L'Association

Le 5ème Génie débarque au CFC

Par Vincent TIMCOWSKY

Nous avions lié quelques chaleureux contacts avec le Capitaine Desaulle ces dernières années, contacts ayant abouti au prêt de l’unique exemplaire du tracteur Crochat. Plusieurs de nos manifestations ont vu la présence de cet engin impressionnant et attisant la curiosité du public. Le temps passa et, l’heure de la retraite sonnant, Brice Desaulle laissa sa place au Capitaine Colibeau, sympathique et enthousiaste organisateur des "Portes-Ouvertes" du 5ème Régiment du Génie 2005 au camp des Matelots à Versailles. La question se posa donc du rapatriement du Crochat sur Versailles. L’aller avait été assuré avec un superbe ensemble routier de type semi-remorque porte chars pour lequel nous avions érigé une de ces estacades faites de traverses et coupons de rails divers dont nous avons le secret ! 

À la tête du bataillon les hommes changent mais le matériel et les méthodes aussi et c’est ainsi que nous avons vu arriver lundi 30 mai à 6h30 du matin en convoi exceptionnel pas moins de deux camions porteurs 3 essieux Renault type G390, une remorque de 24 tonnes de charge utile et une grue routière 3 essieux de marque Liebherr accompagnés, ou devrais-je dire, précédés par une fourgonnette d’accompagnement.

La grue lors du passage du portail d’entrée au dépôt CFC.

Il me semble utile de vous préciser que nous avions convenu entre temps de participer aux journées portes-ouvertes avec deux de nos stars, j’ai nommé La Bouillote et Chanteraine, nom de baptême de deux de nos machines à vapeur, respectivement une 020 et une 030 Decauville de type Progrès.

Mise en place de la grue sur ses vérins stabilisateurs.

Le grutage débuta par l’engin le plus lourd, 14 tonnes environ pour le Crochat. Le moyen de levage envisagé devant faire appel à deux fortes poutres, il s’agissait de les placer de manière à équilibrer l’ensemble, tâche délicate puisqu’il était difficile de déterminer le centre de gravité. 

Le poids n’était pas un obstacle, la grue ayant une capacité d’une quarantaine de tonnes, il y avait de la marge. Il est à noter que cet engin de marque Liebherr fait partie d’un lot de quatre dernièrement acquis par l’armée. Elles ont été modifiées afin d’être aptes au chargement sur wagon surbaissé, leur force de levage d’origine étant d’environ 54 tonnes et leur bras télescopique ayant été amputé d’un coulissant.

A mesure que le câble s’enroulait et que les chaînes se tendaient la pression montait dans l’assistance. Il fallut reposer pour caler sous les longerons afin d’obtenir une assiette aussi convenable que possible. La marge de manœuvre n’était pas grande, à l’image du peu d’espace disponible entre les bogies. Fort heureusement l’engin à vocation plutôt ferroviaire qu’aérienne atterrit à bon port sur le plateau de la remorque.

Ô temps suspend ton vol !!!

Le bébé dans son landau.

Maintenant arrimé, nous pouvions envisager la suite avec plus de sérénité.

Equipés de crics et de cales nous avons soulevé la 030 afin de passer les poutres en dessous, bénéficiant d’une meilleure assise. Nous avons dans l’urgence réalisé des barres anti-rapprochement afin de maintenir les poutres aux extrémités du châssis. Le levage fut aussi spectaculaire puisque le seuil de chargement du camion était plus élevé. Nous étions déjà plus en confiance, le premier essai fut le bon. 

La machine prête à prendre l’air, manquent encore les barres anti-rapprochement.

Nous avons au CFC souvent eu l’occasion de soulever des engins de toutes tailles et tous poids mais l’émotion reste la même à la vue de ces déplacements aériens. Les proportions ne nous semblent plus les mêmes et la facilité avec laquelle la grue manœuvre nous laisse rêveurs, voir envieux (non le 5ème Génie n’est pas prêt à nous laisser l’engin en dépôt !) 

La machine fut arrimée au plateau par le biais de sangles à usage unique distribuées par un dévidoir. Je dois avouer avoir d’abord fortement douté mais après avoir assisté à la pose de ces courroies blanches d’une largeur d’environ 2 cm à l’aide de tendeurs spéciaux et avoir eu confirmation d’une résistance de 2 tonnes par lien je trouvais le système ingénieux. Quand je sus que des engins de travaux public type bulldozer et assimilé étaient bridés ainsi pour des transports ferroviaires je ne pus qu’être admiratif.

L’engin ridicule en dessous est bien un Plymouth de 8 tonnes.

Fin du voyage, n’est-elle pas mignonne, on dirait un jouet (à droite de la photo on peut voir le dévidoir à sangles consommables).

Puis ce fut le tour de La Bouillote, même motif, même punition avec la nécessité de fabriquer un jeu de barres plus court, eh oui ça n’est qu’une 020 ! Nous étions, à ce moment là, devenus des pros, c’était presque la routine et nous décidions d’une photo souvenir avec toute l’équipe. Par acquis de conscience, nous avons dévissé le sifflet afin de rester dans le gabarit routier standard. 

A ce point du récit je dois vous préciser que nous avions envisagé d’utiliser deux remorques 24 tonnes afin de permettre le chargement des baladeuses "Père Noël" Malheureusement le matin du départ du régiment un problème de raccord de frein ne permit pas d’emporter la seconde. Nous étions dans l’impasse, que faire ?

On reconnaît un bon militaire à sa capacité à s’adapter à toutes les situations, l’adjudant chef responsable du mouvement nous proposa d’utiliser à plein l’espace libre des plateaux. Je vous laisse apprécier de quelle façon sur les photos suivantes !

Je rassure nos lecteurs, là encore la sangle miracle fut utilisée à foison ainsi que quelques serviettes de bain aimablement prêtées par notre superintendant fourrier du jour Jacques
(Il a été aussi responsable du mess lors de la pose café boissons diverses comme à son habitude).

L’équipe mixte au complet, civiles et militaires, seule la machine est au garde à vous !

Une des baladeuses en fâcheuse posture, mais à la guerre comme à la guerre.

On réinvente la voiture BIDEL ou la VB2N le côté serviette de plage en plus.

Daniel, désigné d’office en tant qu’observateur neutre du déchargement à Versailles mit à profit la pose boisson pour remplir sa camionnette de service des outils indispensables, ce faisant les habitués du mercredi commençaient à apparaître, fort étonnés pour certains, ne possédant pas d’ordinateur et n’ayant pas été mis au courant. Je regardais ma montre, il était 11heures et j’avais annoncé mon arrivé au boulot vers 9 heures ! Je quittais donc à regrets la joyeuse caravane les laissant à leur triste sort et à la joie des bouchons vers Versailles.
Un ou deux coups de téléphone passés dans l’après midi me rassurèrent, nos deux machines foulaient les rails du 5ème Génie, le Crochat devant être déchargé le lendemain.

Une vue partielle du convois avant attelage de la 24 tonnes.

Je profite de cette tribune pour remercier le Capitaine Colibeau et toute son équipe ainsi que nos amis du CFC, par ordre d’arrivée Jacques, Freddy, Guy, Daniel, Jean Pierre, Claude, et Gilbert qui a bien voulu contourner la grue avec son vélo !!!

Je rappelle que les machines ont été visibles en exploitation au Régiment du 5ème Génie, camp des Matelots à Versailles les 17, 18 et 19 juin et ont fait le bonheur d'un public nombreux.

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