Le carnet du CFC
Commentaires autour de mon tramway
Jean-Marc Graince
J’ai
commencé mon projet de tramway de jardin depuis 2006.
A dire vrai, j’ai toujours été passionné, voire fasciné, par le concept du
tramway.
Quand j’étais enfant puis adolescent, je collectionnais et faisais
fonctionner des tramways en H0 (1/87 ème) sur des coupons de voie
incrustée dans la chaussée fabriqués par la firme Rivarossi.
Puis, ayant à ma disposition un réseau en Zéro (1/43,5) sur lequel circulait
déjà des trains à traction tout électrique et à caténaire fonctionnelle, j’ai
été tenté de construire moi-même un, puis un autre, modèle de tramway à
cette échelle avec les « restes » de pièces mécaniques et moteurs qui n’étaient
plus utilisés pour la construction des locomotives en service sur ce réseau.
A l’époque, je m’étais inspiré d’un modèle de tramway, articulé et
partiellement surbaissé, qui faisait ses premiers tours de roue sur la ligne A
de l’agglomération grenobloise. J’avais eu l’opportunité de visiter le
dépôt et voir de près le matériel qui, pour rappel, est identique à celui
de la ligne T1 de Paris.
Quand un jour, habitant dans une maison attenant à un jardin suffisamment bien
disposé et sans trop de dénivelé, je me suis dit : « Pourquoi ne pas tenter
l’aventure ? »
Je débutais totalement et mes compétences dans certains domaines étaient,
hélas, bien minces. J’allais donc être confronté à quelques difficultés
et avoir certainement des surprises.
Dès que la motivation a été plus forte que le "raisonnable", j’ai
posé la première pierre en construisant un coupon de voie en écartement de
184 mm. Je suis allé dans une bricaillerie et j’ai acheté quelques
profilés. Il fallait bien que je me teste moi-même.
J’ai opté pour cet écartement de manière très arbitraire. J’avais
quelques amis qui avaient déjà pratiqué le modèle réduit à cette échelle
(1/8 ème), ce qui a conforté mon choix. Lorsque je leur ai
annoncé mon projet, tous l’ont approuvé. J’ai reçu de leur part beaucoup
d’aide et je les remercie sincèrement pour m’avoir permis de démarrer mon
entreprise. Aucune de ces personnes n’a contesté mon choix, je n’ai
découvert que plus tard l’écartement de 127 mm correspondant au 1/11ème,
qui présente certains avantages quant au transport du matériel dans les
expositions.
Après une estimation et une étude d’infrastructure réalisée en disposant
par-ci par-là les quatre coupons de voie que j’avais réalisés et par
lesquels j’avais déjà défini certaines limites (rayon de courbe, rampe,
etc...), je me suis consacré à trouver des fournisseurs en rails et en roues.
N’ayant pas de machines-outil suffisamment puissantes pour tourner moi-même
les roues, en même temps que j’achetais un lot de rails, j’ai eu l’opportunité
de connaître un artisan qui pouvait me livrer des roues avec les éléments
nécessaires pour constituer des bogies à deux essieux. J’avais ainsi réuni
toutes les pièces maîtresses qui me permettaient de commencer la construction
du circuit et de rouler.
Mes recherches devaient désormais s’orienter vers la réalisation d’un
matériel moteur. Les premiers essais de motorisation ressemblaient parfois à
une fusée « shadok » et les pièces, toutes de récupération, étaient
assemblées de manière provisoire, puis, par tâtonnement, je finissais par
trouver des méthodes de plus en plus fiables. Les pignons et la chaîne de
vélo sont souvent venus à ma rescousse pour effectuer la transmission aux
roues.
C’est ainsi que la construction d’un châssis, puis d’un plancher, puis d’une
caisse, a donné naissance à des véhicules ressemblant progressivement à des
tramways traditionnels, dans des versions plus ou moins modernes.
En 2010, j’ai effectué une commande de bogies motorisés, ce qui m’a permis
d’envisager la construction d’une nouvelle rame en innovant un nouveau
concept. Les nouvelles parties mécaniques étant manifestement de bien
meilleure qualité que celles que j’avais essayé de faire moi-même, j’ai
pu ainsi me consacrer davantage à certains détails de confort et d’esthétique.
En juin 2011 sortait le premier élément d’une rame de trois caisses
indépendantes. Beaucoup plus de puissance à gérer mais quel succès !
Tandis que je cherchais encore à améliorer mes précédents modèles, je
construisais une nouvelle rame (deux caisses) plus commode à transporter lors
des expositions et ainsi faire un ensemble entièrement démontable pour le
ranger dans une remorque et tout remonter sur place. Le plus long étant bien
sûr de tout ranger dans la remorque.
Depuis l’automne 2013, je me suis consacré à la réalisation d’un tramway,
pas trop grand, pour pouvoir éventuellement l’amener lors d’une exposition,
mais dans lequel on puisse monter dedans pour le conduire. La largeur du modèle
devait être au minimum de 40 cm pour pouvoir s’installer à l’intérieur de
la caisse et la largeur du prototype que j’avais choisi était de 2,40 m. L’échelle
du 1/6 allait servir de paramètre pour définir toutes les autres dimensions.
