Le carnet du CFC
Nouvel appareil de distribution de combustibles aux locomotives
par M. RICHON, Ingénieur en Chef de la Traction
Les locomotives sont de grosses mangeuses de charbon. A raison de près de 20 kg par kilomètre, c'est un vide de plusieurs tonnes qu'il faut combler dans l'approvisionnement du tender lorsque la machine rentre au dépôt. Autrefois, c'est-à-dire au début de ce siècle, on n'usait guère que du chargement au panier de 50 kg.
L'appareil élévateur-culbuteur.
Pour charger 3 tonnes, on avait donc à manutentionner successivement 60 paniers.
L'opération était longue et coûteuse. De plus, elle retenait pendant trop longtemps
au quai à combustibles la machine et son équipe. L'augmentation de la puissance des locomotives et de la charge des trains, en même temps que l'augmentation du nombre de
ceux-ci, a vite rendu ce procédé impraticable dans les grands dépôts.
On s'est ingénié à créer des installations mécaniques à grand débit, et on a trouvé d'heureuses solutions dans les appareils à bennes et dans les quais mécaniques, pour né citer que les systèmes les plus répandus sur le P. L. M.
Les appareils à bennes (grues ou portiques) prennent à terre des bennes remplies au préalable de combustible, ou remplissent au tas au vagon même des bennes preneuses, et les déversent ensuite
directement dans les tenders.
Les quais mécaniques comportent, sur une plate-forme élevée de 4,75m au-dessus de la voie des locomotives, un gril de voies Decauville où sont remisés les
vagonnets qu'on déversera par basculage, dans les tenders. Les vagonnets sont hissés sur la
plate-forme à l'aide de monte-charges simples ou multiples, mus mécaniquement, à moins que les dispositions du terrain aient permis, cas exceptionnel, d'établir le quai dans le plan même du parc à combustibles, les locomotives circulant en contrebas du terrain du parc, ce qui dispense de faire usage de
monte-charges.
Le P. L. M. vient de mettre en service, au dépôt de Roanne, un nouvel appareil de distribution de combustibles dont le nom même résume le rôle et le mode de fonctionnement.
L'appareil élévateur-culbuteur.
Cet appareil, qui est un « Elévateur-culbuteur », le premier du genre installé sur les Réseaux français, se réduit à un ascenseur double, mû électriquement, qui monte des vagonnets chargés de combustible à une hauteur de 5,80m environ et les déverse automatiquement dans les soutes des tenders.
Il est constitué par une double cage d'ascenseurs, en fer profilé, élevée le long de la voie de ravitaillement des locomotives. Dans chaque cage peut monter
et descendre une benne basculante pouvant recevoir un vagonnet.
Les mouvements des deux bennes sont solidaires, c'est-à-dire que l'une monte tandis que l'autre descend. Le déversement, de charbon se fait par basculage du vagonnet chargé, montant, dans un couloir fixe incliné, d'où le combustible tombe dans le tender.
L'appareil en fonctionnement.
Pour desservir l'appareil, on n'a donc qu'à remplacer chaque vagonnet vide descendu au niveau du sol par un vagonnet chargé, et à
manoeuvrer, quand le moment est venu, le rhéostat placé au rez-de-chaussée de l'appareil, ce qui détermine la montée du vagonnet chargé et son basculage ainsi que la descente simultanée du vagonnet vide dans l'autre cage.
L'arrêt s'effectue automatiquement en fin de course. L'élévateur-culbuteur est
un appareil à grand rendement. Il peut débiter 600 tonnes par vingt-quatre heures,
c'est-à-dire une quantité de combustibles supérieure à celle que délivrent les plus gros dépôts en temps normal. D'autre part,
il est peu encombrant et relativement peu coûteux. Il trouvera donc sa place dans nombre d'établissements. Toutefois, dans les dépôts importants où, à certaines heures, les machines se présentent en grand nombre au chargement, on peut avoir intérêt à disposer d'appareils à plus grand débit encore, qui permettent de faire face aisément à ces à-coups. Une installation répondant à ce
programme, et établie sur des bases toutes nouvelles au P. L. M. sera prochainement réalisée. Une description en sera donnée au Bulletin.
Vue générale des installations.
Sources : Bulletin du PLM, n°4 - Juillet 1929