Le carnet du CFC - Sommaire
Un peu de terminologie ferroviaire
Par
Guy Defrance
Photos Jacques et Guy Defrance
Il semble utile de temps à autre de rappeler le sens de certains termes utilisés par tous dans le milieu ferroviaire et ce afin que tous les participants au fonctionnement d'un chemin de fer parlent le même langage et se comprennent.
APPAREILS DE VOIE
On appelle "appareil de voie" tout élément situé sur une voie permettant à un matériel ferroviaire de quitter une direction, une voie, pour en prendre une autre. L'appareil de voie le plus simple et de base est l'aiguillage.
AIGUILLAGES
Dans un aiguillage (photos 1 et 4), on distingue deux extrémités : "le talon" et "la pointe". Les "lames d'aiguilles" constituent la partie mobile permettant le changement de direction. La "pointe de cœur" est la partie "en pointe" où se croisent les deux directions. Les "pattes de lièvre" ainsi que les contre-rails facilitent le passage des roues au niveau du hiatus de continuité de la voie constitué par le "cœur" de l'aiguillage.
Il existe différentes commandes de positionnement d'un aiguillage : "à contrepoids", "à ressorts", "à moteurs électriques", "à funiculaires" pour ne citer que les principaux. Au CFC, deux types sont utilisés : "à contrepoids (photo 3)" et type "tramway" à commande avec un "sabre" (photo 4), ce dernier type n'étant présent que pour l'accès aux voies paires du dépôt.
Photos
1 et 2 : les différentes parties d'un aiguillage
(ici un aiguillage de droite — dépôt CFC).
Photo 3 : commande d'aiguillage à contrepoids (dépôt CFC).
Photo 4 : commande d'aiguillage type "tramway" avec un "sabre" (dépôt CFC).
Lorsqu'on prends un aiguillage "en pointe", on a le choix entre deux directions (photo 4) : la "voie directe" (en alignement) ou la "voie déviée" (qui quitte l'alignement par une courbe). On dit que l'aiguillage est "de gauche" lorsque la voie déviée se dirige à gauche ou "de droite" lorsque la voie déviée se dirige à droite.
"En talon", certains aiguillages sont "talonnables", c'est à dire peuvent être franchis sans que la position des aiguilles soit dans l'alignement de la voie adéquate. Cette opération ne se fait que dans les emprises de service (dépôts, gares, …) et à vitesse réduite. De nos jours, la plupart des aiguillages "talonnables" sont équipés d'un système de rappel de position des lames d'aiguilles à ressort, le levier étant positionné dans un "berceau". Nous n'avons aucun appareil de voie de ce type au CFC. De plus, la légèreté de certains de nos matériels ne nous permettrait pas de talonner avec ceux-ci sans un fort risque de déraillement.
Lorsque l'aiguillage est pris en direction déviée, que ce soit "en pointe" ou "en talon", une limitation de vitesse est souvent à observer (sauf cas particulier des aiguillages situés sur certaines lignes SNCF à grande vitesse et dont la technologie diffère de celle des appareils de voie classiques, la pointe de cœur étant mobile). Cette limitation de vitesse est fonction de l'angle de déviation de l'aiguillage et de son rayon de courbure.
Enfin, il existe pour les voies de service et d'embranchement des variantes de l'aiguillage de base très peu courantes et souvent abandonnées de nos jours : l'aiguillage "enroulé" (les deux direction sont déviées avec des courbes dans le même sens), "symétrique" (les deux directions déviées sont en courbes opposées), "triple" (3 directions côté talon dont 2 déviées, photo 5).
Photo 5 : aiguillage triple aux garages des Joncherolles le 13 mars 1965.
AUTRES APPAREILS DE VOIE
Pour information bien qu'on ne les rencontre pas au CFC, on classe également dans la catégorie "appareils de voie" les croisements (dans ce cas, aucun changement de direction n'est possible), les ponts tournants (dans les dépôts), les ponts secteur (dans certains dépôts pour "distribuer" les voies d'une petite rotonde dans des lieux exigus), les ponts transbordeurs (en principe dans les ateliers mais aussi parfois dans certains dépôts — photo 7, ou gares — photo 6), les plaques tournantes (là, on connaît car on en a plusieurs au CFC).
Photo 6 : pont transbordeur de l'ancienne gare de La Bastille à Paris
permettant, sur un petit espace, aux locomotives au butoir
de s'échapper par la voie parallèle à condition que celle-ci soit libre.
Photo
7 : pont transbordeur du dépôt de Paris La Chapelle avec la CC-40101
le 18 juillet 1967.
Pour information, il existe d'autres appareils de voie issus de l'aiguillage : la bretelle (simple — deux aiguillages, ou double — deux fois deux aiguillages et un croisement — photo 8), la diagonale ("simple" ou "double") constituée de plusieurs aiguillages et traversées jonctions à la suite pouvant alterner éventuellement avec des croisements (photo 9). Enfin, la traversée-jonction ("simple" ou "double", photo 9) est un croisement équipé de lames d'aiguilles permettant a un convoi non seulement de "cisailler" un autre itinéraire mais également de pouvoir s'embrancher dessus ; une limitation de vitesse drastique est toujours de mise lorsqu'on franchit en "jonction" ce type d'appareil de voie.
Photo 8 : bretelle double en gare de Carhaix au temps de la voie métrique (28 avril 1962).
Photo
9 : diagonale simple à La Plaine Saint-Denis (2001).
On distingue au premier plan une traversée jonction double
immédiatement suivie au second plan d'une traversée jonction simple.
Dans un autre article, je vous parlerai des différents types de gares à voie unique : de gauche, de droite, directe, et les consignes qui en découlent. Je vous parlerai aussi des principes réglementant la numérotation des voies et leurs applications au CFC.