Le carnet du CFC

Si l'aventure du petit train de Semur m'était contée, Presque 50 ans d'histoire

Christian Pottier, Décembre 2014

Les 3 grandes étapes de la construction de l'association :

Le succès story (success stories1967-1988)

Nous sommes au milieu des années 60. Les gens sont demandeurs de loisirs liés à l'eau (baignade, pédalos, balades au bord de l'eau ). Un seul plan d'eau offrant ces loisirs existe en Sarthe : Coco plage - Sillé le Guillaume. Une « poignée de bénévoles » à Semur-en-Vallon, menée par Robert Pottier et Alexandre Barbet alors maire, décident, en prenant modèle sur Coco plage mais aussi Daon dans la Mayenne, de créer avec leur argent et leur courage le "Deuxième plan d'eau de la Sarthe". Il ouvrira en Juillet 1968 en même temps que celui de Lavardin près du Mans. Un hectare d'eau, une plage (en arrondi « Comme à La Baule » disaient- ils) et sa baignade, des pédalos et barques, une vedette promenade, une buvette pouvant servir de guinguette, des jeux pour les enfants, des coins pique-nique. L’inauguration a lieu en présence de Monsieur le Préfet en Juillet 1968.
C'est un succès monumental. Ont vient de toute la Sarthe à Semur-en-Vallon.

Trois fêtes ponctuent la saison
Les Dimanches d'été, il y a foule. Des voitures sont garées des deux cotés de la rue jusqu'au bourg.
Ce succès fait des « envieux ». De nombreuses communes vont prendre modèle et créer, cette fois avec de l'argent public, de grands plans d'eau en Sarthe.
Cette multiplication de nouveaux sites va réduire petit à petit l'attrait et la fréquentation de Semur-en-Vallon à partir de 1978-80
Semur reste cependant un lieu prisé du public jusque vers 1985-87.

Cette période faste permet à l'association d'être un « financeur de la commune ».
En effet durant ces 20 années, c'est l'association qui financera la moitié de l'achat des « prix » pour l'école chaque année. C'est l'association qui financera aussi chaque été le feu d'artifice de la commune.
C'est encore l'association qui financera à fond perdu le démarrage et le fonctionnement de toute la première année (tenues et bâtons compris) de l'association « Les majorettes de Semur » qui deviendra « le twirling ». Enfin c'est l'association qui achètera, restaurera et offrira au « Club des anciens » une maison entièrement équipée pour qu'ils puissent se réunir.

La descente aux enfers (1989-2000)
1988 : il faut se rendre à l'évidence. Le plan d'eau de Semur-en-Vallon a vieilli. L'association n'a pas les moyens qu'ont les communes ou villes qui ont de beaux plans d'eau. En 20 ans d'activité intense, les pédalos, la barque, la vedette, le site se sont usés et fatigués. Les bénévoles du début aussi.
Il faut jeter l'éponge.
Le plan d'eau est donné gratuitement à la commune de Semur-en-Vallon. Le Conseil municipal l'accepte presque par obligation. La gestion est confiée à un « privé » qui essaiera de 1988 à 1990 de faire vivoter le site. Mais à la fin de l'été 1990, tout est fini. Les pédalos, barques, la vedette, les jeux de plage sont vendus. La baignade est supprimée. Le lieux reste un simple site ouvert au public entretenu tant bien que mal par l'ouvrier communal. Seul témoin du passé glorieux restant : la vielle buvette en bois fermée et en mauvais état et qui finira de s'écrouler dans l'indifférence générale au début du 21ème siècle.

Que devient l'association alors ? 
Remontons un peu en arrière.

Dès 1970, devant le succès extraordinaire du plan d'eau, les bénévoles de l'association prenant modèle sur « le petit train des Floralies d'Orléans » décident de mettre en place eux aussi « un petit train ». Une centaine de mètres de rails, une loco et quelques vieux wagons sont achetés chez Jacques Pasneau, ferrailleur à Mondoubleau. Le tout est installé au bout du plan d'eau et le train commence à rouler dès l'été 1972.
C'est le début de l'aventure ferroviaire de Semur-en-Vallon.
Et c'est ce qui sauvera l'association.
En effet, à la fermeture de l'activité « Nautique » en 1988, l'association a déjà étoffé sont « petit train » Dès 1981, des bénévoles de l'association, attirés par le « chemin de fer ancien » se rendent compte que les trains « Decauville » (train historique encore beaucoup utilisé dans les mines à l'époque) disparaissent en France à grand pas.
Aussi, autant qu'ils le peuvent, avec de petits moyens (souvent leurs moyens personnels), ils parcourent la France et récupèrent des rails, des locos, des wagons qu'il rapportent sur un terrain contiguë au terrain du plan d'eau (Terrain qui a été acheté par l'association).
Le réseau ferroviaire s'étend peu à peu et un dépôt de chemin de fer ainsi qu'un ambrions de musée voit le jour.
Lorsque le plan d'eau est donné à la commune, l'association commence à construire une nouvelle gare sur un terrain acheté lui aussi récemment à coté du plan d'eau et permettant l'accès direct par le chemin de commune.
Mais les installations évoluent lentement, de façon impulsive, sans « plan structuré », et surtout sans moyen financier.
L’activité « petit train » puis par la suite le « Muséotrain » deviennent les seules activités de l'association.
Le nombre de visiteurs est assez faible, donc les moyens financiers provenant uniquement des billets vendus sont insuffisants, le site est en mauvais état, les bénévoles ne sont plus en nombre suffisant.
En 1999-2000, il ne reste que 13 bénévoles pour environ 1500 visiteurs.
Pourtant un énorme volume de matériel ferroviaire historique a été sauvé depuis 1972. Certains sont « pièce unique ». Le formidable système ferroviaire Decauville qui a été vendu dans le monde entier a pratiquement totalement disparu, sauf à Semur-en-Vallon.

