Le carnet du CFC

Voiture V6 - C.F.T de PITHIVIERS (Loiret)

Bernard MERGER

40 ans après sa création, avec cette voiture, et d’autres pièces préservées, on s’aperçoit que le musée de l’AMTP recèle dans ses murs des curiosités variées, et qu’une journée ne permet pas de découvrir dans leur entité !!! 
Et voilà, c’est reparti pour plusieurs tours de roues au cours de cette nouvelle saison touristique : baladeuses, voitures semi-fermées, tombereaux, remorques d’anciens tramways modifiées et adaptées aux divers écartements, et plus récemment, voitures construites avec l’aide d’artisans locaux ou de lycées techniques, en partenariat, vont reprendre leurs rondes incessantes. Sur le réseau de l’AMTP, il en est de même, mais ce dernier possède un spécimen roulant, assez particulier, qui a de plus, été classé « monument historique » le 2 mars 1994!! En effet, en 1892, la société Decauville livra au TPT 4 voitures à bogies, selon les critères en vigueur à l’époque, revêtement extérieur en teck, et bien sûr, plateformes aux extrémités, pour l’accès intérieur. Ces voitures furent suivies, en 1899, par deux autres supplémentaires. Les années passant et l’usure obligèrent la Régie Départementale, ayant repris la concession Decauville, à entreprendre la reconstruction des cinq véhicules survivants, aux alentours des années 1931 et 1939. Les tramways de Paris, construisant des attelages avec une plate-forme centrale d’accès, inspirèrent le TPT pour ces travaux
Le fait d’avoir suivi la conception des trams parisiens se retrouve dans le système de fermeture des portes de la plateforme centrale qui s’apparente un peu à celui des «Sprague», pour ceux qui ont connu ce matériel, mais sans fermeture automatique.
Vinrent les années sombres de l’occupation, et en 1942, le trafic se retrouva multiplié par cinq, en comparaison à celui de 1939. 

(cliché A Elambert).
Les véhicules automobiles se retrouvèrent confinés dans leurs garages, faute de carburant, bien sûr. Dans ses ateliers de Toury, on entreprit alors la construction d’une nouvelle voiture, la V6, absolument identique aux autres. Mais, en 1946, elle n’était pas belle à voir, avec, entre autre, ses vitres remplacées par des planches en contre plaqué, et un aspect extérieur guère reluisant. Triste résultat des années de guerre et d’un entretien réduit au plus que strict minimum. En 1952, le service «voyageurs» cessa, et ce véhicule, inutilisé, fut vendu à un ferrailleur local, carrément à l’état d’épave, et sans ses bogies. Un particulier la racheta, la restaura, et la fit circuler sur le réseau de Saint Eutrope, aujourd’hui disparu. Le Conseil Régional Centre accorda une aide qui facilita son acquisition par le musée, qui la remit entièrement en état de présentation et de roulement.
Seule et authentique voiture à voie de 0,60 existant en France, bien peu d’entre nous ont voyagé à son bord, ou l’ont même entre aperçue. 

(cliché A Elambert) 
Il faut dire que pas grand monde ne court après elle, tant au niveau «exploitation» que «traction», ce serait plutôt l’inverse, et puis, et puis…Enfin bon, c’est juste mon avis ! Quoiqu’il en soit, lorsque vous viendrez sur le réseau, tâchez de la voir, à défaut de circuler à son bord. Il faut reconnaître qu’une rame de six voitures de ce type formerait une composition assez homogène, malheureusement le temps qui passe a fait son œuvre, aidé en cela par l’insouciance des humains face au patrimoine ferroviaire !!!
Un musée ce n’est pas que des photos ou des maquettes. Vous pourrez constater qu’après avoir vu ces photos il n’est pas évident d’imaginer le résultat qu’ont donné toutes ces heures de bénévolat !!! Çà aussi, c’est une passion, comme une autre, mais quand on voit le résultat ! Les pérégrinations de certains engins ferroviaires, qu’ils soient moteurs ou remorqués sont ainsi faites que l’on peut se demander où ils ont le plus circulé ?
Sur leur réseau ou bien sur le plateau d’un ensemble routier, au gré des affectations données par leurs propriétaires successifs. 

(cliché AMTP)
C’était un temps où les heures ne comptaient pas, époque bénie pendant laquelle tant de progrès ont fait avancer la technologie, et amélioré le confort des voyageurs transportés, non pas pour leur confort en priorité, mais d’avantage pour fidéliser la clientèle. Autre temps, autres mœurs !!!
Reconnaissons quand même que les voitures de cette époque avaient un aspect relativement cossu, et que cela ne devait pas être si désagréable de circuler dans de telles voitures.

(cliché AMTP) 
Le tout est qu’ils survivent loin des chalumeaux, pour le plus grand bonheur de tous, à commencer par le notre, tout le monde est d’accord là-dessus, et c’est le plus important. A bientôt de vous voir transporté par cette unique et curieuse survivante d’un temps révolu, mais pas si lointain ! 

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