Le carnet du CFC

Ouvrages techniques anciens sur le chemin de fer

Information Claude Doussot


Parue entre 1936 et 1939 seulement, la revue "Traction nouvelle" est, pour les collectionneurs, très emblématique par son design, sa mise en pages, ses couvertures en aluminium et son esprit très "art nouveau", tout en étant d'une grande précision technique et rédigée par des ingénieurs.

Le chemin de fer est, à la fin du XIXe siècle, le plus important système technique jamais construit par l’homme et il est aussi la réunion de l’ensemble des techniques les plus élaborées. L’époque est celle d’un grand développement scientifique et industriel en France, mené dans un climat d’émulation (faire mieux que l’Allemagne qui a vaincu la France en 1871) et de désir de réussite éclatante (ne pas laisser l’Angleterre dominer le monde) : la France doit retrouver son rang et l’effort d’industrialisation entrepris sous le Second empire n’est pas abandonné, bien au contraire: il est encore plus développé, mais il est aussi beaucoup plus éclairé par une démarche scientifique tandis que les sciences elles-mêmes bénéficient beaucoup plus de l’apport des techniques et y trouvent un terrain de développement.

La Revue générale des chemins de fer paraît en 1878, et, déjà, quelques rares grands domaines scientifiques ou techniques ont déjà leur revue de référence: « L’Année scientifique et industrielle » démarre en 1856, les «Annales de chimie et de physique » paraissent depuis 1862, mais d’autres grands domaines comme l’électricité devront attendre: « l’Année électrique » paraîtra à partir de 1885, le « Bulletin de la société française des électriciens » commence sa carrière en 1884, et « L’Electricien » en 1891. Le mouvement vers les grandes revues techniques est donc en train de se lancer. Le chemin de fer français n’a donc pas attendu pour se doter d’une revue de référence - une revue qui sait, d’ailleurs, le rester - et trouver sa place au sein de ce grand mouvement d’édition et de diffusion de la pensée. Une collection la plus complète de la RGCF est une mine inestimable de renseignements, de planches, de plans, de photographies anciennes.


En 1937, la RGCF publie un numéro spécial lors de l'Exposition et du Congrès international des chemins de fer, et s'offre sa première couverture en couleurs (disons tricolore). La RGCF est la référence absolue depuis 1878, déjà.


Les premiers diagrammes paraissant dans la RGCF dès 1878 et pendant plus d'un siècle ensuite : de consultation facile et riche en enseignements, 
ces plans, dessins, diagrammes sont précieux. La documentation RECF c'est, depuis 144 ans, rien que le chemin de fer mais tout le chemin de fer.

Les ouvrages techniques anciens. 
Ils sont assez abondants pour ne pas atteindre des prix exorbitants, sauf les anciens traités des débuts du chemin de fer comme ceux de Couche ou de Guillemin en édition d’origine. Voici quelques ouvrages techniques anciens en langue française qui méritent l’attention du collectionneur soucieux d’une information exacte, et qui sont des grands classiques de la littérature technique ferroviaire :

 
De nombreux plans et schémas dépliants sont présents à l'intérieur.


Gare de Figeac, cours de l'Ecole des Mines, 1870.are de 1re classe PLM. Éditions Dunod.


Dimensions des quais. Éditions Dunod.

Les catalogues des constructeurs de matériel roulant ou les recueils de diagrammes des compagnies.
Ils sont très appréciés par le nombre élevé des gravures, la précision technique absolue, les données techniques ou administratives concernant le matériel roulant. Voici quelques « incontournables » ou quelques ouvrages que l’on peut avoir la chance de trouver dans les brocantes spécialisées en vieux papiers ou chez les antiquaires et bouquinistes spécialisés en ouvrages techniques :


Précieux documents constructeur fournis par Renault, dans ses publicités pour catalogues.


Renseignements sur les autorails Somua dans la documentation fournie par la firme.


Les plans du fonds CIWL (Wagons-Lits diffusion) sont toujours de très beaux documents, très précis et utiles.

