Vieux cartons : Les gares folles du CFC

MAD

Notre intervention 

Aussitôt avertis, Michel Dubuis et moi avons réagi pour faire face à ce projet par une contre proposition adressée à Monsieur Nicolas Becquart et dont voici les termes :

Monsieur,

Suite à votre courrier n°165 du 27 janvier (1993) vous trouverez dans la présente des réflexions et propositions pour l'aménagement de la gare RER de Gennevilliers inscrite au budget de 1993.

Réflexions d'ordre général sur le texte de l'étude n°1

Lorsque le visiteur quitte la gare du RER de Gennevilliers, moyen de transport rapide et moderne et qu'il pénètre dans le Parc des Chanteraines pour emprunter le petit train, il ne cherche plus à coup sûr la "continuité de la modernité", bien au contraire, il vient se détendre ou se dépayser dans le Parc en s'éloignant délibérément des structures de la ville qu'il veut quitter pour une heure ou deux.

Par conséquent la station même ne doit pas être un transit RER ou SNCF moderne comme nombre de stations en proposent, mais au contraire le dépaysement doit commencer sur le quai même. Le visiteur entre dans le domaine de la locomotive à vapeur qui va le "promener au rythme de ses pistons" à travers l'espace mais aussi à travers le temps. Il recherche les images et les impressions d'un passé révolu, aussi ne faut-il pas choquer son regard par l'anachronisme de deux structures opposées : le modernisme d'un abri et le charme rétro d'un matériel quasi centenaire.

Le quai fait partie du chemin de fer, il serait déplacé de vouloir l'en séparer par une architecture moderne, froide, sans âme que l'on côtoie tous les jours. Il faut au contraire que l'accueil des gares du CFC offre le charme bucolique du "tacot" d'autrefois. Nous pourrons très bien y parvenir en réimplantant à l'échelle de la voie de 60, les "marquises des gares de la belle époque. C'est dans ce sens que nous proposions il y a quelques années à votre Direction, la récupération de la jolie marquise en céramique de l'ancienne gare de Gennevilliers., il serait déplacé de vouloir l'en séparer par une architecture moderne, froide, sans âme que l'on côtoie tous les jours. Il faut au contraire que l'accueil des gares du CFC offre le charme bucolique du "tacot" d'autrefois. Nous pourrons très bien y parvenir en réimplantant à l'échelle de la voie de 60, les "marquises des gares de la belle époque. C'est dans ce sens que nous proposions il y a quelques années à votre Direction, la récupération de la jolie marquise en céramique de l'ancienne gare de Gennevilliers.

Par ailleurs, il faut bien comprendre que pour bon nombre de voyageurs habitués ou non, notre chemin de fer, est l'occasion de rechercher l'ambiance des trains disparus leur rappelant leur jeunesse. Cette ambiance bien souvent, ils veulent la "faire sentir" à leurs enfants ou petits enfants et ont même beaucoup de plaisir à leur conter leurs souvenirs de cette époque.

Choix des matériaux

Nous pensons qu'il faut éviter les matériaux actuels froids, générateurs d'ambiance stérile communs à trop de mobiliers urbains. Nous préconisons des édifices rustiques, sobres rappelant une autre époque. Nous proposons pour la gare RER de Gennevilliers un abri type "marquise PLM" contemporaine de la traction vapeur (photos ci-jointes) avec des matériaux plus en rapport avec l'édifices : bois, acier peint, fonte, verre. Les couleurs pouvant très bien rapporter les nuances sombres mais brillantes de vert, de rouge et de noir.


Dessin M. Dubuis.

Contraintes d'exploitation.

Le projet mentionné ne tient pas compte des contraintes d'exploitation

La billetterie doit être située sur l'accès à la station car bien évidemment, les voyageurs entrant sur le quai doivent être munis de leur billet. On peut imaginer que ceux, qui n'auraient pas la curiosité d'aller en bout de quai pour l'acheter, perturberaient le service qui les dimanches et jours de fêtes est très déjà chargé.

De dimensions semblables à celle envisagée sur le plan (ne nécessitant pas de permis de construire), elle est en charpente de bois comblée par de la brique pleine avec un toit en tuiles plates de bourgogne. Une porte et des volets de bois l’abrite du vandalisme.

