Le carnet du CFC

Travaux de Voie - C F de Pithiviers 

Bernard MERGER

La plupart des revues ferroviaires, pour ne pas dire toutes, présentent en photos, ou en commentaires, toujours de superbes matériels de traction et remorqués, mais presque rien sur la voie et les travaux s’y rapportant, et il y en a, pas des moindres !
Oui, c’est très bien d’avoir tout ce matériel, bien entretenu autant que faire se peut. Mais pour rouler, encore faut-il que cela puisse se faire dans de bonnes conditions. Autrement dit sur une voie, qui, si elle n’a pas la régularité le bourrage et le dressage prévu pour plus de 30 km/h, ce qui serait déjà pas si mal, en voie de soixante, n’en doit pas moins être d’une qualité proche de la perfection, ou tout au moins essayer de s’en approcher. Sinon cela s’appelle une présentation statique… Et grâce à qui cela peut se faire, hein ? Eternelle question que toute association cherche à résoudre, autrement que par des gains, improbables, au Loto, qui permettraient de payer des entreprises extérieures mécanisées et bien outillées, pour faire le travail, encore que parfois l’on soit assez surpris du résultat, et pas toujours en bien (on en sait tous quelque chose). Bref, on en revient aux bonnes vieilles recettes d’antan, à savoir des bénévoles, encore et toujours, de la bonne volonté, un train de travaux, sans oublier des tas de wagonnets remplis à ras bord de «pêche d’enfer» et d’enthousiasme. Une fois tout çà rassemblé, on y va, au boulot… 
A noter que sur le TPT, réseau décidément novateur, la brigade de la voie s’est construit une draisine à manivelle, permettant de transporter le matériel nécessaire à l’entretien de la voie, notamment une perceuse de rail, ou des crics, qui sont, comme chacun peut s’en douter, du matériel assez lourd. Sans oublier l’équipe de la voie qui va l’utiliser. Propulsion ? Un pédalier à hauteur d’homme, actionné par les «Gros bras».

(cliché B. MERGER)
Dépense de carburant égale à zéro ! Savoir qui pédalait, ça on en sait rien ; mais probablement pas le chef d’équipe ! Cette curiosité ferroviaire est conservée au Musée des Transports de Pithiviers. 
Pour en revenir au temps présent, en plein mois d’août, faire du renouvellement voie ballast, tirefoner, bourrer ou dresser, cela fait suer, au propre comme au figuré, non ? Il n’y a pas d’heure pour les braves, sauf une que l’on respecte, impérativement, et qui est donnée par les estomacs, c’est celle du repas, entre copains. Faut pas se laisser abattre, quand même ! Cela fait partie aussi de la convivialité, mais en pleine chaleur, il faut une sacrée dose de courage pour quitter les frondaisons verdoyantes, après la pause casse croûte, et faire une énorme croix sur une éventuelle sieste…
C’est d’ailleurs curieux, contrairement à ce que les touristes croient, que le nombre de volontaires se réduit toujours comme une «peau de chagrin» lorsqu’il y a du boulot disons moins médiatique…
Par contre, il n’y a pas d’horaire précis, car la séance de travail terminée, rien n’est fini, loin s’en faut.

(cliché A. ELAMBERT)
Le problème, qui est de taille, est que chez nous, il n’y a guère de moyens lourds et mécanisés pour effectuer ces travaux. Pas de bourreuse «Jackson», encore moins de dresseuse niveleuse, au mieux, grâce à la débrouillardise d’un certain membre, un tracto pelle qui permet d’enlever tout ce qu’un RVB peut laisser comme matériaux et autres ferrailles. En plus, quand cette mise à jour complète de la voie comporte encore les traverses en béton datant de la création de la voie du TPT, au mois d’août, la suée est garantie, car cela pèse. D’autres fois, après interruption totale de la voie, avec décaissement complet, lorsque un orage violent survient, on ne s’arrête pas, d’autant que la 020T et le train de travaux se trouvent du côté de Bellébat, il n’y a pas, il faut rétablir le tout, afin de regagner le dépôt. Pour le bourrage et dressage, on reviendra le lendemain. Il faut ramasser ce qui peut être emporté par le train de travaux, préparer ce que l’on viendra chercher un autre jour, à savoir vieilles traverses, éclisses, rails etc., ranger l’outillage, garer les wagons, vérifier et compléter le niveau de carburant du diesel, fermer le dépôt, et j’en passe.
En principe, si je n’oublie rien, vient enfin l’heure de la douche, qui, outre ses effets bienfaisants de relaxation, a au moins le mérite de décrasser. On devrait demander une sponsorisation auprès des savonneries... Après une journée d’exploitation plus une autre de travaux, les toxines n’ont plus qu’à aller voir ailleurs, et on apprécie d’autant mieux son dodo, en fin de journée ! Mais qu’est ce que cela pèse une barre à mine ; plein les bras en fin de journée. 
L’AMTP ne déroge pas à ces problèmes de main d’oeuvre, communs à toutes les associations, qu’elles soient fortunées ou peu, mais c’est ce qui fait leur vitalité
Comme quoi lorsque l’on renouvelle sans arrêt les demandes de renfort auprès de toutes les bonnes volontés, on risque de passer pour des radoteurs, et ce n’est pas rien !
Enfin, on est content quand cela roule à peu près bien, même si ce n’est pas toujours du «Billard»…
En tout cas, il faut redire encore bon courage à tous les taupiers et autres remueurs de terre, salariés ou pas, pour une prochaine bonne saison, et souhaiter la bienvenue à ceux que ce genre de travail ne rebute pas. Ce ne sont pas quelques courbatures et autres bleus qui vont leur faire peur, non ?

Contact : C F T de Pithiviers Rue Carnot
45300 PITHIVIERS
Tél : 02 38 30 50 02
E-mail : amtp45@wanadoo.fr
Internet : www.amtp.fr.st

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