Je me suis donc inspiré du modèle Flexity Outlook conçu par Bombardier pour
Marseille, vu que c’est la ville dans laquelle je réside depuis toujours.
Afin de le rendre compatible avec différents réseaux et étant prévu en
structure modulaire, je comptais initialement l’équiper aussi bien en
écartement de 184 mm (7 pouces un quart) qu’en 127 mm (5 pouces). Pour finir,
il est en 184 mm et son passage éventuel en 127 mm n’est plus d’actualité.
Afin d’assurer le maximum de stabilité et de pouvoir le faire fonctionner
sous différentes configurations, j’ai modifié le nombre d’essieux et leur
position respective par rapport au prototype mais vu que la caisse habille et
cache en grande partie tout le système de roulement, ça passerait presque
inaperçu.
De même que le prototype qui est actuellement livré et qui fonctionne sur les
trois lignes du réseau de tramway marseillais soit composé de 7 caisses, je me
suis limité à 5 caisses, les rames étaient ainsi constituées au début de l’exploitation
en 2007. Ceci, afin de respecter une double contrainte liée à mon circuit, un
tiroir de rebroussement de 5,5 mètres de voie utile d’une part, et un garage
prévu pour abriter le modèle d’une longueur maximale de 6 mètres, le
modèle assemblé mesure hors tout 5,6 mètres.
Les étapes de la construction :
En septembre 2013, le châssis des caisses d’extrémité puis des caisses intermédiaires a été réalisé. Un module central allait permettre le raccordement des caisses intermédiaires mais une configuration en seulement trois caisses est également possible.
Extrémité Intermédiaire central Intermédiaire Extrémité
Configuration en cinq caisses
J’ai
profité de l’étude du caisson central pour mettre enfin en service un
ensemble de quatre roues acquises deux ans auparavant. Restait à savoir si j’allais
prévoir une motorisation ou si je me contentais d’un truck porteur. Le choix
s’est finalement porté sur un équipement motorisé. Il fallait bien sûr
trouver une compatibilité de vitesse avec les autres bogies moteurs.
Le
16 novembre 2013, l’ensemble des châssis était constitué et le principe
des caisses porteuses articulées était opérationnel. La structure pouvait
déjà évoluer sur le circuit.
La deuxième phase de construction démarrait aussitôt avec la découpe des
planches de contre-plaqué servant de carrosserie pour la fabrication des
caisses et des feuilles de plexiglass pour le vitrage. La découpe a ensuite
laissé place à une période sans activité. L’hiver n’étant pas propice
à travailler dehors, on attendra le printemps 2014 pour s’y remettre.
La
position initiale des caisses par rapport au sol, bien que situées à la bonne
hauteur et conforme au prototype, les rendait trop vulnérables aux moindres
obstacles naturels qui parsèment la voie. En juin 2014, une rectification de la
garde au sol s’est avérée nécessaire.
L’été, c’est comme l’hiver, mais pour d’autres raisons. La
construction n’a pas avancé. Il a pourtant roulé avec une apparence brute.
Toute cette période aura néanmoins servi de test pour le fonctionnement des
parties mécaniques et électriques (traction et freinage).
En novembre 2014, j’abordais un point « épineux », paradoxalement d’ailleurs
puisqu’il s’agissait des extrémités de la rame qui sont « arrondies ».
La souplesse du plexiglass de 2 mm d’épaisseur a été la solution que je
recherchais depuis quelques temps. Des cintres en métal et bois supportent et
arriment la feuille de plexiglass.
Début décembre 2014, les caisses sont fin prêtes et tout est découpé, y
compris les toitures (amovibles). On peut commencer la peinture et la
décoration.
Démontage des armatures et ponçage puis peinture des panneaux de bois, recto
et verso (de couleurs différentes, intérieur et extérieur).
Début janvier 2015, la décoration s’installe progressivement derrière les
panneaux de vitrage.
Février 2015, les extrémités de rame exigent un gros travail de peinture
décorative. Parallèlement, le fonctionnement du signal frontal a demandé une
étude toute particulière.
Avril 2015, conception et installation des équipements lumineux (phares, stop
et veilleuses)
Nettoyage et peinture de la mécanique du module intermédiaire.
Mai 2015, la rame reçoit progressivement toutes les décorations pour chacune
de ses caisses.
mi-Mai 2015, la rame est complète et sa décoration est quasiment terminée,
séance photos oblige !
A ce jour, il n’est pas totalement terminé mais d’autres travaux
saisonniers l’ont relégué pendant quelques temps au dépôt. Il reste à
préparer les postes de pilotage, faire le câblage des feux, installer la
commande à distance et confectionner les soufflets entre les caisses. La suite
des travaux est prévue pour début 2016.