Ils sont fadas au CFC

Jean Pierre Schmit

Avec dans le rôle de :

Guest Star

030 Decauville

Le grand

Jean Pierre Schmit

Le petit

Michel Dubuis

Marc

Marc

Jean Marc

Jean Marc

Jean Louis

Jean Louis

Les figurants

Groupe du Greenwich & District Narrow Gauge Railway Society
   

Décors

Dépôt et Parc des Chanteraines

Production

CFC

Alors que dans la semaine, je sommeille doucement dans un des dépôts et que je me dégourdis les bielles un dimanche sur deux, pas toujours, il ne faut pas que j’attrape froid. Je ne sors que par beau temps, pas encore avec une ombrelle, mais cela ne va pas tarder. Ces fadas ont décidé de me faire sortir un lundi 26 Mai 1997, moi la 030 pour emmener un groupe d'anglais.

Et les autres, soit disant des copines qui devaient me donner un coup de main, elles roupillent sur leurs deux bielles. Elles me narguent. La Tabamar cette mijaurée, elle a toujours quelque chose de travers Elle est fragile, ou elle est feignante. Elle a toujours peur de s'enrhumer de la cheminée, du coup, elle ne sort pas.

Quant à l'autre, elle est toujours déshabillée. Elle fait voir ses dessous. J’ai l'impression qu'elle drague. Résultat, c'est moi qui me tape le boulot, surtout que la veille j'ai déjà bossé. C'est quand la retraite ?

Donc je sors ce lundi. Tiens C'est Marc qui s’occupe de moi. C'est un gamin pour moi vu la différence d'âge. Je l'aime bien. Il me bichonne souvent et ça me fait plaisir. Oh !... qui c'est ces deux là ? On dirait double pattes et patachon. Ah ! je me souviens je les ai déjà vus. Le petit plus souvent que le grand. J'ai l'impression qu'il me snobe celui-là. Je le vois rarement. Ils ne sont pas trop "dégueux" : cote propre, casquette.

Allez zou, on est prêt à partir. Je suis sous pression au propre comme au figuré.

On m'attache les casseroles au cul (voitures) et on démarre. Et non, on ne part pas. Ils mettent une benne devant moi. Moi qui aime avoir la vue dégagée, je suis servie. Un coup d'oeil à l'intérieur, rien à dire, je tolère. C'est le casse croûte. enfin on démarre. Mon Dieu que cela fait du bien, de se dégourdir les bielles Aie !!! en passant sur les aiguilles du dépôt, ça tiraille de partout, je dois avoir de l'arthrose. C'est normal à mon âge. Heureusement que le temps est magnifique, je ne sens pas mes rhumatismes.

On roule doucement, le parc est magnifique. Tu crois qu'ils s'arrêteraient pour me cueillir une fleur ? Ces gens là, Môssieur, ce ne sont pas de poètes. Arrivé au Pont d’Epinay, de chaque coté de la voie, plein de quidams avec des petites boîtes devant les yeux. On les appelle ces boîtes des appareils à photographier. On charge les voyageurs, Marc joue le "public relation". Il ne peut pas parler français et dire simplement : le guide : Oh ces jeunes ! Té c'est drôle, je ne les comprends pas ces voyageurs. Ca y est, ce sont des "British". Ne pas confondre, les autres c'étaient des Gallois. Je ne tiens pas à me faire casser une bielle, moi. Présentations, re-photos, discussions, ils sont très sympa. Je rigole des cylindres. Le grand ne touche pas une bille, il comprend que dalle. Cela me fait plaisir. Je ne suis pas la seule. Eh grande feignasse, j’ai un parcours à faire moi. Tu crois qu'il me donnerait à manger celui-là. Aller petit charge au lieu de rêvasser et de chercher à comprendre. Et oh ! ... oh ! je ne taraude pas à sec. Un petit coup de liquide me ferait du bien. Il faut que je prenne des forces. On change de coté. Je laisse la benne au fond, pourvu qu'on ne me pique pas mon casse croûte. Heureusement ils ont mis une chaîne.

