Le carnet du CFC

On tractionne à l’AMTP !!
C F T de PITHIVIERS (Loiret)

Bernard MERGER

Une nouvelle saison touristique vient de démarrer, avec toujours le même enthousiasme de la part des bénévoles, toujours aussi peu nombreux, çà ne date pas d’hier, accompagnée des nouvelles contraintes sécuritaires du ministère de tutelle, c’est nouveau, mais tout en espérant, comme «d’hab.», une fréquentation au moins égale à celles des années antérieures, sinon plus importante, eu égard au boulot qui a été abattu durant la morte saison ; on peut toujours rêver, et croiser les doigts, quoique cette dernière solution ne «marche» jamais sauf dans les fictions et autres films pour enfants!!!
Vous qui allez venir passer une journée, sur notre réseau où vous êtes toujours les bienvenus, vous êtes vous demandé, en attendant le départ, ce qu’il peut bien se passer dans la cabine de la machine qui va vous emmener au terminus de Bellébat, puis vous faire revenir en gare de Pithiviers, bref comment on tractionne ? Retour case départ, un peu avant votre arrivée sur le site, alors que «çà sent le charbon» dans les environs !! 
«On va monter en gare, c’est bon, hein ?» En général, si on traîne vers 14 heures quinze, environ, près du dépôt, c’est à peu près ce que l’on peut entendre, entre le mécanicien et le chauffeur. Un dernier complément d’huile de mouvement dans les boîtes d’essieux, la purge, après la mise de la «schnouf» dans les bâches à eau, a été effectuée, descente d’environ un boulon dans le niveau d’eau et les cylindres ont été vidés des restants de flotte, frein d’immobilisation serré à mort, régulateur ouvert, une fois en avant, l’autre en marche arrière, et graisseurs ouverts. Léger chuintement, çà c’est de la musique agréable à entendre, mécanique bien huilée, machine rutilante, comme si elle sortait d’usine. On va au taquet du faisceau faire l’aiguille qui va nous permettre de monter en marche arrière vers la gare. Arrêt après cette dernière franchie, on verrouille l’aiguille non talonnable, la seule, en position voie principale. Léger coup de sifflet au mini PN de sortie des locaux de vie des agents, et nous voilà devant le système de calage de la rame, que le chef de train a baissé. Attelage, en douceur, mise en place des chaînes de sécurité de la voiture de tête, pousse pour enlever la cale de la première roue, on serre le frein, changement de marche au point zéro, et on attend l’ordre du départ, à 14h½, pour le premier train. Au retour, une fois à quai, le chef de train calera la rame, sous la dernière roue, ira relever le taquet anti dérive, et actionnera, à côté du levier, un bouton poussoir, qui allume un œilleton électrique, sur un des montants de la gare, indiquant de cette façon que la rame est en sécurité, et qu’on peut alors dételer la machine. On lui fera un complément éventuel d’eau, à la grue hydraulique, sur le grill de la gare, avant de venir se remettre en tête des voitures, pour le voyage suivant.
Pendant la pause sur le quai, réponse aux questions posées par les visiteurs, photo du gamin sur le tablier. La cloche PLM égrène ses coups, départ imminent. Le, ou la, chef d’exploitation sort de la gare, sifflet à la main, et avec le guidon de départ, vérifie la mise en place des chaînes de sûreté sur les voitures, en remontant vers la loco. Coup de sifflet assez long, et annonce : «Les voyageurs pour Bellébat en voiture, s’il vous plaît, attention au départ». Approche de la cabine de conduite et un «départ» vocal confirmé au guidon nous donne la voie libre. On décolle la rame, et on la laisse pousser la machine, vu la rampe du dépôt, pas besoin de tirer sur le manche. Attention de ne pas se laisser entraîner par la charge remorquée, surtout avec les «Valenciennes», assez lourdes et qui poussent pas mal, car après le passage sous le pont ferroviaire ex P O, à la sortie de la courbe, et toujours en rampe, il y a les feux qui arrêtent la circulation routière, et nous donnent le passage, par une barre lumineuse blanche verticale.