La question est posée : Que fait on ?

On ne peut pas arrêter sans au moins essayer de continuer, de « sauver la maison ».
C'est donc cette seconde solution, loin d'être gagnée d'avance qui est choisie par les valeureux bénévoles restant.

La résurrection (2001 à nos jours)
Premier travail : inventorier le potentiel et faire la liste de ce qu'il faudrait faire.
Résultat : un potentiel formidable de matériel très convoité par des collectionneurs ainsi que d'autres associations sans scrupules.
Mais aussi, une liste de « choses à faire » colossale et décourageante.
Le tout sur fond d'isolement et d'impression de n’intéresser personne dans le secteur.
Conséquence : doit on écouter les sirènes de collectivités, parfois assez éloignées qui font pression et veulent que l'on quitte Semur-en-Vallon pour aller chez eux ?
C'est ainsi qu'en 2000, le « Petit Train de Semur » a failli partir définitivement.
Un espèce de remord en pensant aux anciens qui avaient tant travaillé sur le site a fait pencher de justesse la balance du coté du « On reste et on essaie de continuer ».
Donc après cette décision, il a été fait un plan de marche, une feuille de route à long terme avec un engagement d'une totale abnégation des dirigeants pour « sauver la maison et en faire un site touristique et patrimonial incontournable en Sarthe ».

projet ambitieux, même fou, mais obligatoire pour pérenniser l'association et le site.

Pour synthétiser, il fallait:

Le tout sur fond d'avalanche de lois concernant La sécurité incendie, la sécurité de roulement des trains, l'Environnement, l'accessibilité, la sécurité électrique et sur l'augmentation importante de la demande de « qualité de prestation «  des visiteurs.
Tout ça sans autres moyens financiers que les quelques Euros demandés aux visiteurs.
Travail de titan, souvent dans l'ombre, et non reconnu.
C'est cette tâche énorme que l'équipe de 13 bénévoles a décidé de commencer, sans savoir si ils pourraient aller au bout. C'était en 2001.

Il y aura 3 temps à cette résurrection :

1----- 2001 -2008 :

Objectif : commencer à rénover, réhabiliter et mettre aux normes le site de la gare, les voies et les trains.

Pas facile de convaincre qu'il faut mettre de l'argent dans ce « petit site ringard de Semur-en-Vallon, qui sert à quoi ? »
Les bénévoles vont faire un travail de fourmi, énorme, sans relâche, travaillant aussi bien sur les dossiers que sur le terrain : Quand on a pas d'argent : on fait soit même : Tous corps de métier : un boulot extraordinaire.
Résultats : des bénévoles nouveaux viennent donner la main et surtout des visiteurs plus nombreux nous encouragent, nous soutiennent. Souvent des gens de « plus loin ».
Le site de la gare prend forme. Les trains se « normalisent ». Des portions de voies sont refaites à neuf dans le respect des obligations en vigueur.
Et le « A quoi ça sert » a une réponse : de 1500 visiteurs on arrivera bientôt à 4000.
4000 visiteurs qui viennent au « petit train de Semur » et qui découvrent la commune, le canton, qui font du commerce et qui reviennent avec des amis ou de la famille.

2-----2008 -2014 :

Encouragés par le résultat, les bénévoles se fixent de nouveaux objectifs :

Tout commence par la loi de 2005 et l'avertissement du préfet « vous êtes trop loin des normes d'accessibilité de la loi de 2005, vous ne pourrez plus au de la de 2014 recevoir du public dans le Muséotrain » .
Le petit train de Semur sans le Muséotrain, ce n'est pas viable. C'est la mort.

