Le carnet du CFC

Quand un membre de l'A.M.T.P. vient faire un tour sur le Chemin de Fer des Chanteraines

Texte et clichés Bernard MERGER

Lors d’un passage à Saint Cloud, en 2005, faisant suite à un séjour à l’AMTP, je me suis dit que je ne pouvais pas redescendre dans le sud sans être allé voir ce réseau. Grand bien m’en a pris, sauf la difficulté à localiser son implantation, surtout un dimanche. Bref, après avoir enfin déniché le dépôt dans la matinée, ses portes étaient closes, vu l’heure. Nous avons décidé, après le repas, de nous pointer à la gare «La Ferme», nouvellement construite, d’après les revues consultées. Comme dans le temps, attente du train qui entra en gare, remorqué par un Plymouth, engin que je n’avais jamais vu, étant habitué au gros diesel Gmeinder de l’AMTP. Je fis la connaissance du chef de train, ainsi que celle du mécanicien, qui proposa très gentiment d’effectuer le parcours en cabine. J’ai pu augmenter mes connaissances, n’ayant jamais mis les pieds sur un tel engin. Alors c’est ainsi que l’on voit la différence qu’il peut y avoir entre les différents matériels roulant des réseaux. Et puis, il y a la voie : rail lourd, dressage et ballastage pratiquement sans reproches. Bien sûr, ce ne sont pas les bénévoles du CFC qui s’occupent de ce problème, mais le CG92. Le rêve de tous les taupiers. Vous vous rendez compte le temps et la fatigue que l’on pourrait économiser, et utiliser à d’autres tâches. Doux rêve utopique, mais si cela pouvait, un jour, se réaliser !!!
Le parcours, entrecoupé de nombreux PN, ne permet pas d’exploiter à fond les performances de traction des engins, ne serait ce qu’au niveau vitesse. Comme quoi on ne peut tout avoir, mais vu le nombre de passages pour les piétons, la sécurité est de rigueur, quelque soit l’endroit où circule un chemin de fer touristique, mais on le savait déjà, bien avant les recommandations du STRMTG. Le cadre est enchanteur, gazonné et fleuri, mais nous sommes dans un grand parc où pas mal de gens viennent passer un dimanche, en campagne, tout en étant en ville ! 

Le premier train permet de découvrir certaines particularités d’exploitation, du style ouverture de la grille barrant la voie, et qui sera refermée le soir, au dernier train. Je n’ai pas pu traîner mes baskets au dépôt, vu le faible effectif opérationnel en cette journée de vacances. Ce n’est que partie remise, car, maintenant que je connais certaines personnes, je pourrai satisfaire ma passion ferroviaire à fond. Il faut bien reconnaître que le parcours est différent de celui du réseau de Pithiviers, car au milieu du gazon, des fleurs, une boucle hélicoïdale enjambant une route pour atteindre l’autre terminus, des petites retenues d’eau formant des mini lacs, bref, diversification totale, ce qui n’est pas un mal, loin de là. Lorsque les rosiers sont en fleurs, outre l’odeur, les yeux doivent en prendre leur ration de verdure. 

Particiation du CFC au 40ème Anniversaire de l'A.M.T.P.

Pour les 40 ans d’existence de l’AMTP, il y a eu invitation de matériel et du personnel du CFC pour en fêter l’anniversaire, les 17 et 18 juin 2006. 
Arrivèrent donc la 020T Decauville «La Bouillotte» ainsi que la 020T «Tabamar», une mini voiture salon de 4 places, la V11, les voitures du Père Noël, ainsi qu’un engin, ou «ustensile» ferroviaire, comme on voudra l’appeler, de construction assez surprenante. Le Trollex, puisque c’est son nom, est en effet une chaise de bureau, en contreplaqué, fixée sur un châssis, et propulsé par un moteur de «Solex», avec, tenez vous bien accélérateur et frein à levier unique, mais frein à disque, s’il vous plaît !!! A ma connaissance, il s’agit de la plus petite draisine motorisée existant au monde, et elle aurait sa place dans le livre des records. Assis là dessus, à 30 km/h, avec rien devant, cheveux au vent et moustiques écrasés sur les verres de lunettes, croyez moi, c’est impressionnant. Et en plus, on se sent en sécurité !!!
Les membres de ce sympathique réseau qu’est le CFC, ont ainsi fait la connaissance de notre réseau, issu de la fermeture en 1966 du réseau betteravier qui alimentait les sucreries de Pithiviers et de Toury, ce uniquement en traction vapeur. Les agents invités ont pu ainsi découvrir, outre les installations et locaux de vie et sanitaires, le parcours. 