Lorsque c’est le Gmeinder qui tire, l’habileté sans faille du mécanicien se reconnaît au fait qu’il n’y a pas besoin de se servie du frein direct à air, car bonjour les secousses répétées ;
La commande du frein d’immobilisation se trouvant sur la droite du pupitre de commande
la descente se fait comme sur du velours. Après, il faut être vigilant, car si la voie n’est pas libre, arrêt obligatoire pour la synchronisation au rouge des feux routiers. En cas de non fonctionnement de ce dispositif, c’est le chef de train qui gardienne ce PN. Le grand carrefour routier passé, on se dirige vers le PN de la rue Moreau, protégé par le chef de train, qui est descendu en marche, vitesse du convoi réduite, bien sûr. On continue doucement, car autre PN, assez dégagé au niveau visibilité, mais surtout croisement, à niveau, d’un embranchement VN et notre voie étroite, situation plus que rare, pour ne pas dire unique de nos jours. Ce passage se fait «au pas» car cela ressemble à une marche d’escalier, suite aux à coups. Le dernier essieu passé, le mécano surveille le signal donné par le chef de train, au drapeau, et on ouvre le régulateur, pour gravir la rampe de «Boucheny». Là, on peut entendre le claquement de l’échappement de la locomotive, qui se défoule, tout en se ramonant les conduits ; attention aux vêtements blancs de ceux qui se sont imprudemment installés sur la plateforme de la première voiture ! mais tout se lave de nos jours, non ? Ralentissement en haut de la rampe, avant de passer sous le pont de la rocade routière, contournant Pithiviers, car juste après la culée, il y a un petit PN, coup de sifflet, au panneau S, pour prévenir de notre arrivée. Et c’est parti pour un voyage sur le plateau beauceron. La voie présente, peu après, un ralentissement. Le trajet se poursuit, ensuite, et là le chauffeur peut s’occuper de son feu, de l’eau, choses que l’on évite de faire en gare, respect des riverains s’imposant, cela va de soi. On maintient une vitesse assez élevée, autant que peut faire l’état de la voie. Autre PN en vue, coup de sifflet, assez long, on ne gêne personne, à part le gibier à poils et à plumes, dans les champs environnants. Puis, c’est la descente vers l’évitement des «carrières», que l’on franchit aiguille en avant, donc pas à fond la caisse. Cet évitement est un survivant du réseau qui permettait le croisement des trains durant la campagne de ramassage des betteraves. Il sert, actuellement, et surtout s’il y a des agents en nombre suffisant, pour assurer deux trains de pouvoir soit échanger les machines d’avec leur rame, soit c’est un changement des équipes de conduite qui peut également s’effectuer. Spectacle garanti, mais de plus en plus rare, vu le nombre de bénévoles que l’on peut rassembler pour une journée d’exploitation, et çà, c’est bien dommage !!!

C’est là que l’on voit si l’équipe de conduite connaît le profil de la ligne, c'est-à-dire qui ne freine pas sans arrêt, réduisant les consommations de combustible et d’eau, et qui respecte le confort des voyageurs. Il ne faut quand même
pas oublier que les sièges sont rembourrés avec 
des «noyaux de pêches». Une courbe, anciennement dotée d’un dévers suit, à ne pas prendre trop vite, surtout si l’on tire les «Valenciennes», assez hautes sur pattes, et qui ont tendance à jouer les danseuses de premier ordre !!! Le voyage continue, toujours en accotement, comme cela était dans le temps du réseau betteravier du TPT. Les banquettes ont été aménagées, avec rectification de la voirie, ce qui est un plus au niveau de la sécurité ; au moins le train touristique n’est plus hors la loi, alors qu’il avait roulé ainsi pendant plus de cent ans au bord de la RD22, avant les titillements administratifs récents de la DDE, pourtant exploitante du réseau jusqu’en 1964. Le petit train était alors devenu dangereux.

