Le carnet du CFC
Bref historique de la société Jules Weitz
Par Jean Luc Faure
Jules Weitz, réfugié de l'Est suite au traité de Francfort de 1870, est originaire de Mulhouse. Il a créé son entreprise de voie portative à Lyon. Cette entreprise familiale était spécialisée dans le matériel de manutention et de transformation des matériaux de construction. Son activité couvrait la réalisation de « mixers » pour le ciment, de concasseurs de pierres, de pelles à vapeur (exemple de machines fournies dans les années 30 pour les besoins du chemin de fer Kayes-Niger), de wagons à voie étroite.
C'est la seconde génération, avec Edmond Weitz, qui développera une nouvelle
activité : la réalisation de grue à tour (mobile ou non) et de grue automobile. En réalité, c'est un allemand, le constructeur Arthur Loeb, qui est à l'origine de ce nouveau développement.
Juif, il dû fuir les persécutions Nazi et entra en contact avec l'entrepreneur Lucien Pitance à Lyon (un ancien client) qui le mis en contact avec Edmond Weitz. Ainsi naquit une nouvelle équipe.
A la fin des années 40, suivant les instructions de Loeb fut ainsi créé de nouvelles grues à tour
mobile plus performantes. Dans un premier temps sous le nom de C.A.C.L. (Chantiers et Ateliers de Construction de Lyon) puis dans les années 50 sous le nom de Richier-Weitz suite au rapprochement avec cette entreprise. Cherchant à fusionner avec le groupe B.P.R., Richier Weitz fut racheté dans les années 70 par Potain.
Une spécialité de Weitz des années 60 : la grue à tour mobile (7 tonnes à 40 mètres).
Weitz GT 1450, entreprise Formbeton, (suisse), Photo: P. Meyer. | |
Plus anecdotique un jouet JRD des années 60: une grue automobile CACL. |
Production “ferroviaire”
On l’a vu la société Jules Weitz construit et distribue des matériels assez variés. Outre les commandes d’entreprises ou d’artisans (entrepreneurs de bâtiment, carriers…) non directement liés à l’activité ferroviaire, la société Jules Weitz a réalisé quelques wagons pour le compte des VFDM (Voies Ferrées Départemantales du Midi) suite à une commande de décembre 1913, notamment pour le projet de ligne de “tramway” cotière (Hendaye/ Ciboure…). Cependant avec la déclaration des hostilités en 1914, (et la hausse des prix), Weitz offre de fournir le matériel qui était commencé avec les matériaux stockés avant la guerre avec une petite augmentation, mais le reste de la commande fut résilié.
Durant les années 20 et 30, la société Jules Weitz commanda à l’étranger certains locotracteurs (comme, par exemple le succès de DIEMA, (Diepholzer Maschinenfabrik Fritz Schöttler), le modèle de 6 PS en 1926. Etait ce pour s’en inspirer pour leur propre fabrication ou pour satisfaire les besoins d’un
client ?
Dans les années quarante et cinquante les clients les plus connus de “CACL ex. Jules Weitz” furent, par exemple, la
SNCF pour moderniser le parc traction d’Artouste ou les Ardoisières d’Angers qui utilisèrent plusieurs exemplaires de différents modèles (JW 10, JW 15, JW 30…).
A noter que les locotracteurs construits par CACL sont désignés par les initiales JW et la puissance en chevaux qu’il ne faut pas confondre avec la production de locotracteurs de la "Jenbacher Werke", firme autrichienne fondée en 1949 à Jenbach au Tirol, qui a
produit des JW 8 (dit “pony”), JW 20, JW 400… !
Quelques réseaux possédant des locotracteurs Jules Weitz
Sources | P. Meyer, B. Angleraud (LARHRA Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes). |