Le carnet du CFC

Bracieux - L'ancienne gare du tramway à vapeur

Denis ENTERS / BRACIEUX / ancienne gare / 20/06/2009

carnet01_01.jpg (75556 octets) Propriété communale, elle figure au cadastre à la section "A" sous le N° 262

Préambule
On ne peut présenter une note sur l'ancienne gare de Bracieux sans prendre en compte que la commune s'est toujours positionnée comme un centre commercial et que de ce fait elle s'est toujours inquiétée de la qualité des voies qui la desservent, comme en témoigne la lecture des registres municipaux.
En effet, Bracieux, commune de 295 ha, ne pouvait vivre que par sa position géographique privilégiée, au carrefour de voies importantes.
Ce qui était vrai hier, l'est toujours aujourd'hui.
Aussi, c'est dès 1870 que le Conseil Municipal prend position pour être un arrêt sur la ligne de Blois / Romorantin. (délib. du 19 janvier 1870)
Il confirme son intérêt en délibérant sur le tracé de la ligne reliant St Calais à Romorantin par Vendôme, Blois et . . . Bracieux ! (délib. du 3 novembre 1872)
Mais il faudra attendre 1884 et le projet de la ligne de tramway à vapeur, reliant Blois à Lamotte Beuvron pour que la commune voit enfin ses espoirs d'être desservie par une voie de fer.

Blois / Lamotte – Beuvron
Il n'est pas question, ici de produire une étude sur ce sujet, mais simplement de regarder, à travers les délibérations du Conseil Municipal, les événements particuliers qui ont accompagné les décisions et la construction de la ligne.
Tout commence en février 1884, lorsque le Conseil Municipal :

carnet01_02.jpg (348324 octets)(pour une correspondance avec la ligne Blois / Romorantin) Une année et demi plus tard le Conseil Municipal approuve le tracé définitif et rappelle sa position

Faits divers
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Il serait surprenant qu'un tel chantier, déplaçant tant de monde, se déroule sans problème de cohabitation entre la population locale (le Solognot est méfiant dit-on) et les ouvriers de toutes provenances construisant la ligne.
A Bracieux les faits reprochés à ces "étrangers" sont graves puisque l'on parle de 3 tentatives de meurtres ce qui conduit à un état d'exaspération dont le Conseil Municipal se fait le rapporteur auprès du Préfet en lui demandant d'intervenir.

Litiges
Le 22 juin 1891 le Conseil Municipal est appelé à régler le prix des terrains occupés sur son territoire.
Il refuse, tout en rappelant sa délibération du 17 février 1884, prétextant avoir été écarté des négociations menées par les
agents de la compagnie des tramways et que, de ce fait les intérêts de la Commune n'ont pu être défendus.
Parmi ces propriétaires, Mme Gabrielle Bergevin, marquise de Flers, intente un procès à la compagnie pour obtenir le
paiement des emprises par elle cédées, arguant du fait que la commune de Bracieux. s'y était formellement refusée!
La compagnie, par voie d'avoué demande à la commune de s'exécuter et celle-ci demande au Préfet l'autorisation de se
défendre au tribunal (délib. du 18 septembre 1891).
La Commune doit régler son avocat (délib. du 26 août 1892) et à faire une offre de 2.000 Fr à la marquise de Flers, selon une estimation de Mr Denis (délib.du 23 février 1893).
L'affaire se terminera par une expropriation des terrains appartenant à la marquise (délib. du 8 septembre 1893)

Qui était Gabrielle, Marie Bergevin, épouse de Hyacinthe, Camille SPIRO, François de Paule de la Motte Ango, Marquis de Flers ?
carnet01_04.jpg (404268 octets)A quelle titre était elle propriétaire de terrain à Bracieux ?
Elle était l'arrière petite fille de Marie Bergevin, épouse de Denis Simon Bourguignon qui furent les propriétaires du domaine d' Herbault et ,par succession, possédait, "le Verger", domaine sur lequel la ligne et la gare furent construites.
(Information aimablement communiquée par Mme Simone Grumeau, membre du cercle généalogique de Loir et Cher) 

