Le funiculaire de Meudon Bellevue, cet inconnu.

Michel Juishomme

A la fin du 19ème Siècle, le quartier de Bellevue était connu des parisiens pour être l’entrée des bois de Meudon et certains habitants fortunés de la capitale y construisirent leurs maisons de campagne dans la verdure. Par le chemin de fer de l’Ouest ou les bateaux parisiens l’on débarque au Bas Meudon, mais il faut grimper jusqu’à Bellevue par un chemin en lacet très rude. C'est pourquoi en 1891, des hommes d’affaires, Paul Houtte et Gabriel Thomas eurent l'idée de faire construire par l'ingénieur Guyenet un ascenseur funiculaire du Bas-Meudon à Bellevue.

Les travaux durèrent 2 ans et en 1891, l'exploitation pouvait commencer. En moins de deux minutes, on était à la demi-lune qui se trouve sur le plateau près du chateau de Madame de Pompadour.

Le funiculaire appartenait à une société anonyme au capital de 200 000 francs or.

La longueur de la voie était de 172 mètres et la dénivellation de 52 mètres. Le prix de la course était de 40 centimes et de 50 pour les vélos.

A la station de Bellevue, un service d'omnibus à chevaux pouvait emmener les voyageurs en pleine forêt.

La station Bellevue (photo MJ).

En 1911, 311 600 personnes utilisèrent le funiculaire. Malgré cela, le service fût largement déficitaire dès le début.

En 1917, le personnel étant mobilisé, le service fût interrompu et repris en 1922 mais il n'y a à cette époque plus que 180 000 voyageurs par an et ce chiffre va aller en diminuant jusqu’à l’arrêt définitif en 1934.

L’installation sera démolie après la guerre de 39/45.

Fonctionnement technique

Génie civil

L'infrastructure est établie sur tout le parcours sur un viaduc métallique reposant sur 5 pilliers en treillis de cornières et deux culées en maçonnerie avec un soubassement en briques pleines.

Celle de la station inférieure existe toujours ainsi que les dés en ciment des piliers. La station du haut abritait les quais et la salle des machines sous la voie.

La station du Bas-Meudon (photo MJ).

Les débarcadères étaient établis en escalier à larges marches et de chaque côté des voitures et surmontés de bâtiments en bois couverts de zinc. Ils donnaient accès de plein pieds au centre ville pour celui du haut et directement sur le quai de la gare de Meudon-Funiculaire sur la ligne des Moulineaux pour celui du bas. Des escaliers d'une hauteur de 3,5 mètres permettaient un accès à la route de Vaugirad (Bas Meudon) et au ponton des bateaux parisiens et au passeur pour atteindre l'île Seguin qui était encore un lieu de promenade et de pêche.

Machinerie

La machine à vapeur se composait de deux moteurs horizontaux de 54 Cv, un en service, l'autre en secours, deux générateurs de vapeur Meyer et Richemond, chauffés au charbon, une grande cheminée de brique se trouvait sur le côté de la station du haut, les moteurs entraînaient par engrenages à chevron le tambour d'enroulement des câbles d'un diamètre de 2,8 m à la vitesse de 2 mètres/seconde, un câble s'enroulant, l'autre se déroulant. Un frein de sécurité à tambour permettait l'arrêt en cas d'incident. Il existait deux autres freins de secours sur les voitures. Ces dernières pesaient 8 tonnes à vide et étaient munies de caisses en bois à quatre compartiments, dont deux fermés au centre et deux ouverts aux extrémités, un poste de conduite sur chaque, comportant un frein et téléphone, celui-ci n'étant branché qu'à l'arrêt aux stations. Ces voitures pouvaient contenir 52 passagers, elles étaient à essieux et avaient des roues extérieures à double boudins pour le guidage et des roues intérieures plates et larges, ce qui permettait le croisement sur l'évitement sans aucune pièce mobiles. Il fallait tout de même 4 employés minimum, deux conducteurs (un sur chaque voiture), un mécanicien et un chauffeur à la machine pour faire fonctionner cette installation.

L’évitement à mi-parcours (photo MJ).

Les câbles de traction étaient en acier d'un diamètre de 0,033 m ce qui représentait un poids de 3,750 Kg au mètre.

La voie unique, en rail Vignole de 30 Kg au mètre posé sur des traverses avait un écartement de 1,40 m. La pente était uniforme sur toute la longueur du parcours avec un évitement au centre sans aucune pièce mobile. Les voitures ont été construites par la Société Franco-Belge à Raismes.

Les deux chaudières semi-tubulaires de 35 mètres carrés de chauffe et timbrées à 7 bars étaient construites par la maison Girard. Les moteurs étaient munis de cylindres de 260 mm de diamètre avec une course des pistons de 260 mm. (120 tours/minute). 

" C'est cette installation que j'ai reproduite en modèle réduit, d'une longueur de 5 m et d'une hauteur de 2,50 m construite en cinq ans. Cette maquette fonctionne automatiquement avec un programmateur et un treuil électrique sur 4 tensions différentes : 24 volts pour les relais et le programateurr, 12 v pour le moteur du treuil, 6 v pour l'éclairage et 3 v pour les becs de gaz.

Ce modèle "pas très "réduit" est actuellement au musée d'art et d'histoire de la ville de Meudon auquel j'en ai fait don afin d'en assurer la préservation pour l'avenir et la présentation au public " M.J.

Le musée est ouvert du 7 Février au 8 Mars 1998 du mercredi au dimanche de 14 heures à 18 heures.

Musée d'art et d'histoire de la ville de Meudon

11 rue des Pierres 92190 Meudon.

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