Le chemin de fer et la littérature

Le tramway d’Issoudun à Vatan

Poème

O. REVOIR

C’est enfin décidé, le tramway passe en ville,
Et je vais maintenant pouvoir dormir tranquille.
Je n’aurai désormais, pour me rendre au marché,
Qu’à monter en wagon. Je n’en suis point fâché,
Car pour aller à pied je n’ai plus la jeunesse,
Aussi m’appelle-t-on "  la petite vitesse ".
D’aucuns auraient voulu, parmi les citadins,
Que ce chemin de fer passât dans les jardins ;
Mais ce premier projet eût donné trop d’ouvrage,
Et l’installation eût coûté davantage ;
Terrains expropriés, différents travaux d’art,
Eussent causé, de plus, de longs mois de retard.
Or, le passage en ville étant donc plus pratique
Que celui des jardins sous le rapport technique,
La Commission dit, après son examen,
Que la traverse en ville est le meilleur chemin,
Son opinion est on ne peut plus sensée.
Le Conseil général eut la même pensée
Qu’en suivant de tracé, projet numéro deux,
Les frais de ce tramway seraient moins onéreux
Et que, pour Issoudun, il serait préférable
D’adopter ce projet vite réalisable.
C’est qu’il a prise mardi,
Et je l’en félicite aujourd’hui samedi.
Que ce petit tramway pour nous sera commode !...
Et nous pourrons ainsi voyager à la mode !...
Nous n’aurions plus besoin des pataches d’antan
Lorsque nous irons voir nos amis de Vatan.
Cependant les piétons devront être prudents
Pour ne pas éprouver les tristes accidents ;
Aussi je les engage à suivre ma consigne :
" Ne jamais s’approcher des rails de cette ligne ".

Mars 1903 poème envoyé à la presse de l’époque pour célébrer la construction du tacot d’Issoudun à Vatan. Le 15 Décembre, la voie est posée.

Source : Le tacot - petit train berrichon. Bernard Moreau Ed. Badel Châteauroux 1987.

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