Le carnet du CFC

Le Train du Pays Cathare et du Fenouillèdes en hiver (Pyrénées Orientales)

Texte et photos Bernard MERGER

Ayant connu ce réseau grâce à son stand sous le chapiteau dressé en gare de Thoiras lors des rencontres ferroviaires organisées par la CITEV, j’avais, alors, décidé de faire un tour sur ce jeune chemin de fer touristique, lors d’un déplacement dans la région. Il va sans dire que, comme pratiquement sur tous les réseaux visités à ce jour, la spontanéité et la gentillesse ont été de mise. Un bénévole nous attendait donc en gare de Caudiès, garage d’une partie du matériel. Je connaissais le mistral de la Provence, mais pas la «tramontane», soufflant en rafales atteignant120 Km/h, et accompagnée d’une pluie glaciale. Remontant en voiture, après ces moments ferroviaires agréables, vers 15h½, la surprise vint de la température extérieure, affichée : 7º !!!
Ce réseau n’est pas ordinaire, car circulant sur une voie SNCF sur laquelle un trafic fret subsiste, il faut demander à la grande boutique l’autorisation de mettre en marche ce train, les clients demandant l’enlèvement des marchandises restant prioritaires. La voie, entretenue par la SNCF, est en bon état, charge en moins pour les bénévoles de l’association, ce qui est énorme pour les 50 Km du parcours. Mais il y a une draisine, pour les taupiers entretenant les 11 Kms à la charge du TPCF.

 Construite en 1937 par les Ets Campagne, type DC série 37, d’un poids de 10,8 t, elle a bien sûr connu le PLM, avant d’arriver à la SNCF, motorisation RVI. Cet engin arbore la livrée rouge et blanche, appliquée sur pratiquement tout le matériel moteur, y compris sur le Saviem qui permet, à la demande, d’excursionner dans l’arrière pays cathare. En période de repos, comme le jour de ma visite, il servait de «panneau indicateur», afin d’indiquer l’accès de la gare de Caudiès. Présentation
originale comme balisage de l’activité de ce chemin de fer, et au moins, on ne peut pas dire que l’on a rien vu !!!
La pluie et le vent nous ont fait trouver refuge dans la caravelle en cours de réaménagement intérieur, à savoir suppression de l’ancien «coin» des 1 ères classe, pour n’en faire qu’une voiture de seconde classe, Le TPCF est obligé de satisfaire à des conditions économiques qui ne sont pas toujours compatibles avec du sentiment, le cœur et la raison en quelque sorte !!! De plus, les premières classes des caravelles ont très mal vieillies, d’où un entretien qui devient assez rapidement onéreux. Autre nécessité impérative, récupérer les places perdues par l’implantation d’un bar, aménagement très apprécié par les voyageurs. Enfin, côté «technique», l’alimentation électrique est à base de courant alternatif 230 V, ce qui permet l’emploi d’un réfrigérateur, d’un percolateur, d’une caisse électrique. De plus, des baies semi ouvrantes ont été positionnées des deux côtés de la caisse, permettant ainsi la création d’un courant d’air, appréciable en saison chaude, de même que cela facilite la prise de photos. Une sono haute qualité permet le commentaire de tous les voyages. Tout ceci vaut bien les 12 places «perdues», non !?!. Cet EAD a aussi une particularité rare, provenant de son origine. En effet le matériel est «prêté» par la SNCF, qui ne le vend pas. Amiante obligeant, c’est soit le prêt, soit le ferraillage !!!
C’est d’ailleurs valable aussi pour les BB 63000 circulant sur ce réseau, locos de 15 mètres de long, environ, pour un poids de 68 tonnes, et propulsées par un moteur développant 600 Cv pour la BB 63048, 725 Cv pour la 63138, et 750 Cv pour la 63226, leur conférant une vitesse maximum de 90 Km/h. Enfin, le moteur, neuf, de cet élément EAD n’accuse que 300 heures ; cela provient d’une politique assez particulière du propriétaire qui comptait mettre au rebus cette caravelle, puis changea d’avis en la dotant d’une motorisation neuve, en vue d’une utilisation plus longue.
Ces autorails sont propulsés par un moteur à plat, de 6 cylindres et 8 vitesses, embrayage automatique, ce qui est évident. Un autre élément doit rejoindre la cavalerie, l’X4607.

Il reste également des retouches de peinture, car il me semble que le rouge et crème reste de mise sur cette caisse, comme d’ailleurs la BB 63226, anciennement basée au dépôt de Dijon Périgny, qui ne changera pas de livrée, et gardera son soc chasse neige, guère utile dans cette région, mais qui ne nuit en rien à la beauté de l’ensemble.

Cette BB est munie de la «VACMA», et impose, même pour les diesels en étant pourvus, la présence de deux personnes en cabine, règlement oblige, comme également la titularisation et l’agrément du personnel de conduite à suivre le même parcours que ceux de la SNCF, qui après tous les examens, soumet au président la liste des agents susceptibles de conduire les engins ne dépassant les 40 Km/h. 
C’est çà, aussi, le partage d’une emprise, et il faut faire avec, si l’on veut exister durablement, surtout après tant d’efforts déployés pour donner un attrait touristique dans une région qui ressemble fort à l’impression dégagée par les ruines des châteaux Cathares : rudesse et «désert» !!!
L’autre particularité de ces BB 63000 vient de la puissance des motorisations, jalons
de l’évolution technique de ce système de propulsion. Il existe un autre autorail, le «Picasso» X3944, premier arrivé sur le TPCF, véritable «bonne à tout faire» que pratiquement tout le monde a connu, sur les lignes voyageurs de trafic plus faible.
Les couleurs des livrées donnent à ce parc une touche, non seulement colorée, mais aussi assez inhabituelle.
IIl n’y a qu’à voir un plat attelé à une BB 63000 pour s’en rendre compte. A remarquer les gouttes de pluie sur les photos, mais qui ne doit pas décourager les futurs visiteurs de ce réseau, au matériel aussi divers que curieux, et sur lequel vous êtes accueillis avec la même gentillesse qui caractérise bon nombre d’autres circuits, ce qui est un plus dans le plaisir de passer une agréable journée de vacances, dans une région que bien peu d’entre nous connaissent, préférant tailler la route vers l’Espagne, histoire de ne pas être perturbé par l’absence de foule, dont on se plaint pourtant à longueur de l’année. Croyez moi, ce touristique vaut le crochet, d’autant qu’en saison, les voitures ouvertes ou semi fermées feront votre bonheur !!!
Le meilleur accueil vous sera réservé près des références ci-dessous, car du fait des contraintes d’exploitation, des circulations peuvent être supprimées, malheureusement sans préavis ; alors autant tout prévoir, non ? 
Et la traction en vapeur, me direz vous ? Je ne pense pas que cela soit un jour possible, ce pour deux raisons majeures ; La première est d’ordre environnemental, à savoir les risques d’incendie. Aucun cendrier ni pare escarbille ne proposent une étanchéité totale. La deuxième est où trouver une machine puissante, et le prix sera toujours dissuasif, quoiqu’on en dise !!!
Histoire de rêver, avant l’heure des vacances, «En voiture pour un parcours que vous ne regretterez pas ; attention au départ.».

Allez, à bientôt de vous recevoir sur ce réseau qui gagne à être plus que connu, d’autant que, maintenant, vous avez découvert un réseau, de l’autre côté du ballast !!!

 

 

Contact : TPCF 26 boulevard de l’Agly
66220 Saint Paul de Fenouillet
Tél : 04 68 59 99 02
E-mail : info@tpcf.fr
Internet : www.tpcf.fr

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