Le carnet du CFC

En longeant l’Aisne

Freddy Genot

Il y avait en Belgique plus de 5000 km de voies secondaires ou chemins de fer vicinaux. Ils avaient pour objet de rapporter de l’argent à leurs actionnaires ce qui fut loin d’être toujours le cas et de faciliter le déplacement des habitants de villages éloignés des lignes principales qui, elles aussi, se développaient sur 5000 km. 

C’est en 1885 que commença l’étude d’une ligne vicinale qui devait permettre aux populations habitant entre les lignes principales Liège-Jemelle et Liège-Luxembourg de se déplacer plus rapidement. Ces deux lignes sont distantes d’une quarantaine de kilomètres à hauteur de Manhay.
La concession demandée fut accordée en 1904. La construction de la ligne commencée en 1908 s’acheva en 1912. La voie métrique partait de Comblain la Tour à 32 kilomètres de Liège sur la ligne de Jemelle pour rejoindre la même ligne 30 kilomètres plus haut dans la vallée de l’Ourthe à Melreux.
De Comblain, le vicinal s’élevait sur le versant droit, passait par Xhoris, Ferrière et à proximité du petit séminaire de St Roch et de l’église de Saint Antoine, lieux de pèlerinage.
Il passait ensuite par Ferrière et Manhay, important carrefour sur la route Liège- Bastogne. Il descendait ensuite vers Erezée et Melreux par la vallée de l’Aisne.
Il fallait 2 heures 38 pour parcourir les 64 kilomètres de la ligne. 
A l’origine, la traction était assurée par des locomotives à vapeur. Des 1933 la SNCV (Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux) fit construire des autorails à caisse bois et moteurs à essence, et des autorails à caisse métallique autoportante. Ceux-ci avaient une transmission par cardan et un moteur diesel de 100 chevaux.
Pendant la seconde guerre mondiale, la traction vapeur fut à nouveau à l’honneur faute de carburant diesel. Après la guerre, les autorails à caisses bois furent transformés en véhicules tracteurs, alourdis et équipés de moteurs diesel 150 chevaux destinés à l’origine aux chars Shermans en version 180 chevaux.
C’est tracté par un de ces autorails que par un beau dimanche d’août dernier j’ai découvert la ligne de l’association « le tramway touristique de l’Aisne, TTA ». 
En effet, si le service voyageur a été arrêté par tronçons entre 1948 et 1954, le service de marchandises ne disparaîtra totalement qu’en 1959.
C’est en 1965 que l’association TTA commença les travaux de réhabilitation d’un premier tronçon de la ligne.
Celle-ci, longue de 11 Km, présente un intérêt touristique certain. Partant du pont d’Erezée elle passe par le hameau de Blier et le village d’Amonimes. Le convoi suit l’Aisne pour rejoindre Lamormenil à 7 Km de Manhay à travers une campagne verdoyante très fréquentée par les touristes.

Les voyageurs sont installés, par beau temps, dans deux baladeuses, dans les remorques vicinales par temps pluvieux. Le receveur commente la promenade et donne des informations sur le matériel en service.
L’association se consacre à la conservation du tramway vicinal rural. Elle possède 53 véhicules vicinaux dont un plat construit en 1887 ainsi que 16 véhicules non vicinaux.

La collection compte 3 locomotives tramways bicabines et 5 autorails et la voiture construite pour les voyages de la Famille Royale.

En passant le long du dépôt de Blier, on peut voir une partie de la collection en attente de restauration. Apparemment, l’association manque de moyens pour renouveler les chaudières des machines à vapeur et pour restaurer le matériel.

Le billet pont d’Erezée Amonimes, 7 Km est vendu 7€.

L’association dispose d’un site internet très complet, http://www.tta.be

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