La gare de Bracieux

Sur cette ligne de Blois / Lamotte Beuvron, Bracieux n'était qu'une simple halte sans bâtiment, ce n'est qu'en 1895 qu'il est projeté de construire une gare à Bracieux.
Le 6 octobre 1895 le Conseil Municipal approuve le projet "d'abri à voyageurs", d'un montant estimé à 3200 Fr présenté par Monsieur Rousseau, conducteur des Ponts et Chaussées à Bracieux et confirme ce choix le 15 mars 1896, refusant
d'adopter le plan des gares du Loiret.
Par ailleurs et par délibération du 8 septembre 1896, il s'engage :

N'ayant trouvé aucun plan de ce bâtiment dans les archives, je me suis rendu, le 20 avril de cette année 2009, prendre les mesures de celui-ci, afin de proposer le schéma ci-contre qui, me semble t il, parait être la distribution d'origine des locaux.

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La Gare
Schéma du 20 avril 2009

Coût de l'opération

Achat de terrains  2 145,00 Fr
Marquise de Flers  2.000 Fr.
Famille Chesnay Porchereau  40 Fr
Famille Rose Leloup  30 Fr
Famille Richard Métivier  35 Fr
Famille Cadoux  40 Fr
Construction de la gare  3.252,53 Fr
Total des dépenses  5.397,53 Fr (il convient d'ajouter à ces sommes les frais d'avocat et honoraires)
Aides reçues  850,00 Fr
Aide de la compagnie des tramways  600 Fr
Souscription  250 Fr

Pendant toute la durée du fonctionnement de la ligne, les Conseils Municipaux de Bracieux n'ont cessé de demander l'amélioration soit des horaires pour permettre la correspondance avec les trains de la ligne Blois – Romorantin (à la gare de Mont) et ceux du Paris Orléans (à la gare de Blois).
Malgré l'insistance des élus locaux qui argumentaient sur la commodité pouvant ainsi être offerte aux voyageurs et sur la simplification des conditions de transfert des marchandises ainsi que sur la diminution du coût de ce travail, les promesses faites par la compagnie des tramways ne furent pas tenues.
La gare de Bracieux, tout comme la ligne de tramways, est fermée depuis 1934.
Elle a, pendant longtemps servi de dépôt pour les services routiers de la Direction Départemental de l'Équipement.
Acquise par la Commune le 30 avril 2007, elle sert aujourd'hui d'atelier au Syndicat d'Entretien du Bassin du Beuvron (S E B B ).

carnet01_06.jpg (74252 octets) carnet01_07.jpg (71838 octets)

carnet01_08.jpg (193437 octets)carnet01_09.jpg (77227 octets)Un artiste s'est inspiré de cette carte postale ancienne pour réaliser cette gouache sous laquelle il met comme légende :
Bracieux. Chargement des étais à l'embarcadère. La Sologne blésoise fournissait les poteaux de mine. Le chemin de fer du Blanc à Argent les acheminait vers les grandes lignes.
D'après une carte postale du début du siècle. Merci à lui de m'avoir autorisé à l'utiliser j'invite tous les amateurs de peinture à visiter son site Internet : http://cfc-artiste.ifrance.com.

Remerciements
Mes remerciements vont tout particulièrement à :
  • Monsieur le Maire de Bracieux et le personnel du secrétariat de mairie,
  • Monsieur Daniel DESROCHES, Président du S E B B
  • Madame Simone GRUMEAU THENOT
  • Les agents des services des Archives Départementales de Loir et Cher
  • Le responsable du S E B B,
  • Monsieur Marc André Dubout, artiste peintre http://cfc-artiste.ifrance.com
  • Toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu me prêter leur collection de cartes postales anciennes, m'autorisant à les utiliser,
    Je nommerai ici : Brigitte Van Der Vende Charmat et G.B,
  • Sans oublier Christiane Chalon dont la mémoire infaillible m'a été d'un grand secours.
Sources utilisées
  • Archives et registres municipaux,
  • Il était une fois . . . Bracieux (René Faucheux),
  • Bulletin – Tome 28, N° 3 du Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne (G R A H S),
  • BNF Gallica "annuaire de la noblesse"
  • Assemblée Nationale, base des données historiques
  • Roostweb.ancestry.com
  • Site de généalogie " pierfit" de Généanet

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