Un monde à part : les ouvrages de Lucien-Maurice Vilain.
Lucien-Maurice Vilain fut, certainement, le plus grand auteur français par le nombre et la qualité de ses ouvrages qui donnent une description précise du matériel roulant, ceci par compagnie. IL a écrit d’autres livres ferroviaires consacrés aux chemins de fer de montagne français, aux locomotives et aux grandes vitesses, ou aux locomotives articulées du système Mallet dans le monde. Voici la liste de ses ouvrages consacrés aux anciennes compagnies et réseaux français, et qui représentent un minimum pour l’amateur de chemins de fer français :

Les cartes anciennes des réseaux.
Au sein de la collection d’objets ferroviaires, les cartes des réseaux constituent, à coup sûr, une dimension à la fois historique par leur représentation de la forme et de l’étendue des chemins de fer de l’époque, et aussi à la fois artistique par la beauté des couleurs et des graphismes. Nous avons déjà consacré un article aux cartes sur ce site-web "Trainconsultant".

Mais il y a cartes et cartes, et leur ancienneté comme leur beauté ne sont pas encore l’objet d’une grande connaissance de la part des collectionneurs, ni d’une cotation reconnue sur le marché. Autrement dit, le collectionneur débutant a toutes ses chances de trouver, pour une somme modique et sur n’importe quelle brocante ou foire aux vieux papiers, un objet de rêve.

Dès les débuts des chemins de fer, les cartes sont utiles pour les réseaux qui se constituent et qui veulent connaître leur domaine, et le faire connaître. Ornant les bureaux, les salles d’attentes des gares, les salles de ventes des billets, les halls des agences de voyages, ces cartes sont de véritables incitations au voyage, et, à ce simple titre déjà, elles représentent un investissement rentable.

Sous une forme repliable, elles servent aussi pour les voyageurs, surtout dans ces époques d’incertitude où l’on ne sait pas toujours par quel itinéraire faire son voyage, si telle ou telle ligne est en construction ou déjà achevée.

Elles jouent un rôle non moins négligeable dans l’instruction des enfants, et ont leur place dans les manuels scolaires et au mur des classes. C’est sans doute dans ce domaine que l’on trouvera les plus belles cartes, car leurs couleurs vives sont choisies pour accompagner un message pédagogique comme, savoir distinguer les réseaux des différentes compagnies d’un pays.

 

Carte des gares du département de Seine-et-Marne en 1933, éditions Pouey. Le livre complet des 90 cartes départementales avec 12.511 gares est paru chez LR-Presse, rédigé par l'auteur de ce site-web.

Les grandes cartes murales des écoles.
Ce sont celles à qui l’on pense d’emblée, car elles ont le plus marqué leur temps. Placées aux murs des salles de classe, comme les célèbres cartes Vidal-Lablache, elles imprègnent lentement et sûrement l’esprit des enfants, ressemblant à un schéma du circuit sanguin avec leurs grosses aortes représentant les grandes lignes comme Paris - Lyon - Marseille, et leurs petites veines correspondant aux lignes de la campagne profonde.

Pour l’amateur de chemins de fer, elles permettent surtout de bien cerner les formes des réseaux appartenant aux compagnies privées et qui ont disparu depuis la nationalisation, comme c’est le cas pour la France en 1938 avec la création de la SNCF qui vient gommer les anciennes compagnies de l’Est, du Nord, de l’Ouest-Etat, du PO, du Midi, du PLM. Mais, à une dimension européenne aussi, elles permettent de redécouvrir les réseaux disparus comme ceux de l’Autriche-Hongrie, de la Serbie, ou de la Prusse selon l’époque de référence.


Authentique carte murale scolaire Vidal-Lablache N°7 de 1934.

Les cartes des atlas scolaires.
Elles sont toujours très belles, car elles veulent imprimer, par la force des couleurs, les frontières et les pourtours du sol national dont on fait grand cas pour l’éducation des enfants. La carte des chemins de fer montre l’importance du centralisme parisien, ou aussi la faible activité des régions rurales de montagne ou de l’Ouest (que l’on n’appelle pas encore « enclavées ») tranchant avec l’accumulation des lignes importantes des régions industrielles aux villes rapprochées, comme c’est le cas dans le Nord ou la vallée du Rhône.

Toujours vendus à des prix accessibles vu l’immense quantité produite, les manuels scolaires de l’école primaire, ceux de longue tradition Hachette au premier plan, restent la plus importante source de cartes ferroviaires pour l’amateur qui pourra s’en procurer sans limite sur les marchés aux vieux papiers.