Que fait on ?
Comme en 2000 : au regard de l’Ampleur de la tâche et surtout des moyens financiers à mobiliser :

Il est décidé une fois encore d'essayer :

Le premier projet de « rénovation globale du site comprenant la reconstruction du Musée se monte à 750 000 €. (Oups...)
En triturant le projet, en simplifiant au maximum en faisant « beaucoup » de travail nous même et en arrivant à convaincre des entreprises de nous aider à des prix « coûtant ».

L'ardoise devient 370 000 €.C'est mieux, mais tout de même, pour une petite association de bénévoles qui fait 15 à 20 000 € de recette brut annuelle c'est énorme, c'est un projet fou.
Pourtant avec courage et sans doute naïveté accompagnée d'un brin de folie, les bénévoles se mettent au boulot.
Travaux sur le terrain mais aussi de nombreux et difficiles dossiers qu'il faudra construire, étayer, argumenter et défendre partout ou il y a un potentiel possible d'aide.
Au final, l'association réussira à trouver 250 000€ sur 3, 4 ans, augmentés de sommes d'argent en mécénat. Il faudra quand même sortir des caisses plus de 90 000 €.

Aujourd'hui, nous sommes en cette fin de 2014 à la fin de cette seconde étape.

6500 personnes qui sont venus à Semur-en-Vallon dans le canton de Vibraye quelque part au font de la Sarthe. Territoire qu'ils n'aurait même pas connu sans le « petit train de Semur » Ils ont visité et consommé dans le secteur.

3----2014- 2020

Alors aujourd'hui. Après toutes ces épreuves, tout ce travail (quelques 5000 heures bénévoles par an).

Ou en est on ?

Que fait on ?

Après presque 50 ans d'histoire l'association est bien vivante

Elle a aujourd'hui un outils muséographique de qualité avec une gare et ses annexes, des trains, un dépôt, lieu technique indispensable pour un réseau de chemin de fer, une gare du Muséotrain, un Muséotrain de plus de 650 m2.
Il est évident qu'au 2/3 du gué, il n'est plus possible de revenir en arrière ni de s’arrêter la.
Il n'y a plus d'alternative comme dans les périodes critiques de 99-2000 ou 2005.
Il faut finir l'ouvrage.

C'est quoi finir l'ouvrage ?

Ca se résume à une phrase : «  Plonger au cœur des années 1900 »

Le Muséotrain c'est quoi aujourd'hui :

L'idée : Ce ne sera pas un musée comme les autres, pas un alignement de matériel parfaitement repeint que l'on regarde comme ça rapidement. L'idée est que le visiteur qui franchi le sas d'entrée doit rêver, imaginer qu'il est dans les années 1900. 1930. Il doit être immergé, plongé dans la vie qui accompagnait les trains de ces années là.
Pour ce faire, une nouvelle étape commence. Elle s'inscrit dans la suite normale des 2 premières (de 2001 à 2014 ) qui a consisté à construire l’outil. La nouvelle étape s'étalera sur les années 2015 -2020.
Elle a les mêmes difficultés que les précédentes : les lois, les normes, la volonté de faire un travail de qualité qui pérennise le site, le tout sur fond de difficultés économique et de difficultés grandissantes à trouver des finances.
L’objectif mathématique mesurable étant d'atteindre les 10 000 visiteurs satisfaits à l'horizon 2020.
Pourquoi 10 000 visiteurs : 10 000 visiteurs permets « d'avoir les moyens de se payer un ou une salarié(e)  annuel ». Étape indispensable pour pérenniser le site et l'association et « professionnaliser » la prestation offerte aux visiteurs.

Quel est le travail à faire :

La encore 3 grands axes ont été décidés :

Conclusion

L'association a traversé des moments difficiles. Elle est passée très près de la mort. A chaque fois, malgré la « montagne «  qui s'élevait devant eux, les bénévoles n'ont jamais voulu baisser les bras et sans savoir si ils allaient y arriver, à chaque fois ils ont essayé et courageusement persévéré.

Aujourd'hui le résultat attendu est au rendez vous, mais pour autant cette association reste très fragile au regard de l'énorme travail que représente son fonctionnement et son évolution. Rien n'est jamais gagné d'avance.
Pour cette 3ème étape (2015 -2020 ) il y aura encore beaucoup d’embûches et il faudra encore beaucoup d'énergie de courage et de persévérance. D'autant que les grandes difficultés financières que traverse notre Pays seront un handicap supplémentaire.
Vous venez de lire le résumé de cette fabuleuse histoire. Souvent méconnue, elle est avant tout une aventure humaine ou le travail est le fil conducteur, le tout au service de la mémoire de la vie et du travail des hommes.
La vie et l'attractivité du territoire étant aussi comme au premier jour, sa préoccupation.
Pour quelle continue, il faut l'aide et la bonne volonté de toutes et de tous comme ce fut le cas dans les étapes précédentes.
Alors on compte sur vous

Décembre 2014

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