Le carnet du CFC 
Vieux cartons

L’inauguration du CFC

 

A l’occasion de l’inauguration du Chemin de Fer des Chanteraines en Février 1982, un article a été rédigé par monsieur P. Carré alors Directeur Général des Parcs et Jardins au Conseil Général des Hauts de Seine. retranscrit le texte de cet article de Monsieur P. Carré, illustré par les photographies de J. Pradayrol qui a recueilli ces propos.

Le Chemin de Fer des Chanteraines

Le département des Hauts de Seine est caractérisé par une très grande hétérogénéité de relief et d’urbanisation, la seconde étant la conséquence de la première. En effet, l’ère industrielle n’a que très peu pénétré les zones accidentées de la moitié sud qui sont restées très boisées et propices à l’habitat résidentiel. Elle s’est au contraire développée sur les rives de la Seine (Régie Renault) et dans toute la moitié nord constituée par une plaine alluviale traversée ou bordée par la voie fluviale et favorable à la pénétration par le chemin de fer. Il en est résulté un développement très dense du tissu industriel et urbain qui y a fait à peu près disparaître tout espace agricole ou de nature.

C’est pour remédier à ce déséquilibre que, dès la création du département des Hauts de Seine, le Conseil Général a élaboré une politique des espaces verts portant sur deux aspects résumés comme suit :

- conserver et aménager son patrimoine vert existant

- créer des espaces verts départementaux dans le nord.

Dans la courbe entre la passerelle et la station Pompidou (à cette époque le jardin de fleurs n’existait pas, tout paraît un peu dénudé).

Energiquement poursuivie, cette politique a porté ses fruits. En effet, soit en participation financière, soit sous convention à titre de gestionnaire d’espaces appartenant à l’Etat, soit principalement en qualité de maître d’ouvrage avec le bénéfice de subventions de l’Etat et de la Région, le département s’est doté en bordure de Seine et dans sa partie nord, des nouveaux espaces verts, suivant l’importance variée dont l’intérêt et le succès se sont révélés dès leur ouverture au public :

- Parc de l’île St Germain à Issy-lès-Moulineaux, 1ère tranche de 9,60 Ha (une seconde tranche de superficie équivalente est prévue)

- Parc du Mont Valérien à Suresnes (3,40 Ha)

- Parc André Malraux à Nanterre (25 Ha)

- Parc de l’île Marante à Colombes (24 Ha)

- Haras de Jardy à Marnes -la-Coquette et Vaucresson (84 Ha, convention avec l’Etat)

- Parc des Chanteraines.

Les deux premières tranches de ce dernier d’une superficie totale de 14 Ha ont été ouvertes au public en 1976 sur la commune de Villeneuve-la-Garenne. Son extension s’est poursuivie sur une troisième tranche de 22 Ha qui vient d’être achevée sur cette même commune et inaugurée le 16 février dernier. Enfin, sur celle de Gennevilliers, une quatrième tranche de 30 Ha est prévue. Sa réalisation sera vraisemblablement terminée en 1985, ce qui portera la surface totale du parc aux environs de 66 Ha.

Le train vient de quitter la station La Ferme en direction du Pont d’Epinay.

L’avant projet d’aménagement des 3ème et 4ème tranches approuvé par délibération du 19 décembre 1978 du Conseil Général comprenait un " petit transport collectif desservant les différentes parties du parc ", étant entendu que cet équipement s’étendrait aux parties du parc déjà réalisées.

L’idée que ce "  petit transport collectif " serait un petit train a alors spontanément germé au sein de la direction départementale des parcs et jardins, maîtresse d’oeuvre du parc. Sur sa proposition, le groupe de travail ad hoc, comprenant des représentants des services concernés et du Conseil Général, a adopté cette idée avec l’appui notamment de Monsieur Prévot, Conseiller Général, Président de la Commission départementale et Maire de Villeneuve-la-Garenne.

L’étude générale du réseau a été confiée à la Société Etudes et Equipements, 5 Square Montsouris à Paris 14ème qui, entre autres activités, est concessionnaire du chemin de fer de St Eutrope à Evry, et dont le directeur, M. J Y. Guillemont, Secrétaire du Syndicat des réseaux ferrés d’intérêt touristique et historique est bien connu dans les milieux proches des chemins de fer à voie étroite.

C’est après délibération du 29 juin 1981 que le Conseil général a approuvé le projet général du réseau. Peu après, la Commission départementale a donné à celui-ci le nom de Chemin de Fer des Chanteraines (CFC), et a approuvé la mise en dévolution des travaux sur les tranches achevées du parc soit les 1ère, 2ème et 3ème. Ces travaux ont été rapidement conduits puisqu’ils sont aujourd’hui achevés grâce à la compréhension et à la compétence des deux entreprises retenues, à savoir :

- Pour la fourniture et la construction de la voie : " Le Rail Appliqué " 59 rue Desnouettes, Paris 15ème

- pour la construction du matériel roulant : Socofer, Boulevard Louis XI Z.I. du Menneton, BP 0507, 37005 Tours Cedex.