Carte d'atlas scolaire des dernières années 1930. L'apogée des anciennes compagnies et avec précision.


Carte d'un atlas scolaire datant des années 1910 : le PO possède déjà ses lignes en Bretagne qu'il échangera avec le réseau de l'État en 1933.

Les cartes pour touristes.
Leur usage se perd entre les deux guerres, et leur âge d’or est à la fin du XIXe siècle, quand le tourisme se développe, avec ces incroyables anglais à cape en « tweed » et chapeau à double visière en train de découvrir la Suisse ou la Côte d’Azur à partir de 1880. Car ce sont bien eux, avec la fameuse agence Cook, qui inventent le tourisme, et empruntent abondamment les grands trains internationaux. La Compagnie Internationale des Wagons-lits, d’ailleurs, transportera ces riches touristes dans l’Europe entière, et jusqu’à Vladivostok ou en Egypte.

Les cartes touristiques peuvent être très anciennes, certaines remontant jusqu’aux années 1840 déjà, mais l’essentiel de la production se situe dans les années 1890 à 1910, avec une flatteuse impression en couleurs, et un robuste entoilage permettant le repliement de la carte.


Cartes touristiques des réseaux dont certaines remontent aux années 1845 comme la carte à pochette bleue, ou à 1860 comme la carte à couverture rouge avec une "Crampton".Les dernières cartes Chaix, si précises.

Les « carnets des profils et schémas des lignes ».
C’est non seulement un très beau thème pour le collectionneur, mais, aussi, c’est un document technique essentiel pour celui qui veut comprendre quelque chose au fonctionnement du chemin de fer, aux contraintes imposées par les lignes aux locomotives et à l’exploitation. Les « Carnets des profils et schémas des lignes » sont de très beaux documents, sur le plan graphique, et les rarissimes exemplaires que la SNCF, par exemple, publie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, réseau par réseau, restent, aujourd’hui, des documents aussi recherchés que cotés sur le marché des vieux papiers et de la collection.

Les compagnies de chemins de fer impriment ces livrets, ou carnets, ou fascicules contenant toutes les données de chaque ligne pour l’ensemble des cheminots concernés par la ligne : équipes d’entretien, équipes de conduite à bord des trains, agents de l’exploitation, administrateurs et gestionnaires du réseau. Du cantonnier le plus modeste jusqu’au directeur d’un réseau, il est important de connaître par le détail le plan des voies, la position des gares et des ouvrages d’art, le profil de la ligne pour y engager des trains dont on déterminera les caractéristiques de vitesse et de poids, etc.

En temps de guerre, ces documents sont très précieux pour le défenseur comme l’envahisseur, et malheur à celui qui engage un train sans connaître les rampes à affronter et au pied desquelles un trop lourd train de munitions ou de blindés restera en « rade »… Mais aussi ils sont indispensables pour les stratèges qui devront détourner les trains, en cas d’interception d’une ligne, par d’autres lignes que l’on a intérêt à connaître.


Le fameux et indispensable "Carnet de profils et schémas" est publié pour chaque région de la SNCF des années 1950-1960 avec tous les plans des lignes et des gares. 


Un exemple parmi des milliers : la ligne de Louviers à Dreux.

Les guides et dépliants d’agences.
« La Compagnie internationale des wagons-lits et des grands express européens m’a envoyé son prospectus » : c’est par cette phrase à la simplicité seulement apparente que Blaise Cendrars explique, en 1913, les raisons qui l’on conduit à écrire la fameuse « prose du Transsibérien » : toute l’aventure a commencé par la lecture d’un peu de papier imprimé. C’est bien de la même manière que des millions de personnes commenceront, elles aussi, leur aventure du voyage, sous une forme moins poétique certes, mais tout aussi engageante pour elles.

Le chemin de fer une fois construit a coûté cher, il faut qu’il soit rentable : il faut créer les nouveaux besoins qui vont avec. Les capitaux investis sont considérables, les compagnies ont eu des difficultés pour les réunir et leurs actionnaires leur ont confié des fortunes familiales entières : il faut absolument que le chemin de fer rapporte. La seule réponse est une forte incitation commerciale en faveur des avantages offerts par le chemin de fer par rapport à la diligence : en particulier les horaires commodes et des temps de trajet courts ou encore le confort des voitures. Le billet de chemin de fer est l’aboutissement de ce long parcours initiatique que pratiquent les compagnies dès leur création, et la vente des billets, un simple but en soi à l’époque, apparaît aujourd’hui pour l’historien et le collectionneur comme le fidèle témoin de la situation commerciale des réseaux.

