Technique |
Si Giffard métait conté ... par François BORIE |
Il est, dans le chemin de fer comme ailleurs, des appareils dont le fonctionnement apparaît assez mystérieux, voire apparemment contraire à l entendement ou à lexpérience quotidienne. Pourtant, non contents de se conformer strictement aux lois de la physique, ce fonctionnement peut recevoir une explication simple. Cest ce que je vais tenter de dévoiler dans ces quelques lignes.
A tout seigneur, tout honneur, linjecteur, dit Giffard du nom de son inventeur, a un fonctionnement non seulement mystérieux, mais aussi assez capricieux, nos vaporistes et autres responsables dexploitation en savent quelque chose.
Lorsquune chaudière produit de la vapeur, elle consomme de leau quil faut renouveler, sous peine de voir le niveau baisser ce qui arrête la production de vapeur et détruit la chaudière. Il faut un dispositif alimentaire, capable dintroduire leau dans la chaudière en surmontant la pression de la vapeur et ce, tant en marche quà larrêt. Pour cela, on peut utiliser une pompe, actionnée par la vapeur elle-même, ou par un dispositif auxiliaire. Ces dispositifs existent, les machines du CFC en sont pourvues, mais ils comportent des pièces en mouvement, susceptibles dusure, de dérèglage, de casse... qui, malgré leur simplicité théorique, font quon ne peut pas toujours compter dessus ; de plus, leur débit est assez limité et il faut les faire fonctionner sur dassez longues périodes.
En fait, presque toutes les locomotives à vapeur utilisées dans le Monde, sont équipées dinjecteurs. Cet appareil présente plusieurs avantages :
Il existe deux types dinjecteurs :
Ces deux types dappareils fonctionnent sur le même principe.
Principe
Pour le comprendre, il faut nous représenter trois circonstances :
Linjecteur Giffard comporte donc trois parties essentielles, réalisant chacune une des fonctions (fig. 2.)
Fonctionnement
Linjecteur Giffard est représenté en détail sur la figure 3. Il comprend un corps principal auquel sont reliées 4 tubulures : tubulure darrivée de vapeur L, tubulure darrivée deau dalimentation T, la tubulure de refoulement à la chaudière L et la tubulure de trop plein T.
Pour injecter, on ouvre dabord le robinet R, puis très peu la lance à laide de la manette m, jusquà ce que la vapeur ait aspiré de leau. Leau aspirée sécoule alors par le trop plein T. On ouvre alors complètement la lance, linjecteur samorce en produisant un chuintement particulier, dû au choc du jet de vapeur avec leau, qui permet de reconnaître, quand on y est habitué, que linjecteur fonctionne bien. A ce moment, il ne doit plus sécouler une goutte deau par le trop-plein.
Sur lappareil montré figure 3, il est possible de régler lenfoncement de la lance dintroduction de la vapeur. Il faut noter que les injecteurs montés sur les machines du CFC ne possèdent pas de tel réglage, celui-ci étant réalise lors de lassemblage ; de même, lalimentation de la lance est réglée par le robinet à boisseau conique R. Larrivée de vapeur à linjecteur est, elle-même contrôlée à laide dune vanne Gachot qui doit être fermée après chaque injection car elle permet disoler entièrement linjecteur et éviter quun apport, même faible, de vapeur ne vienne léchauffer, en effet, nous avons vu que celui-ci doit être froid pour samorcer.
Les principales causes de dérangement des injecteurs sont leur échauffement soit du fait que le chauffeur ait négligé de fermer complètement lalimentation de vapeur, soit que leau du réservoir soit trop chaude pour permettre la condensation de la vapeur. Il peut arriver aussi que la soupape S ne souvre pas correctement, empêchant linjection, ou reste en partie levée, ce qui renvoie de leau ou de la vapeur de la chaudière lors de larrêt de linjecteur. Cest pourquoi on place un robinet de sûreté sur le tuyau L, à proximité de la chaudière.
Voici, exposé le plus simplement possible et sans formules mathématiques, le fonctionnement dune de ces appareils mystérieux. Si cela na pas trop ennuyé mon lecteur, rendez-vous dans un prochain numéro avec " la pompe hydraulique ".
Ouvrages consultés :
- Cours de mécanique
élémentaire, par M. Moulan
- La locomotive à vapeur, SNCF région Ouest, Paris, février 1944
- La locomotive à vapeur, par André Tastavi, Desaignes, Août 1987