Le carnet du CFC

Un samedi pas ordinaire

Texte et photos Jean-Marie LEMAIRE

Le train TER en provenance de PARIS EST entre en gare de CHATEAU-THIERRY. Michel BOINON est à bord, je l’attends. Nous devons en effet faire ensemble un acheminement d’une locomotive COLAS RAIL, dont les trains de travaux sont stockés sur le faisceau des voies de débord, de CHATEAU-THIERRY à REIMS Bétheny.

Nous nous transportons rapidement vers la machine qui est une V 211 anciennement DB remotorisée par un moteur Mercédès de 1400 CV de 8 cylindres en V associé à un coupleur hydraulique. Le départ est prévu à 10h00 et il faut être prêt pour l’intégration sur le sillon réservé. Tour de la machine, fermeture des purges, on s’assure qu’elle est bien découplée de sa rame, ouverture des capots latéraux et basculement du coupe circuit 24V. Le petit moteur auxiliaire est lancé pour mettre en route les réchauffeurs et le compresseur. Il fait bon dans la cabine par ce petit matin frisquet et Michel commence sa check-list, vérification du frein direct, vérification du frein principal, mise à jour des documents de bord et vérification que la main courante ne comporte pas d’observations particulières. En effet cette machine a travaillé toute la nuit sur le chantier de voie situé entre CHATEAU-THIERRY et LA FERTE-SOUS-JOUARRE.

Tout va bien, et pendant que nous attendons notre pilote SNCF, le responsable du poste tout proche vient s’informer que tout sera prêt pour notre départ.

Michel lance le gros V8 qui commence à ronfler dans une superbe symphonie.

A l’heure dite, notre pilote, un roulant du dépôt de MOHON près de CHARLEVILLE, arrive. On se salut, ambiance sympathique, nous sommes prêt.

Nous sommes face au carré de sortie des voies de débord en attente du tracé de l’itinéraire qui nous affichera un feu blanc après fermeture du PN.

Nous sommes partis, notre pilote nous informe que nous pouvons afficher la vitesse maxi de la machine (100 km/h) jusqu’à l’entrée d’EPERNAY. Dans cette machine, le poste de conduite est à droite (c’est une ancienne Allemande), mais la visibilité est très bonne malgré la présence des imposants capots moteurs. Quelques kilomètres après CHATEAU-THIERRY, premier croisement d’un fret tracté par une BB 27000. Affichage des feux de croisement et coup de klaxon en fin de rame. Nous sommes déjà à 85 km/h en montée vers 95. C’est cette vitesse que Michel maintiendra grâce à son manipulateur à cran, car la machine n’est pas équipée de VI (vitesse imposée) et il ne faut pas « bouffer le trait ».

Vitesse maintenue à 95, ça ronronne bien, les signaux « voie libre » s’enchaînent.

Nous sommes dans la vallée de la Marne, et nous passons sans ralentir la gare de DORMANT. Nous croisons un train de fret tracté par une machine de la DB.

Après une très longue ligne droite en suivant la rivière La Marne, nous approchons des premières voies de débord du Technicentre d’EPERNAY où sont garées des BB 15000, Z 27500 ZGC, et autres X 73500 dit« concombres ».

Nous arrivons en gare d’EPERNAY reconnaissable à la tour des Champagnes CASTELLANE où l’entrée en gare nous est demandée à 70 par notre pilote en vue du signal ralentissement 60 précèdent le carré protégeant la bifurcation qui va nous permettre de quitter la ligne de l’est pour remonter vers REIMS.

Nous attendons au « carré » le passage d’une ZGC 27945 en provenance de REIMS. Elle va nous libérer l’itinéraire, car la voie que nous allons emprunter maintenant en direction de REIMS est une voie unique. La voie se trace, le vert s’affiche, Michel relance les 1400 CV qui n’ont aucun mal à nous lancer vers la montée continue qui nous amènera au tunnel de RILLY LA MONTAGNE.

La 27945 se dirige vers EPERNAY gare, tandis que nous franchissons la BIF.

En sortie de BIF, on attaque la rampe continue en VU jusqu’au tunnel de RILLY. La V211 n’a aucun effort à donner et haut le pied, elle monte tout en douceur à la vitesse parfaitement contrôlée de 95 km/h.

Puis après le tunnel de RILLY/GERMAINE c’est la descente continue vers REIMS, toujours à vitesse max. de la V211. Nous passons bientôt au-dessus des voies du TGV est Européen et voici la bretelle de raccordement de la Gare TGV REIMS Champagne Ardennes avec la Gare centrale.

Les cantons se succèdent maintenant un peu plus serrés et notre pilote nous informe que la traversée de la gare de REIMS se fera à la vitesse de 40 km/h. Le signal de ralentissement à 60 se profile déjà, au fond on commence à apercevoir la grande verrière de la gare de REIMS centre.

Puis c’est l’enchaînement des aiguilles du grill d’entrée de gare et le passage sans arrêt sous cette superbe verrière en structure béton fraîchement rénovée. Notre vitesse est affichée à 40 km/h.

Nous découvrons au passage le « pot de fleurs » de la 140 C 313 garée sous la verrière. Y aura-t-il un jour un « mécano au manche » et un « chauffeur au poêle ».

Nous progressons toujours à 40 km/h vers la sortie de la gare et laissons derrière nous le grill de sortie Est.

Voici le poste de régulation de REIMS qui nous contrôle depuis notre entrée dans son secteur (la descente du tunnel de RILLY). Le pilote avait pris contact avec lui bien avant l’entrée en gare.

Le signal avertissement surmonté du ralentissement à 30 nous prévient de la prochaine BIF dont nous laissons sur la gauche les voies qui montent vers LAON.

Nous sommes toujours sur les voies de la ligne REIMS-CHARLEVILLE et le rappel de ralentissement à 30 nous informe que notre itinéraire change et nous oriente vers la ligne REIMS-CHALONS sur MARNE qui va nous permettre d’entrer sur le faisceau de l’ancien triage de REIMS BETHENY.

Nous franchissons la superbe bretelle et le croisement des deux lignes LAON- CHALONS et REIMS- CHARLEVILLE, le rêve de tout amateur de modélisme ferroviaire (mais un cauchemar à câbler correctement).

Le poste local de l’entrée du faisceau de BETHENY nous envoie vers notre destination finale. Après franchissement de l’aiguille et de la traversée de jonction double nous entrons sur le faisceau de l’ancien triage.

Les ballastières chargées sont en place, lundi elles auront une machine pour les acheminer vers un nouveau chantier.

Fin du service, arrêt moteurs, Michel met en sécurité la machine, ouverture des purges des réservoirs d’air comprimé, calage, coupure 24V, mise à jour du livret, on peut partir.

Mais on ne peut pas partir sans aller voir la bourreuse qui se trouve à proximité. Un superbe engin hautement technique.

Un petit clin d’œil à Alain, il n’y a pas qu’au CFC que les traverses vieillissent !

Retour pieds, bus, tram à la gare.

Après une petite collation régénératrice, c’est à bord d’un Z 27500 que nous regagnons CHATEAU-THIERRY. 
Un excellent samedi !

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