Le carnet du CFC - Sommaire

Les débuts de la prévention des explosions de chaudières

Jean-Luc Faure

La visite et l’essai hydraulique de la Romulus sous la surveillance de Jean-Marie Lemaire a été l’occasion de rechercher dans mes archives les documents relatifs à cette procédure. Ce fut le moment aussi se pencher sur les débuts de la prévention des risques à ce sujet.

La sécurité en matière de chemin de fer, que ce soit en matière d’exploitation, de conception de l’infrastructure ou du matériel roulant s’est forgée sur le retour d’expérience. Il a fallut près d’une centaine d’années pour que ce système soit fiable et près de cinquante années supplémentaires pour limiter encore le nombre de victime d’accident, notamment parmi les employés.

En matière de chaudières, le XIXème siècle a été marqué par de relativement nombreux accidents (que ce soit les chaudières fixes, de navires, locomobiles…). Statiquement, le risque s’est multiplié avec le nombre d’appareils…

Le suivi des chaudières en matière d’entretien et le contrôle fut d’abord esquissé dans le domaine maritime, mais très vite le chemin de fer et l’industrie se développant, il apparut nécessaire de réglementer ce domaine.

Ce sont les entrepreneurs privés qui furent à l’origine de la réglementation et de l’organisation du suivi et contrôle. Ils ‘s’organisèrent en « association » dont la but est de prévenir les accidents et explosions de chaudières ou générateurs de vapeur et de promouvoir la recherche en matière de production.

Le premier fut un anglais, M.W. Fairbairn, qui en 1855 créa la première association de ce genre : « The Manchester Steam Users Association ». Cette association de propriétaires d’appareils à vapeur s’administrait elle-même, ayant pour ressource la cotisation de chacun de ses membres. « La sécurité étant obtenue par une surveillance des chaudières au moyen de visites extérieurs et intérieures faites par des agents spécialisés ».

En France, le même modèle fut choisit, avec la création en 1867 de l’Association Alsacienne de Propriétaires d’Appareils à Vapeur : la première A.P.A.V. était née.

Associations françaises de Propriétaires d’Appareils à Vapeur

Désignation de l’association

siège

Année de fondation

Alsacienne (partie française)

Mulhouse

1867

Du Nord de la France

Lille

1873

De la Somme, de l’Aisne de l’Oise

Amiens

1874

Normande

Rouen

1874

Parisienne

Paris

1874

Lyonnaise

Lyon

1876

De L’ouest de la France

Nantes

1878

Du Sud Ouest de la France

Bordeaux

1879

Du Nord-Est de la France

Reims

1882

Du Sud-Est

Marseille

1885

C’est donc à l’initiative de la Société Industrielle de Mulhouse (SIM) que furent créés les premiers bureaux. Puis l’Association du Nord de la France fut à l’origine de la première réglementation nationale en matière de chaudières. De nos jours une société mère à la tête du groupe a été créée : APAVE (Association des Propriétaires d’Appareils à Vapeur et Electriques), au statut de Société Anonyme. Les actionnaires de cette société sont les 4 associations Apave existantes: Apave Parisienne, Apave Nord-Ouest, Apave Alsacienne, et Apave Sud Europe.

Exemple de contrôle d’une chaudière de locomotive avant 1926 :

Avant 1926, les contrôles étaient sensiblement identiques (application des décrets de 1907 et de 1919). Les chaudières étaient classées en différentes catégories selon le calcul suivant :

Capacité X (Température-100) = x

La température étant celle de la vapeur selon le timbre de service (voir table ci-après)

 

x<= 50 : 3ème catégorie

50<x<200 : 2ème catégorie

x>200 : 1ère catégorie

La catégorie détermine le type de contrôle et d’épreuve.

Pour une chaudière trois documents distincts sont nécessaires pour son exploitation :

- Le registre d’entretien

- Le certificat d’épreuve

- Le rapport de visite

Vous trouverez ci-après un exemple avec la locomotive n°08 du chemin de fer industriel de St Denis (ex locomotive des chemins de fer Nord dont la chaudière date de 1880 ) : elle a donc plus de quarante ans lors de son contrôle !

Table extraite du décret du 09 octobre 1907 sur les appareils à vapeur fonctionnant à terre

Chaudière 11218 de la locomotive n°9 (ex n°06) du CFI de St Denis.

Extrait du registre d’entretien des appareils à vapeur du Chemin de fer industriel
(la tenue d’un registre d’entretien est devenue obligatoire suite au décret du 9 octobre 1907)

Le registre comprend deux parties : une « feuille caractéristiques » de la chaudière et un journal de la chaudière.

Rapport de visite de la chaudière 11218, préalable à l’épreuve hydraulique :

 

 

 

 

Ci contre, certificat d’épreuve décennale de la chaudière 11218 établit le 14 juin 1921.

 

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