Le rêve du voyage en train est savamment crée puis entretenu par les dépliants et les guides, mais ce rêve s’adresse à tous. Mais les compagnies, qui ont une toute idée derrière la tête, voient comme une obligation de service public le transport des voyageurs « pauvres » de 3ème classe et ceci ne rapporte pas assez : seul le luxe rapporte, puisque pour quelques coussins de velours, quelques rideaux aux fenêtres, on peut « gonfler » le prix du billet. Et la vente des billets traduit bien l’échec de cette incitation : même si l’on rêve de voyages, tout le monde se précipite en 3ème et le PLM, par exemple, ne transporte que 1,5 % de ses voyageurs en 1ère classe durant l’année 1920. Ce travail de « communication » comme on dirait aujourd’hui, de promotion du voyage, du luxe, du rêve, a-t-il vraiment touché son but et rapporté à ses investisseurs ? Il faut croire que non, et peu de voyageurs trouveront, dans l’inconfort des trains du 19ème siècle, la concrétisation de leurs rêves de voyage.

Pour les gens fortunés, et notamment les touristes anglais avec leur cape de voyage et leur casquette à double visière, la Suisse, la Côte d’Azur, Venise, l’Italie, sont des destinations classiques et très prisées à la fin du XIXe siècle. La littérature de promotion des voyages prend alors une dimension économique importante avec les gros guides nationaux, comme le célèbre Baedecker, ou les petits guides de poche décrivant une région, ou encore les dépliants descriptifs des lignes, les feuilles d’horaires.

A partir des années 1880, les promesses des dépliants et des notices trouvent un prolongement concret dans le confort et le luxe des voitures de première classe qui sont de véritables voitures fermées, avec sièges de velours, rideaux, tapis et vitres. C’est avec le voyageur de première classe, et, dans une certaine mesure seulement, celui de deuxième classe, que naîtra véritablement le tourisme ferroviaire : le confort de ces voitures permet à ceux qui peuvent se l’offrir de longs voyages que les diligences, jusque-là, transformaient en cauchemar.





Un dépliant touristique vantant les beautés de la ligne de Tours à Nantes en 1900.

Les publications des anciennes compagnies et de la SNCF.
Le chemin de fer a toujours beaucoup écrit et les anciennes compagnies ont publié des quantités d'ouvrages, de documents, de règlements et de notices, et surtout des bulletins professionnels pour leur personnel. (Voir l'annexe 3 ci-dessous).

Le bulletin du PLM semble avoir été le plus développé, tant dans la durée que dans la fréquence des numéros et leur épaisseur. Paraissant entre 1929 et 1937, il deviendra, avec la création de la SNCF, sont organe interne officiel sous le titre "Notre Métier", un titre qui évoluera au début des années 1950, vers le très emblématique "La Vie du Rail".

Le Bulletin "Le PO-Illustré" parait entre 1929 et 1937 et connaîtra une certaine importance, aidée par "L'apprenti PO". Le bulletin "L'Etat notre réseau" parait entre 1931 et 1937. Le très confidentiel "Nord Magazine" parait très épisodiquement à partir de 1930. Ces deux publications sont moins connues et sont pratiquement introuvables aujourd'hui.


"Le bulletin PLM" paraît de 1929 à 1937, et se transforme en "Notre Métier" avec la création de la SNCF.


"Notre métier" apparaît en 1938 et devient "La Vie du Rail" en 1952. Incontournable, cette publication est toujours présente, fortement ancrée dans la vie des cheminots.


Premières couvertures d'une légende vivante.


Les premières années de "Notre Métier" montrent une SNCF très fière de sa hiérarchie et de l'esprit de corps de ses cheminots.


"Le PO Illustre" est un bulletin important, mais plutôt axé sur les beautés touristiques du réseau.


Le très rare "Nord Magazine" est très orienté vers le tourisme, mais les particularités du matériel roulant du réseau sont parfois décrites.



Les "Chaix" : indispensables pour les historiens désirant connaître la réalité quotidienne des chemins de fer en France.