Dans le train tracté par un Socofer.

D’une longueur d’environ 5,5 Km prévue au projet général, la voie à écartement de 0,60 m a été réalisée avec des rails de réemploi de 26 Kg au mètre, sur une section d’environ 3,6 Km qui permet une exploitation rationnelle.

Partant de la station terminus, située près du Pont d’Epinay, elle longe la berge de la Seine, aménagée en promenade sur une longueur de 1,3 Km et une largeur moyenne de 30 m. Elle pénètre ensuite perpendiculairement dans une partie du parc d’environ 11 Ha comprenant une station avec voie d’évitement. Elle se continue par une longue pente de 20%o avec double courbe pour aboutir à une passerelle métallique à grand gabarit (6 m au dessus de la chaussée) qui, suivie par une boucle complète, donne accès à la 3ème tranche du parc. La boucle aboutit à une troisième station avec voie d’évitement. Ensuite, la voie traverse l’ensemble de cette partie du parc d’abord jusqu’à l’embranchement qui donnera accès à un dépôt atelier, ensuite par une rampe de 17%o qui aboutit au " Passage de Verdure ". Le dépôt-atelier, hangar abritant 4 voies, va être construit au cours du premier semestre de l’année. Le " passage de Verdure " est un pont de 50 m de largeur planté d’arbres et d’arbustes et franchissant l’autoroute A86 pour accéder à la quatrième tranche du parc. Sur ce passage qui donnera aux promeneurs l’impression d’une continuité paysagère, se trouvera une 4ème station formant terminus provisoire de la première partie du réseau.

Ce parcours comprend dans les plus fortes pentes, des courbes de rayons proches de 30 m. Le réseau a donc des caractéristiques difficiles qui ont nécessité une étude appropriée du matériel roulant.

Les caractéristiques de ce dernier ont été tout naturellement choisies d’après les normes historiques des chemins de fer à voie de 0,60 m. En effet malgré certaines considérations contraires, il convenait de rendre possible l’introduction sur le réseau de matériel ancien, ce qu’aurait interdit le choix d’un autre gabarit.

Gros plan sur les moteurs hydrauliques en bout d’essieux.

Ce matériel a fait l’objet d’une commande comprenant :

- 2 locotracteurs à moteur diesel Deutz anti-polluant type F 4 L 912 de 57 Ch à transmission hydrostatique, de 4,70 m de longueur hors tout et d’un poids de 7 tonnes ;

- 5 baladeuses de 40 places, couvertes, mais ouvertes latéralement, à bogies de 0,90 m d’empattement, longueur du châssis 7,60 mn longueur hors tout 8,16 m, poids à vide d’environ 2,5 t.

Baladeuse Socofer SCF 522 à 526.

Il est équipé d’un attelage du type Rockinger et d’un frein d’urgence à air agissant automatiquement en cas de rupture d’attelage.

Tableau de bord tout neuf des locotracteurs Socofer.

L’extension future du réseau sur la 4ème tranche du parc ne présentera pas de difficultés puisque les travaux y seront conçus dès l’origine en vue d’une insertion convenable de la voie.

Il est envisagé l’acquisition de matériel roulant supplémentaire dont la définition dépendra du succès que connaîtra le CFC.

Conformément à la décision du Conseil Général des Hauts de Seine, les tarifs voyageurs seront les suivants pour la phase actuelle de réalisation du réseau qui se divise en deux sections :

- une section

3 F

- aller simple

4 F

- aller et retour

8 F

- demi tarif pour certaines catégories d’usagers : familles nombreuses, invalides, groupes d’au moins 20 personnes,

- gratuité pour les enfants de moins de 3 ans .

Ainsi, grâce à sa politique ambitieuse en faveur de l’extension des espaces de nature et de loisirs, le Conseil Général des Hauts de Seine a doté le nord du département d’un espace vert important comprenant un remarquable réseau ferroviaire de promenade à voie de 60. A la qualité de cet équipement construit selon des techniques éprouvées s’est ajouté pour le matériel roulant entièrement neuf et original, la recherche d’une esthétique sobre et de bon goût, excluant tout aspect fantaisie. Les nostalgiques des petits trains touristiques du début du siècle y trouveront leur compte, bien que la traction diesel ait été le choix raisonnable pour du matériel neuf.

Les amateurs de vapeur peuvent cependant espérer voir se créer une association des amis du CFC, qui pourrait être autorisée dans le cadre d’une convention, à exploiter sur le réseau du matériel historique lui appartenant.

Quant au grand public du département, bien évidemment, mais aussi des environs, auquel le Conseil Général des Hauts de Seine est avant tout attaché, il pourra découvrir les joies du petit train dans un site varié, pittoresque et verdoyant

M. P. Carré Directeur Général des parcs et jardins. Au droit de la passerelle.

Plan de la ligne dans la phase de projet. On notera la boucle complète sur la quatrième tranche. Un projet d’extension vers l’île Marante avait été évoqué et resté sans suite.

L’équipe des réalisateurs

Le dépôt immédiatement après sa construction en Eté 1984 (photo F. Reusse).

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