L'Association

Les Péchot et Decauville du CFC

MAD

Ce sont des wagons bientôt centenaires puisqu'ils ont été construits pour la Grande Guerre de 14-18 par De Dietrich (1914) pour les Péchot et par Decauville (1916).
Ils étaient affectés à la place forte de Toul1.
Un ouvrier qui travaillait sur la voie m'avait signalé ces wagons chez Luchaire (Cher) j'y suis allé immédiatement en été 1989.
On les a récupéré chez Luchaire (production d'obus) ils servaient à la desserte des casemates isolées en forêt. Il y avait tout un réseau et le matériel était tracté par deux locotracteurs que nous n'avons pas pu récupérer à l'époque. Les négociations n'ont pas été compliquées, l'usine voulant se débarrasser des wagons devenus encombrants. Le problème était le transport, problème de coût surtout parce qu'il a fallu avoir recours à six semi-remorques plus une grue pour les décharger au CFC (à l'époque nous n'avions pas de palan et de toute façon le camion n'aurait pas pu rentrer dans le dépôt puisqu'il n'existait pas).

Chez Luchaire fin des années 80, il y avait deux petits locotracteurs Decauville assez récents pour la manutention des wagons en voie de 60.
Le réseau à l'intérieur de l'usine était considérable et en voie fortement armée. Différentes branches partaient dans tous les sens. Ce réseau aurait fait envie à plus d'une association. Ici on voit un raccordement, la voie suivait une route interne à l'usine dans la forêt.
Exemple de voie à l'intérieur de l'usine. Comme on peut le voir, le rail d'une trentaine de kilos au mètre était posé sur un travelage en chêne de bonne qualité, le tout reposant sur du ballast.
Les wagons étaient garés en bon état sous l'auvent d'un hangar qui lui aussi en terme de dépôt aurait fait des envieux.
Ici les Decauville transformés avec des ridelles aux extrémités.
et plus loin des Péchot eux aussi transformés pour les besoins de l'usine.
Ailleurs encore, il y avait des wagons ou parties de wagons au rebus. On a tout pris ! Pour nous ce n'était pas du rebus

Cette visite me laissait rêveur Des coups comme ça dans la vie d'une association on les compte sur les doigts de la main. Celle-là nous a valu un doigt. Il y en a eu d'autres.

Six semi-remorques ont été nécessaires pour l'acheminement de ce matériel. Au CFC nous ne savions pas où les garer. 

Le 1er novembre 1989, 14 Péchot et 9 Decauville, arrivaient au CFC et les manutentions commencèrent, les problèmes aussi 23 wagons de 8 mètres plus des bogies, ça représentait environ 200 m. Où les garer ? Nous n'avions pas le deuxième dépôt ni les voies 10 & 12. Heureusement la quatrième tranche du parc (Les Tilliers) avait été aménagée et la voie de retournement autour du belvédère était libre. Nous avons donc demandé l'autorisation de les garer provisoirement sur cette voie.

L'acheminement des wagons par groupes de quatre vers les Tilliers.
Nous avions eu la bonne idée de les trier lors du déchargement.

Les associations ayant eu connaissance de cette opération nous ont demandé si elle pouvait avoir des wagons pour leur exploitation. C'est ainsi que trois Péchot allèrent sur le chemin fer du Creusot et trois autres sur celui de Bligny qui nous demandèrent en octobre 1999 une paire de bogies Péchot pour remplacer deux défectueux. Un contrat de dix ans renouvelables fut signé entre nos associations.

7 wagons ont été transformés au CFC. Depuis 1989, nous avions acquis quatre locotracteurs Plymouth, il leur fallait des voitures.  Lors de la création de la quatrième tranche du parc nous nous étions engagés à construire du matériel roulant l'objectif à terme était de faire rouler quatre trains en ligne.
Nous décidions de construire d'un coup trois "baignoires" pour avoir une rame supplémentaire. Le chantier était mené par Jean Pierre S. À cette époque Thierry M. qui travaillait à la RATP nous avait fait avoir un lot de sièges de RER MI68 en moleskine.

En mars 1991 Le jeune Jean-Pierre S. travaille sur les baignoires

 

Ca ne chôme pas au dépôt à cette époque nous étions à peine cinq ou six présents.
Au fond la voiture fermées entièrement construite au CFC y compris les bogies.

La mise en peinture est assurée par Guy V.
Guy V. en train de faire les filets sur une baignoire.

Un bogie Péchot a été envoyé chez SOCOFER pour étude du freinage à air. Six mois plus tard aucun résultat.

C'est Michel J. qui a trouvé la solution. Gilbert, Jean Claude et moi l'avons réalisée.
Réalisation d'un bogie freiné. Par défaut un ressort calculé serre les roues. Un poumon contrarie les ressorts et ouvre les sabots. En cas de rupture d'attelage, les ressorts s'appliquent immédiatement sur les roues.
Le bogie freiné mis en place il ne reste plus qu'à monter la conduite d'air et les mains d'accouplement.
Le montage des sièges.
Le chantier des V12 à 14 prend forme.
Parallèlement nous construisions la voiture fermée V10.
Nous avions réalisé une belle rame ! 

Nous faisions une pose sur la construction des voitures. À cette époque arrivait la Bertha et moi je venais le soir après le travail pour faire la petite voiture salon. Il m'a fallu six mois pour la construire.

En 98 nous reprenons le chantier voitures avec la construction des V16 & V17.

C'est toujours Jean Pierre qui s'en charge.
En même temps un châssis Decauville est aussi transformé en voiture fermée.
Au premier plan restauration d'un bogie. Le système de freinage est le même que pur les Péchot mais c'est plus confortable parce qu'il y a plus de place.
Le chaudron est presque terminé il ne reste plus qu'à poser le toit Parallèlement les sièges sont préparés.
Et voilà le travail ! la V15 à la sortie d'usine.

En janvier 1999, les trois Péchot du Creusot reviennent. Certains porte-ridelle ont été découpés au chalumeau. Au CFC c'est la déception !

Note :

1 Construite à partir de 1874, cette place est composée d'une puissante ceinture de forts, d'ouvrages, de batteries et d'abris entourant l'enceinte urbaine bastionnée. Elle fait partie du système défensif Séré de Rivières, un ensemble de fortifications censées protéger le territoire français d'une invasion venant d'Allemagne. La majorité des fortifications ont été déclassées après la Première Guerre mondiale.
Un réseau en voie de 60 système Péchot (1888), où étaient affectés ces wagons, desservait l'ensemble des sites de cette place forte.

 

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