Le carnet du CFC

Les Chemins de fer du Nord

Cette semaine, comme la dernière, ce sont encore les chemins de fer qui ont seuls défrayé l'attention, nous pourrions dire qui ont excité la passion publique.
La prime qu'ont obtenue les actions du chemin de fer du Nord, les avantages avec lesquels ont été admises dans la fusion, les compagnies les moins sérieuses, celles même avec lesquelles on était le moins tenu de compter, tout cela a monté l'imagination des aspirants actionnaires et des fondateurs de compagnies. Il se forme des sociétés nouvelles chaque matin sous prétexte de soumissionner les chemins qui restent à concéder.
Si vous demandiez à la plupart de ces conseils d'administration quelques détails sur le trafic actuel de la ligne qu'ils inscrivent en tête de leurs annonces et le produit probable du rail-way, ils seraient fort empêchés de vous répondre. Mais quel est l'actionnaire assez indiscret pour adresser de pareilles questions ? Si elle ne se faisait et s'il fallait soumissionner sérieusement, combien en éprouveraient de mécompte ! C'est cependant ce qui semble devoir arriver.
La fusion pour la ligne du Nord a été possible parce qu'il n'y avait que deux compagnies sérieuses, et que toutes les autres savaient bien que leurs listes ne pourraient subir l'épreuve de la commission d'admission. Une fois que les deux grandes compagnies se sont trouvées d'accord, les autres se sont estimées fort heureuses d'être comptées pour quelque chose, et l'entente a aisément été générale. Mais quand, après les mariages déterminés par une première association dans l'affaire du Nord, il reste encore, comme sur la ligne de Lyon par exemple, trois compagnies, et sept autres dont la constitution est à examiner, les transactions deviennent difficiles et la lutte est plus probable.
Du reste, monsieur le ministre des Travaux Publics, par le retard qu'il apporte à déterminer les jours d'adjudication, encourage, sans le vouloir à coup sûr l'industrie des fondateurs de compagnies. Le Moniteur officiel se tait ; le journal des chemins de fer seul annonce que, suivant ses informations, les adjudications seraient faites dans l'ordre ci-après et aux époques suivantes :

  1. Paris à Strasbourg, Tours à Nantes vers fin d'octobre;
  2. Creil à Saint-Quentin dans la première quinzaine de novembre ;
  3. Paris à Lyon, Lyon à Avignon vers le 15 décembre. Toutes, cette année, se trouveraient ainsi concédées avant l'ouverture de la session prochaine.
Débarcadère du Chemin de fer du Nord, rue La Fayette
Source : Article paru sans signature dans l'Illustration du 20 septembre 1845.

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