J’ai pu, ayant été désigné «pilote», accompagner les tractionnaires de ces deux adorables locomotives, qui semblaient bien frêles à côté de la 4-12, machine de 22 tonnes en voie de 0,60 m. 
La découverte du triangle américain permit à «La Bouillote» de tourner la V11 au terminus de Bellébat, dans les frondaisons. Ces deux locomotives et leur rame ont assuré l’animation durant ces deux jours, sans incidents. La « Tabamar» a aussi tractionné du matériel hors de ses habitudes, style plateforme d’artillerie Péchot, wagon assez lourd, formant une composition marchandises-voyageurs, ce qui lui a permis de goûter à la joie de la machine serre frein, la «Meuse», en l’occurrence, pour éviter toute dérive, vu la rampe du dépôt, poussée par le poids, et surtout limitée par la capacité de freinage à vis et non à vapeur.
carnet01_3.jpg (19687 octets)Le tournage de la « Bouillotte», sur le triangle américain, a été l’occasion, pour l’équipe de conduite, d’expérimenter quelque chose qui n’existe pas à Villeneuve-la-Garenne.
L’arrivée de ces deux machines fut impressionnante surtout leur descente du semi remorque, ainsi que l’opération inverse le lundi 19 juin, après la fête. Ce n’était plus la joie qui se lisait sur les visages, mais la fatigue, et une attention redoublée, vu la rampe provisoire qui permet de charger le matériel. Pour ceux qui ne connaissent cet envers du décor, cela vaut le spectacle, croyez moi. Des occasions de faire des photos ne manquèrent pas, la gentillesse des membres du CFC aidant à la bonne humeur qui régna durant ces 48 heures de fête. Les plus tristes furent celles prises le lundi matin, avec le chargement du matériel, pour regagner le dépôt de la région parisienne.
   

Le mardi matin, ce fut le deuxième camion qui vint chercher le reliquat. 
La pluie du dimanche n’a pas atténué la bonne humeur qui a régné pendant ces journées. Le matériel du CFC s’est comporté de façon admirable, et les animations sur la boucle de Bellébat ont découragé tous ceux qui avaient voulu comptabiliser le nombre de rotations des rames. Il faut reconnaître que, tout en étant en voie de 0,60, la différence de gabarit est impressionnante entre la 020T Tabamar et notre 040T KDL. C’est encore une particularité qui fait la variété du matériel des réseaux, ce qui évite de tomber dans l’uniformité banale ! 
Après ces 48 heures, lors des opérations de chargement du matériel, la fatigue se voyait sur les visages. 
Les membres du CFC ont pu également imaginer ce qu’était l’exploitation d’un ancien chemin de fer betteravier, ayant pris les repas en commun, utilisé les sanitaires pour une douche réparatrice chaque soir, et admirer un tracé ferroviaire sur le plateau beauceron, héritier d’un passé qui avait commencé en 1892…
Cela a permis aussi aux bénévoles de découvrir un autre type de matériel préservé, comme quoi l’échange inter-réseau a du bon, ce à tous points de vue. La «Bouillotte» a fait le dernier train du dimanche avec rien dans la soute à charbon à l’arrivée au dépôt de Pithiviers. Comme m’avait dit Marc, le responsable technique du CFC, au moins son nettoyage sera facilité. J’ai pu découvrir, en tractionnant les machines invitées, que la faible quantité d’eau embarquée est un inconvénient quand on leur demande un service plus intensif qu’au parc des Chanteraines, mais cela fait partie du charme, non ?

Les machines avaient encore les fleurs qui leur avaient été apposées, lors d’une manifestation quelques jours avant leur venue sur le réseau de l’AMTP, à savoir la mise à l’eau d’une embarcation à propulsion à vapeur, la «Suzanne». C’est vous dire que l’on n’a pas le temps de s’embêter dans ces moments là. En principe, fin novembre, les agents de l’AMTP doivent faire leur voyage de fin de saison sur le CFC, et qui sait, peut être que l’idée germera de faire l’inverse de ce qu’a fait le CFC, à savoir aller rendre visite à ce sympathique réseau avec une machine de chez nous. On peut que le souhaiter. En attendant allez rendre visite au Chemin de fer des Chanteraines, cela vaut le déplacement, croyez moi.

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