Le carnet du CFC
Les Chemins de fer du Nord
Cette semaine, comme la dernière, ce sont encore les chemins de fer qui ont seuls défrayé
l'attention, nous pourrions dire qui ont excité la passion publique.
La prime qu'ont obtenue les actions du chemin de fer du Nord, les avantages avec lesquels ont été admises dans la
fusion, les compagnies les moins sérieuses, celles même avec lesquelles on était le moins tenu de compter, tout cela a monté l'imagination des aspirants actionnaires et des fondateurs de compagnies.
Il se forme des sociétés nouvelles
chaque matin sous prétexte de soumissionner les chemins qui restent à concéder.
Si vous demandiez à la plupart de ces conseils d'administration quelques détails sur le trafic actuel de la ligne qu'ils inscrivent en tête de leurs annonces et le produit probable du rail-way, ils seraient fort empêchés de vous répondre.
Mais
quel est l'actionnaire assez indiscret pour adresser de pareilles questions ? Si elle ne se
faisait et s'il fallait soumissionner sérieusement, combien en éprouveraient de mécompte !
C'est cependant ce qui semble devoir arriver.
La fusion pour la ligne du Nord a été possible parce qu'il n'y avait que deux compagnies sérieuses, et que toutes les autres savaient bien que leurs listes ne
pourraient
subir l'épreuve de la commission d'admission. Une fois que les deux grandes compagnies se sont
trouvées d'accord, les autres se sont estimées fort heureuses d'être
comptées pour quelque chose, et l'entente a aisément été générale. Mais quand, après
les mariages déterminés par une première
association dans l'affaire du Nord, il reste encore, comme sur la ligne de Lyon par
exemple, trois compagnies, et sept autres dont la constitution est à examiner, les transactions deviennent difficiles et la lutte est plus
probable.
Du reste, monsieur le ministre des Travaux Publics, par le retard qu'il apporte à déterminer les jours d'adjudication, encourage, sans le
vouloir à coup sûr l'industrie des fondateurs de compagnies. Le Moniteur
officiel se tait ; le journal des chemins de fer seul annonce que, suivant ses
informations, les adjudications seraient faites dans l'ordre ci-après et aux époques suivantes :
Débarcadère du Chemin de fer du Nord, rue La Fayette | |
Source : | Article paru sans signature dans l'Illustration du 20 septembre 1845. |