Le carnet du CFC

Les locomotives Cooke
C F T de PITHIVIERS (Loiret)

Bernard MERGER

Alors que la Cooke 3-20 du CFCD est pressentie pour venir se dégourdir les bielles sur son ancien lieu de travail lors des festivités du 40^ème anniversaire de l’AMTP qui ont eu lieu les 17 et 18 juin 2006, il est bon de rappeler brièvement l’histoire de ces machines.
L’armée anglaise demanda aux constructeurs américains de participer à l’effort de guerre en fournissant une série de locomotives à vapeur, du type 131T. La série d’une centaine de machines, qui parviendra sur le front français dans le courant du 1^er semestre 1917, fut construite chez Cooke à Paterson dans le New Jersey. Ces machines, d’un poids de 17 tonnes, en ordre de marche, seront les locomotives les plus lourdes à voie de 60, lors de la première guerre mondiale. A la fin des hostilités, le TPT en acquit 4 exemplaires, et les mis en service en 1933, constituant ainsi la série des 3-20. Ces machines donneront toute satisfaction en remorquant indifféremment les convois de betteraves comme ceux de voyageurs. Un guidage par bissel, permettant, avec la même régularité, la marche avant ou arrière, le grand diamètre des roues motrices firent que sur le TPT, dans les dernières années de leur service, elles se retrouvèrent affectées plus particulièrement au service voyageurs

Diverses modifications seront apportées, avec, entre autres, l’adjonction d’entretoises obliques entre la boîte à fumée et la plate-forme au dessus du bissel avant, le changement de la forme des fenêtres, le déplacement des injecteurs, la rehausse de la cabine d’une de vingtaine de centimètres, et sa fermeture disgracieuse sur l’arrière vont modifier de façon assez singulière leur aspect.

Le schéma de la 3-22 de l’AMTP, dans sa configuration TPT, restitue assez correctement la vue de ces machines ainsi transformées. La construction ferroviaire américaine de l’époque avait des caractéristiques particulières, dont certaines méritent d’être mentionnées. Le châssis n’était pas constitué d’une poutre, mais était en acier moulé et/ou forgé ; les conduites de vapeur, l’échappement et l’admission se trouvaient encastrés dans une pièce massive, encastrée dans le châssis, tout en prenant les deux cylindres, et supportant par la même occasion la boîte à fumée. L’avant du châssis portant l’attelage est une pièce rapportée devant les cylindres. Une suspension compensée est réalisée par les ressorts extrêmes des essieux moteurs qui s’appuient au châssis sur des balanciers articulés et sur des biellettes de renvoi de charge. Les mécaniciens durent aussi se familiariser avec le maniement du régulateur se déplaçant sur un plan horizontal !!!
Lors de la fermeture du TPT, la 3-21 avait été ferraillée, vu son état. Les trois autres quittèrent le dépôt de Pithiviers, la 3-23 pour le pays de Galles, sur le réseau du Festiniog. 

Un collectionneur des Deux Sèvres acheta les deux autres, revendues ultérieurement, l’une à l’APPEVA (la 3-20), l’autre à l’AMTP (la 3-22), préservée par le musée.

Ces trois machines survivantes, d’une puissance d’environ 150 CV, sont les témoins de l’histoire mouvementée de la famille Cooke.

A défaut de voir les deux machines 3-20 et 3-23, avec leur petite sœur, la 3-22, en réparation différée à l’AMTP, mais on peut toujours rêver d’une triple traction, un jour.

Voici une vue assez particulière, à savoir celle de la chaudière et de son train de roulement d’une Cooke, la 3-22 du TPT, lors de sa remise en état de présentation muséographique, courant septembre 1996. Pour ceux qui n’ont jamais vu une Alco Cooke de près, cela leur permet de se faire une idée de cette construction ferroviaire datant de la première guerre mondiale, du massif vu dans son dépouillement, mais une certaine élégance une fois l’ensemble assemblé et tôlé. Les goûts et les couleurs ne se discutant pas, à chacun d’apprécier !!!!

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