Cette revue oubliée, parue entre 1946 et 1955, est très précieuse pour ce qui concerne les transports en France après la libération.

Les revues pour amateurs de chemins de fer.
Leur ancienneté, leur sérieux et leur importance est loin d'être négligeable, pour ne pas dire essentielle pour l'amateur de chemins de fer et pour l'historien.

Les photographies anciennes.
Les photographies anciennes sur les chemins de fer sont les objets les plus attrayants que l’on puisse collectionner dans ce domaine. Non seulement elles constituent une précieuse documentation dont l’authenticité ne peut être mise en doute, mais, en plus, elles apportent avec elles un charme certain. 

Contemporaine du chemin de fer, née au cœur de ce XIXe siècle industriel comme lui, la photographie devient rapidement l’instrument du témoignage du bouleversement crée par le chemin de fer. Le train est non seulement l’objet de la photographie, mais, aussi, il fait partie des techniques de la photographie en s’offrant comme support mobile, stable et très rapide pour le photographe et son appareil : c’est bien du train que les premiers photographes font l’expérience de photographies prises en mouvement, affectées alors de flous et de traînées horizontales plus ou moins volontaires et résultant aussi bien de la rapidité du mouvement du train que de la lenteur des émulsions disponibles à l’époque.

La photographie ferroviaire, sur le marché de la collection, c’est d’abord la carte postale. Elle fournit en grande quantité des scènes de gares, des trains en gare ou en pleine ligne, des scènes du métier, et ces scènes sont non seulement très « professionnelles » par leur cadrage et leur qualité, mais elles sont souvent très artistiques.

Mais il est intéressant de savoir que, dès les années 1930, de très nombreux photographes amateurs se promènent dans les gares ou le long des voies, «folding » en mains, pour saisir, au gré de leur plaisir, d’innombrables aspects de la diversité du monde ferroviaire.

Les cheminots eux-mêmes, surtout à partir des années 1950 lorsque la photographie se démocratise et offre enfin des petits appareils bon marché et légers, ne manquent pas de photographier sous mille angles la locomotive dont ils étaient titulaires, le compagnon avec lequel ils font équipe ou encore des scènes touchantes comme le dernier train du jour du départ en retraite. Les équipes au travail en atelier ou encore la préparation des locomotives dans le dépôt sont, eux aussi, l’objet de photographies prises discrètement pendant le travail. Ces documents, souvent de qualité inégale mais parfois excellents, se trouvent dans les foires aux vieux papiers et apportent une vision très professionnelle du chemin de fer.

Il y a une tradition de la photographie documentaire ferroviaire : les réseaux ont toujours eu un service photographique chargé de prendre en profil ou sous l’angle le plus documentaire possible comme le « ¾ avant » les locomotives, le matériel roulant remorqué, et même les trains entiers en marche. Trois grandes catégories de photographies existent et offrent toutes trois autant d’intérêt les unes que les autres :

- 1) Les photographies faites par des photographes officiels et professionnels (Lucien-Maurice Vilain, Philippe Mirville, Jean-Jacques d'Angelo, Christophe Recoura, et beaucoup d'autres) et servant non seulement à illustrer des ouvrages d’inventaire ou des états du matériel, mais aussi à assurer une certaine promotion de la compagnie qui communiquait ces clichés aux éditeurs d’ouvrages grand public, promotionnels, ou techniques.

- 2) Les photographies d’amateurs qui consacraient parfois les loisirs d’une vie entière pour constituer un fonds de haute qualité et vendant, de temps à autre, quelques clichés à une revue ou à un éditeur. Pensons à Félix Fénino, Jacques-Henri Renaud, Jacques Defrance, René Floquet, Yves Broncard, André Papazian, Philippe Morel, Thierry Nicolas, Pierre Julien, etc...

- 3) Les photographies faites par des cheminots pendant leur travail : elles sont rarement à but documentaire, et visent plutôt à immortaliser un départ à la retraite ou le visage d’un copain avec lequel on a fait équipe sur la locomotive. Mais certaines, justement, auront un intéressant cadrage élargi donnant la locomotive entière avec son équipe de conduite posant fièrement au premier plan, ou donnant un aperçu élargi sur l’intérieur d’un dépôt ou d’un bureau de gare.

