Brèves du CFC

CHEMINOTS ET CINEMA

Cheminot et cinéaste, Michel Ionascu a visionné quatre cents longs et courts métrages. Il nous livre ici une vraie mine d’informations. De cette somme d’images, il a tiré trois films, révélateurs de la représentation du cheminot au cours du 20ème siècle. Dans La Bête humaine de Jean Renoir, le cheminot apparaît comme un être solitaire, aux pulsions suicidaires, prisonnier d’une hérédité ouvrière alcoolique. Mais, malgré leur admiration pour Jean Gabin, les cheminots ont rejeté en bloc cette représentation du héros de Zola. Quelques années plus tard, dans La Bataille du Rail de René Clément, on découvre des cheminots solidaires et héroïques. “ C’est le film fondateur de la mémoire cheminote, précise Michel Ionascu, tous les cheminots se réfèrent encore à ce film ”. Le troisième film représentatif de l’image des cheminots serait Nadia et les Hippopotames de Dominique Cabrera sur les grèves de 1995 sorti en salles en 2000. Et Michel Ionascu de se demander si, entre nouvelles technologies et idéologie du chacun pour soi, l’on ne peut annoncer la disparition programmée de l’image traditionnelle du cheminot. Il semble bien, en tout cas, que l’on soit à la croisée des chemins.
Christine CARTIER (La Vie du Rail)
Fruit d’un très long travail, à la fois charpenté et passionné, ce livre a exigé de gros efforts de recherche. Michel Ionascu, à la fois féru de cinéma et cheminot, est donc autant analyste que patient. Cela donne à son travail une double dimension et un ton tout à fait original. Acharné, Michel Ionascu l’a été dans la recherche de sources aussi nombreuses que variées. C’est sur ce point que son travail paraît offrir un très grand intérêt.
Michèle LAGNY (Université Paris III)

Cet ouvrage se caractérise d’abord par la nouveauté de son sujet et par la volonté de l’auteur de l’aborder dans toutes ses dimensions. Et pas seulement sous l’angle de la représentation des cheminots dans les grands chefs d’œuvre du cinéma. Le second point fort est constitué par la masse de documentation qu’il apporte et, en particulier, par les nombreux éléments de première main. Le troisième point qui est particulièrement intéressant est la prise en compte dans l’analyse de l’imaginaire des cheminots.
Roger ODIN (Université Paris III)

Ce livre pallie une lacune et élargit la perspective de l’approche sociale d’un groupe caractérisé par son travail dans un secteur délimité d’activité. L’auteur n’a pas écrit une nouvelle histoire des cheminots, perçue ici à travers l’objectif du cinéaste, mais il démontre comment une représentation s’est construite en usant de la fiction et du documentaire filmés, comment elle s’est entretenue, comment elle s’est reproduite, comment elle s’est alimentée de la réalité et comment elle a alimenté la réalité. Par l’analyse de ce qui mêle les aspects fictionnels et fonctionnels, il y a, dans ce livre, une véritable rénovation de l’histoire sociale de l’identité cheminote.
Christian CHEVANDIER (Université Paris I) 

Cette patiente enquête permet, non seulement de déterminer la spécificité de chaque série filmique et de mettre à jour des interactions d’un média à l’autre, mais de détecter les dissemblances, les complémentarités de points de vues et les influences réciproques. L’auteur montre clairement comment les cheminots se voient, en fonction d’une imagerie construite par d’autres. Une cartographie de plusieurs fonds audiovisuels, une documentation impressionnante qui débute avec les origines du cinématographe pour se terminer par les films les plus récents.
Myriam TSIKOUNAS (Université Paris I)


La représentation cinématographique des cheminots repose, aujourd’hui encore, sur deux films « mythiques » qui ont entraîné un phénomène d’identification et la construction d ‘une mémoire collective. La Bête Humaine de Jean Renoir et La Bataille du Rail de René Clément symbolisent, chacun à sa manière, la double dimension de l’image sociale et filmique des cheminots. La première est individuelle et pose la question de la représentation du cheminot. La seconde est collective et interroge la représentation des cheminots.

Mais il n’y a pas que le cinéma commercial. L’audiovisuel d’entreprise de la SNCF, la télévision, les organisations syndicales et les cheminots cinéastes amateurs ont également participé à la création et à la diffusion d’images.

Alors, qui sont les « vrais » cheminots et quel est leur rapport avec ceux de l’écran ? Une certitude demeure : cinéma et réalité continuent de se nourrir l’une de l’autre.


Michel IONASCU est né en 1953. Il est réalisateur de films de fiction et de documentaires, titulaire d’un Doctorat de cinéma et audiovisuel obtenu à Paris III – Sorbonne Nouvelle et cheminot.

SOMMAIRE

Chapitre 1
Le cinéma ou la construction d’un modèle 15
Gabin 21
Héros de la classe ouvrière ou seigneur du rail ? 27
"Générations d'ivrognes" 43
La pulsion suicidaire 49
Le Résistant héroïque 55
Le prestige des ingénieurs 67
Les autres cheminots à l'écran 73

Chapitre 2
L'audiovisuel SNCF ou l’homme au travail 97
Un cinéma ferroviaire, pour quoi faire ? 99
Au temps des compagnies privées 107
L'après-guerre : reconstruction et électrification 111
Les films sociaux et éducatifs 125
Vers un langage plus libre 131
Humour (s) et pédagogie 145
Très Grand Virage ? 151

Chapitre 3
La télévision ou les éléments d’un puzzle 163
"Actualités", documentaires et reportages 165
Feuilletons et séries 173
Téléfilms de fiction 179

Chapitre 4 : Syndicats et amateurs : d’autres images ? 193
Les syndicats (presque) sans images 213
Les cheminots cinéastes amateurs 227

Chapitre 5
Les cheminots en France, c’est qui ? 227
Les chiffres, ça compte 229
La société des cheminots 233
Un cheminot peut en cacher un autre 239
Lien social et modernité 243

Chapitre 6
Le cheminot n’est plus ce qu’il était 247
Quand l'habit faisait le cheminot 249
Le corps de moins en moins ouvrier 253
L'espace ferroviaire sans cheminots 257

Chapitre 7
Les cheminots, le cinéma et le vrai 265
Fiction et documentaire : des ennemis inséparables 267
Image de soi et réactions corporatistes 271
Images externe et interne : écarts et similitudes 385

Chapitre 8
Les cheminots entre l'écran et la société 291
Le recul des idéologies "ouvrières" 293
Le cinéma, c'est quoi ? 299
Homme machine et machine cinéma 307
La mémoire collective et le passé 311
La représentation et l'identification 319
L’imaginaire social et argentique 325

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