans un lieu où souffle encore l'esprit d'un "tacot" disparu.

Cette réalisation a demandé 10 000 heures de travail à l'équipe du CFC Le matériel a été réhabilité grâce à l'aide du lycée technique Jean-Jaurès pour la traction, du lycée Lavoisier pour les baladeuses.

Inventaire du matériel roulant :

Je remercie pour sa gentillesse toute l'équipe d'exploitation qui ml a reçu (j'ai même eu droit à un "spécial"). Nous les attendons sur notre... CFC !

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