Marc donne le départ Eh ! Michel, doucement, doucement, on se promène, il n'y a pas le feu à la Seine.

Arrivé au virage, encore plus doucement, je ne tiens pas à prendre ce putain de portail en pleine poire comme la semaine dernière. Je tiens à mon esthétique moi. A Pompidou on s'arrête le grand se précipite pour me donner à boire. Dès qu'il y a du liquide quelque part, il est le premier celui-là. Heureusement que Michel est là. Lui, il pense au casse-croûte au moins. Il faut que je prenne des forces pour monter la grimpette qui arrive à la passerelle. Je ne suis plus toute jeune, je suis au top niveau. Ils vont voir nos amis les visiteurs que j'ai encore de la puissance, moi la vieille. Ouf, on est passé j'ai monté la côte comme un " big chief ". Ca y est, nos visiteurs décalquent sur moi. Mon Dieu... que c'est agréable de se laisser descendre vers la ferme. Oh ! Sensationnel, on se dirige vers le dépôt. Je vais pouvoir me reposer. Un arrêt d'une heure est prévu. Pendant ce temps-là un petit jeune de la famille diesel va effectuer un tour dans le parc avec des gamins. Visite du dépôt, re-re-photos. Nos amis astiquent même les plaques des machines pour mieux les graver sur leurs pellicules. Jean Marc, lui s'active pour vendre des souvenirs. Oh ! ils sont fadas au CFC, ils m'accrochent une autre casserole. Il est à reconnaître que j'ai fière allure en tête d'une rame de trois baladeuses et de la voiture fermée. Je vais leur montrer que j'ai encore des jarrets, moi la vieille. Départ, direction la ferme, je repasse en tête. Jean Louis, contacté par radio nous attend " Passage de Verdure " pour le croisement. Salut enthousiaste des gamins au vu de notre convoi, descente vers Gennevilliers sans arrêt où nous déposons nos voyageurs qui vont prendre une collation à la cafétéria des Tilliers. Je repasse en tête. Là, le grande se remue. Un bon casse-croûte, une bonne dose de liquide me sont octroyés. C'est Marc qui me dirige maintenant. Il ne me ménage pas, ils doivent avoir faim eux aussi, ces pauvres. Rentrée au dépôt, c'est tout juste s'ils s'occupent de moi, ils se précipitent sur leurs victuailles.

A peine une demi-heure s'est écoulée, que l'on repart pour Gennevilliers. Ils sont fadas au CFC. C'est quand la retraite ? Tiens l'équipe a changé. C’est Marc et Michel qui me dirigent maintenant, avec Jean-Marc et Jean-Louis dans le train. Le grand est resté au dépôt. Il trouve toujours une solution pour se reposer et moi, la vieille, je travaille. Arrivée à Gennevilliers. Nos amis sont déjà là. Manoeuvre, je reprends la tête du convoi. L'équipe s'occupe bien de moi. Je concentre mes forces au maximum, je suis toujours fébrile dans ce sens là. La grimpette du belvédère n'est pas trop accentuée, mais elle est longue. Je suis tellement époumonée quand j'arrive en haut que je regarde droit devant moi, encore, vingt mètres, dix mètres,... J'ai des oeillères. J'espère que l'on va s'arrêter en haut j'aimerais bien moi aussi profiter du paysage. Ca y est on s'arrête, bien contente, surtout que j'ai du poids derrière moi avec ces quatre voitures et les voyageurs. Que c'est joli à contempler. Nos amis l'on bien compris. Ils sont descendus du convoi et ont gravi le belvédère. Ils mitraillent avec leurs appareils photos, et l'on repart vers le dépôt, c'est la fin du voyage.

Ils ne sont pas fous ces anglais. Après avoir visité les collègues de la Vallée de l'Ouche, du train des Combes et de Pithiviers, ils ont terminé par celui du Parc de Chanteraines : la cerise sur le gâteau.

Page precedente