 
Deux très belles photos du photographe amateur René Floquet;


Belle photographie officielle d'une 2D2 500 du réseau de l'Etat.

Les cartes postales.
Souvent déconsidérées et méprisées par les éditeurs, les cartes postales, vu leur abondance et leur richesse, sont enfin reconnues comme étant des sources de documentation de la plus haute valeur. La carte postale a, certes, traité de tous les sujets possibles et imaginables : paysages, villes, rues et places, personnages typiques, métiers, scènes de la vie rurale ou urbaine, etc. Parmi ces thèmes, les transports ont aussi été le sujet de prédilection des cartes postales. Les collectionneurs de cartes postales le savent bien et donnent beaucoup de valeur aux cartes ayant pour thème des métiers, des techniques. C’est pourquoi les cartes postales à thème ferroviaire, surtout avec une locomotive et des cheminots en gros plan, ont une cote assez élevée. A la Belle Epoque les cartes postales commencent à se généraliser et à être le produit d’une industrie. Que peut-on photographier d’extraordinaire dans la vie quotidienne quand les automobiles, avions, fusées, n’existent pas encore et quand la marine est déjà si ancienne et si connue ? Les locomotives et les gares, bien sûr, et ceci d’autant plus que, dans les gares, se pressent des millions de voyageurs qui sont autant de clients potentiels pour l’achat et l’expédition d’une carte postale avec les «sommes bien arrivés » ou les «bons baisers de Vierzon » obligatoires, griffonnés en hâte.

Humbles messages de jadis reflétant des préoccupations et des soucis quotidiens, ces cartes postales sont devenues aujourd’hui des sources documentaires pour l’historien des chemins de fer dans la mesure où il s’agit d’instantanés pris sur le vif et dans le mouvement quotidien. L’état d’une gare qui a été démolie depuis ou bien encore la disposition des appareils de voie et le type de poste d’aiguillage établis sur une bifurcation avant 1914, voilà des données qui sont très difficilement disponibles dans les archives ferroviaires ou dans la littérature spécialisée.

Mais, plus encore, les cartes postales peuvent donner la composition des trains à l’époque, le type de matériel utilisé sur telle ou telle ligne, le type de locomotive et sa série (ou sous - série) en tête de tel ou tel train. On trouvera enfin des « gestes du métier » de cheminots au travail comme ces femmes garde-barrière le drapeau à la main ou ces lampistes le dos courbé sous le joug portant des lampes ou ces hommes d ’équipe attelant des wagons.

De grands éditeurs comme Fleury ou encore HMP (Petiet), en ont édité des séries entières. Une collection HMP complète comprend plus de 850 cartes représentant des locomotives et du matériel roulant du monde entier ! On trouve les cartes postales ferroviaires dans les brocantes, les marchés aux puces, les foires aux vieux papiers, mais elles sont rarement classées comme telles : il faut les rechercher « transversalement » dans les rubriques par départements ou dans le classement « transports » qui existe parfois, mais rarement.
 

Quelques essais de tableaux ou listes d'ouvrages ferroviaires.
1) - Bibliographie générale des ouvrages sur les chemins de fer parus en langue française jusqu’à la fin du XXème siècle.

Proposition d'une liste d'ouvrages classés par ordre alphabétique des auteurs, environ 80 ouvrages parus dans l’édition courante et accessibles aux amateurs et éventuellement au grand public. Liste mise à jour au début des années 2000.

Ouvrages collectifs :

2) - Quelques ouvrages techniques accessibles au grand public.
Voici une sélection de quelques livres importants et récents en langue française, bien documentés et exacts, et accessibles à un public élargi. NB : la liste est par ordre alphabétique des auteurs.

3) - Pour les historiens : bibliographie et dates de parution des revues de chemins de fer françaises.

4) - Bibliographie internationale sur les trains de luxe et les trains de la CIWL
Ouvrages surtout destinés au grand public, et classés par ordre alphabétique des noms d'auteurs.

5) - Liste d’ouvrages ferroviaires parus en langue française (150 titres, non classée, à consulter par une recherche informatique)

6 )- Trains-jouets anciens et modélisme ferroviaire.

Ouvrages destinés aux collectionneurs, parus dans les années 1970 à 2020, liste classée par ordre alphabétique des noms des auteurs.

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