Le carnet du CFC

Les voitures voyageurs de l’AMTP - Les « Valenciennes »
C F T de Pithiviers (Loiret)

Bernard MERGER

Comme la plupart des réseaux ferrés touristiques, l’AMTP, à sa création, se préoccupa de sauvegarder le maximum de matériel, traction et remorqué, qu’il soit voyageurs ou marchandises.
L’objectif avoué étant de remettre ce patrimoine en état, afin de le sauver des chalumeaux voraces des ferrailleurs et de la boulimie du «tout automobile», il fallut se préoccuper de pouvoir transporter des voyageurs sur un réseau, à construire ou à remettre en état, suite à la fermeture pour cause de non rentabilité, le plus souvent. Les premiers convois étaient, le moins que l’on puisse dire, des plus rudimentaires : tombereaux affublés de marche pieds, et pourvus de «sièges» qui n’en avaient que le nom, au niveau du confort, et de la protection des intempéries. Les voitures qui circulent sur le réseau ont donc des origines diverses et aussi variées que possible. La classification peut se résumer à trois catégories principales, accompagnées de deux autres particulières, savoir la V6, monument historique et unique survivante de l’ancien réseau voyageurs du Pithiviers-Toury, et la minuscule voiturette d’inspection Decauville, à quatre places, et qui bien sûr, n’entre pas dans la composition de rames exploitables en saison touristique.
La première rame, dite "Valenciennes", se compose d’anciennes remorques des tramways de cette ville, réformées par suite inéluctable du passage réseau ferré urbain, à celui de véhicules routiers, en 1966. Bien évidemment, ces remorques ne purent être utilisées en l’état, ne serait ce que par leur écartement métrique.
Ces engins sont très lourds, et sont dotés d’aménagements intérieurs provenant d’anciennes banquettes en bois, provenance directe de la réforme des premières rames Sprague, pour ceux qui les ont connues. Selon la pratique en vigueur à cette époque les fenêtres sont à ouverture verticale. 
(cliché A. ELAMBERT)
Les plateformes d’accès sont fermées par des portillons en fer, et une porte coulissante en bois et vitrée, à chaque extrémité, protége l’intérieur du froid et des intempéries. Avouons que une ou deux voitures identiques supplémentaires auraient permis de posséder une rame de toute beauté et d’une homogénéité remarquable, longue, certes, mais quel régal pour les photographes !!! Ces voitures, de par leur structures originelles, en font des véhicules au gabarit généreux, ce qui se voit au premier coup d’œil, extérieur, et surtout lorsque l’on s’installe à leur bord. Cette différence provient, dans la plupart des cas d’adaptation de véhicules non prévus, à l’origine, pour le transport de voyageurs. Notre «convoi» pose plusieurs problèmes, le premier étant le poids d’une telle rame, et les équipes de traction en savent quelque chose. En effet, dans les descentes, en particulier celle de la rampe du dépôt, en direction des faubourgs de la ville, vers Bellébat, on sent bien qu’il y a du poids derrière la loco. Ensuite, sur certaines sections de voie à la géométrie pas très favorable, la hauteur de ces voitures sur leur roulement a tendance à les transformer en danseuses. Peut-être une trop grande souplesse dans les ressorts ? On a l’impression d’être assis sur des noyaux de pêches, mais cela fait partie de ces voyages dans le temps, comme au bon vieux temps des omnibus d’antan !!!
Malgré cette ancienneté relative, l’intérêt ne semble pas très désuet, impression due sans doute au cloisonnement et à la variété de la disposition des banquettes, au plancher en bois assez épais, et aux petites portes coulissantes, donnant ainsi une impression de petits compartiments longitudinaux.
Une dernière chose, c’est lorsqu’une de ces voitures passe en en grand entretien, vu le travail sur la charpente bois, on s’aperçoit que l’appellation «tôlée» n’en possède que l’appellation, toute relative.
Il faut tirer un sacré coup de chapeau aux trop peu nombreux bénévoles qui turbinent durement pour que des voitures ne subissent pas, comme on dit, les outrages du temps, dus comme toujours, au manque de place pour pouvoir abriter tout ce qui a été préservé à ce jour. La photo d’une de ces Valenciennes, en complète réfection donne, pour ceux qui n’en ont pas la moindre idée, de ce que peut représenter la remise à neuf d’un tel matériel. 

(cliché A. Elambert). Bien avant les recommandations de sécurité, ces voitures possédaient une intercirculation, fermée, sur chaque extrémité des plateformes, ainsi qu’une plaque métallique recouvrant les «tulipes» d’attelage, évitant ainsi tout risque de chute aux chefs de trains, ainsi que les chaînes formant ainsi le triple attelage de sécurité en vigueur depuis peu. Une telle remise en état «comme» neuf ne se fait pas tous les ans, heureusement.
Les voyageurs ne se rendent pas compte, lorsqu’ils empruntent de telles voitures, que le confort tout relatif offert est quand même la finalité d’un important travail, pour présenter, autant faire ce que peut, une rame aussi belle qu’homogène

(cliché A. ELAMBERT)
Le charme des compositions ferroviaires d’il y a plus d’un demi siècle fait ressurgir, pour ceux qui les ont connus, les déplacements au cours duquel le temps ne comptait pas. Il est aussi à remarquer, que lors de la remise en état de ces voitures, la récupération de sièges de la RATP, permit de varier l’aménagement intérieur de ces voitures ! Par contre, lorsque la météo guère favorable, et sujette à humeur imprévisible, oblige à former une telle rame, et qu’au retour du premier voyage, le beau temps s’installe pour le restant de l’après midi, on comprend que les manœuvres de formation de convoi peuvent paraître plus que longues et laborieuses. Quoiqu’il en soit, lors de votre prochaine visite au musée, vous aurez l’occasion de pouvoir admirer ces voitures, comme les autres, que l’AMTP s’efforce de maintenir dans tel état afin de vous satisfaire. 
La nouveauté, cette année, vient de la remise en service d’une de ces voitures, la B145 précisément, à qui il a été appliqué une nouvelle livrée.
Bien sûr, il serait possible d’accélérer, mais les rares bras disponibles font ce qu’ils peuvent ! Aussi, une fois encore, si vous vous sentez attirés par la sauvegarde, de ce patrimoine, vous êtes les bienvenus.
Il est certain que lorsque vous viendrez passer une journée, durant les mois de vacances, vous ne verrez pas circuler de telles voitures fermées. 

(cliché A. ELAMBERT).
Par contre, sur le grill du dépôt, il vous sera possible de voir la variété des matériels préservés par l’AMTP depuis plus de 40 ans.
A bientôt de vous accueillir avec le plus grand des plaisirs, et de vous donner l’envie de revenir passer de bons moments chez nous, plutôt qu’englués dans des visites surchargées de personnes, qui ne vous font pas profiter de la détente.

Contact
CFT de Pithiviers, rue Carnot, 45300 PITHIVIERS
Tél : 02 38 30 50 02
Email : amtp45@wanadoo.fr

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