Deuxième remarque, l'abri proposé est "occulté coté ville". Nous pensons qu'en terme de sécurité cette occultation porte préjudice à l'exploitation de la deuxième voie à quai. La voie du milieu n'offrant qu'un passage de 0,75 m interdit la montée et/ou descente en toute sécurité, ce qui est parfaitement incompatible avec l'exploitation de trains spéciaux qui requièrent plusieurs rames à quai pour la montée et la descente des voyageurs. De plus cette occultation empêcherait de voir l'évolution des manoeuvres qui font la joie de tous. Nous pensons que pour masquer le décor coté ville des solutions de type plantation sont plus appropriées.

D'autre part nous pensons que l'abri ne doit pas être "compartimenté par des panneaux de tôle". Au contraire ces panneaux annuleraient la visibilité globale du quai qui est nécessaire au départ des trains et fait partie de la sécurité.

En bout de quai (coté gare RER) une grue à eau exploitable sur les deux voies pourvoit au ravitaillement des locomotives. En effet depuis l'exploitation de la tranches "les Tilliers" l'autonomie en eau des locomotive est insuffisante et la contrainte des horaires favorise une prise à cette station.

Vous trouverez ci-joint des exemples représentatifs de ce que souhaiterions. En effet l'architecture doit être "rétro" représenter la Belle Epoque avec des matériaux chaleureux. Un programme de fleurissement des stations ajouterait à l'ambiance conviviale. De plus quelques bancs et corbeilles dans le style compléteraient l'ambiance générale.

Pour ce qui concerne les autres stations, nous sommes plus que réservés quant aux propositions faites, qui pour certaines nous apparaissent tout simplement ridicules et tout à fait en contradiction avec ce que nous avons pu comprendre en termes de "superflu". Nous développerons ces thèmes dans une prochaine lettre.

Nous restons très attentifs à la suite du projet et sommes à votre disposition pour en parler si vous le jugez nécessaire.

Veuillez agréer, Monsieur, l'ingénieur, l'expression de mes sentiments distingués.

Marc A. DUBOUT

***

Toujours est-il que le projet a été suspendu pour le bienfait de notre Association qui se serait ridiculisée vis à vis des autres réseaux touristiques français et étrangers. En effet, nous n’aurions pas manqué de nous faire remarquer avec tels bâtiments jalonnant notre ligne par ailleurs variée, champêtre et agréable tant pour les visiteurs que pour les membres du CFC.

Il peut paraître surprenant que la gare de la station Ferme d’Enfants fut oubliée. En fait, il n’en est rien, quelques années plus tard, un autre projet, (celui-là plus intelligent) prévoyait le reconstitution d’un hameau style " Vexin " avec la construction de maisons abritant les petits métiers d’autrefois. Une gare dont nous avions suggéré les plans devait compléter cet environnement. Au cours d’un déplacement professionnel à Chalampé (près de Mulhouse) j’avais visité l’extraordinaire Ecomusée d’Alsace et avais envoyé une documentation à la DEV pour qu’elle s’en inspire dans son projet. Malheureusement, cette fois, le projet n’aboutit pas et la construction de la gare comme celle du village du furent différés. 

Cette gare cependant était de loin la mieux adaptée à l’esprit de notre chemin de fer. J’avais communiqué à la DEV des dessins et des photos de gares traditionnelles des chemins de fer secondaires dans leur environnement champêtre et le plan qui nous a été communiqué répondait aux critères d’esthétique que nous avions transmis, aussi bien en termes de conception que de matériaux utilisés.

Elle se composait d’une billetterie accessible par les voyageurs coté Hameau (Est) et sortie directe sous l’abri du quai (Sud). Une autre sortie donnait accès à la traversée des voies pour la direction opposée (Ouest). On aurait pu imaginer ultérieurement une extension de l’abri sur le quai situé entre les deux voies.

La billetterie de plan carré avait 5,05m de coté pour une hauteur de 7,70 m. Elle incluait une comble sans accès, mais laissant apparaître la charpente façon traditionnelle. La toiture était en tuiles mécaniques et les murs parés de briques à l’entourage des ouvertures et des dans les angles de l’édifice.

L’abri en prolongement de la billetterie avait une longueur de 8,175 m., composés de trois travées égales disposées longitudinalement au quai pour une largeur de 4m et une hauteur sous faîtage de 3,95 m et de 2,90 au droit de la sous-pente.

Ce projet vit le jour, en 2002, il donne au parc une tonalité Eco-musée très prisée des visiteurs, le chemin de fer devenant le trait d’union entre les différents pôles.

Page precedente