Visite au pays des cloches

(histoire de sortir un peu du ferroviaire)

Michel Juishomme

Au XIè siècle, le duc de Normandie accorde en ce lieu un domaine aux Hospitaliers de St Jean de Jérusalem. Sous la protection de leurs successeurs, les Chevaliers de Malte, se développe un artisanat très florissant spécialisé dans le travail des métaux sous toutes ses formes. Depuis plus de 200 ans la maison Cornille-Havard perpétue sur ce même site la tradition campanaire.

Cet artisanat est toujours vivant et visible dans un atelier construit en 1865, et qui a conservé tout son cachet, son sol de terre battue, ses outillages en cuivre caractéristiques de Villedieu.

 Villedieu les Poëles, petite ville normande à quelques encablures de Granville, traversée par une petite rivière qui actionnait un moulin à farine en plein centre ville (toujours en activité mais électrique), une rue qui remonte vers les hauteurs de la ville bordée de magasins de cuivre rouge, des gamelles et des bidons. Du cendrier à la magnifique girouette de 1,20m à 1,8 m de haut reluit au soleil, tout le monde en vend (ou essaie) du boulanger au pharmacien, marchands de souvenirs, etc. Il y a aussi un peu de cuivre jaune, de bronze et d’étain. Il est possible de visiter les ateliers où, à la main et au maillet ou marteau, vous voyez une plaque de cuivre devenir un plat à poisson ou une bassine à confiture. Attention les oreilles, ils tapent comme des sourds à longueur de journées. Plus spectaculaire est le repoussage au tour. Un rond découpé dans une feuille d’étain bloquée entre deux formes sur le tour lancé à 800 tours/minute, transformée en pied de lampe à pétrole.

Il est aussi possible de visiter une fonderie d’étain où sont coulées des pièces de garnitures et objets de toutes sortes. J’ai acheté un petit robinet en étain massif qui fonctionne parfaitement.

Redescendant la rue, (environ 300 mètres) près du moulin, nous sommes tout à coup surpris par le tintement des 5 cloches d’un carillon au support en bois. C’est l’entrée de la fonderie de cloches.

Moyennant un ticket, nous pouvons visiter l’atelier des moules et de la coulée. Nous avons eu la chance de voir couler devant nous 5 cloches d’environ 150 kilos chacune. Le petit four peut fondre une tonne de bronze en une seule fois (chauffe au mazout) et le grand four 5 tonnes.

Au-dessus se trouve un pont roulant en bois datant des origines de la fonderie et toujours en service. Les cloches sont coulées avec un alliage de 80% de cuivre rouge, 20% d’étain et de plomb suivant le son à obtenir. Cet alliage est donc du bronze, appelé autrefois airain.

Les moules sont fabriqués en argile mélangée avec du crottin de cheval et des poils d’animaux, le tout passé au malaxeur (pétrin de boulanger) puis mis en forme à l’aide de gabarit.

Les cinq cloches que nous avons vues couler vont mettre environ 12 heures avant de pouvoir être démoulées, contrôlées, ébarbées et accordées.

La fonderie de cloches Cornille-Havard

50800 Villedieu-lès-Poëles

( 02 33 61 00 56

Fax : 02 33 90 02 99

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