Non mais, vous vous rendez compte !?! On arrive à un nouveau PN et, juste après, on quitte le voisinage de la route, pour arriver à Bellébat, terminus d’un voyage de 4½ Km. Le premier train ne prend pas la boucle de contournement de ce grand terrain, arboré et aménagé pour le pique nique, avec parking dans ses emprises. On peut, si l’on est venu en voiture, s’installer, et on passe à table, en attendant l’arrivée du premier train, que l’on peut emprunter ici pour redescendre sur Pithiviers, le temps de la visite du musée. En effet, après arrêt le long du quai, coupure de la machine et de la rame, elle prend la voie d’évitement, et repart vers l’arrière du train, afin d’aller chercher le wagon bar, déjà dételé, qui va être positionné de l’autre côté de la gare, près du triangle américain de retournement.

Re-marche arrière pour venir s’atteler, à nouveau, en tête de la rame, et, après vérification du feu et du niveau d’eau dans la chaudière, on attend le départ, pour cette fois ci emprunter la grande boucle, installée il y a quelques années par les militaires du 5ème Régiment du Génie, ce qui leur a fait un sacré entraînement, grandeur nature. Annonce par le chef de train «les voyageurs pour Pithiviers en voiture, s’il vous plaît, attention au départ !». Ce qui n’est d’ailleurs pas une obligation, car les visiteurs peuvent prendre le train suivant, selon que leur visite du musée est terminée, ou non, ou alors, quand il circule, prendre l’autorail Crochat quand il assure un train supplémentaire, annoncé par son pin-pon désaccordé et si caractéristique, ce après emprunt du triangle de retournement, étant unidirectionnel. Coup de sifflet strident du chef de train, qui fait ici office de chef de gare, réponse du sifflet de la locomotive, et c’est reparti pour terminer ce premier train, en refaisant tout à l’identique, mais en sens inverse ! 

(Cliché A. Elambert)
Au dernier train, ce n’est pas la bousculade, car avant le retour, il faut ranger les tables, chaises et parasols, remettre le wagon bar en état de remorque, fermer la gare, cadenasser aussi la barrière de PN roulante qui clôt le terminus, en ayant vérifié qu’il ne reste plus de voitures, bref la journée n’est pas encore finie, loin s’en faut. Une fois la rame calée, au terminus, descente vers le dépôt, car il faut s’occuper de la bécane, à savoir taper le feu, faire le plein de la chaudière, jusqu’à plus soif, capuchonner la cheminée, fermer les portes, faire un dernier tour pour s’assurer que rien ne risque, et, enfin, direction les douches, histoires de paraître un peu plus propre !!

Vous n’avez rien remarqué, en lisant ces quelques lignes ? non ? Eh bien, je vous rappelle que tout le voyage s’est déroulé en tissu urbain et en accotement d’une route, comme depuis l’origine du TPT. Cela change de beaucoup de réseaux, pour ne pas dire 
de presque tous, qui circulent, eux, en site propre. D’où plus d’attention afin de satisfaire la sécurité des circulations. Çà aussi c’est encore quelque chose qui différencie l’AMTP de ses frères. 
Pendant ce temps, à Bellébat, le calme est enfin revenu, et la nature reprend ses droits. Les bécasses sortent de leurs caches, suivies de leur nichée, les lapereaux courent dans l’herbe, et les moineaux terminent le nettoyage des abords de la terrasse, en picorant les miettes échappées d’un biscuit ou d’un sandwiche. Demain sera un autre jour, c’est sûr, mais c’est çà une journée sur un chemin de fer touristique ! Vous n’êtes toujours pas partant pour passer une journée plus qu’agréable en Beauce, au grand air ? Vous avez bien tort, croyez moi. Et les enfants, le soir, soyez certains qu’ils ne demanderont pas leur reste pour faire une bonne nuit ! Allez, à bientôt de vous voir chez nous, vous ne le regretterez pas.

Contact
CFT de Pithiviers, rue Carnot, 45300 PITHIVIERS
Tél : 02 38 30 50 02
Email : amtp45@wanadoo.fr
Internet : www.amtp.fr.st

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