Le carnet du CFC

François Borie

Fondée en 1989 l’ARFUPE (Association pour la restauration du Fort d’Uxegney de la Place d’Épinal) aurait pu cette année se contenter de fêter ses 33 ans… mais elle a fait beaucoup mieux avec l’inauguration du train historique en voie de 60, reconstruit à l’emplacement du tronçon de la ligne qui reliait les forts d’Uxegney et de Bois l’Abbé, distants d’un peu plus d’un kilomètre.

C’est donc un nouveau compte d’anniversaires qui a commencé pour l’association… année zéro de ce nouveau train touristique.


Premier contact et d’emblée on est dans l’ambiance ferroviaire
 : le parking visiteurs est aménagé sur le terrain qui jouxte le dépôt.


Simonne
, la 030 Decauville venue du Chemin de Fer du Val de Passey, chauffe doucement devant la remise. Cette remise a été entièrement construite par l’équipe de l’ARFUPE avec les bois abattus lors du défrichage du Fort d’Uxegney.


Deux autres engins rarissimes sont venus à Uxegney
 : l’unique exemplaire conservé du locotracteur Schneider de 1916, venu de Toul le temps de la restauration du monument aux morts où il était exposé…


Le locotracteur blindé petroleo-électrique Crochat, prêté par le musée du Génie d’Angers.

J’arrive vers 10 heures et j’ai juste le temps de prendre un billet d’entrée combiné Fort + Train et de réserver la place dans le train de 14h30 que le guide appelle pour une visite du Fort…


Et là c’est l’émerveillement
 : patiemment restauré par les bénévoles de l’ARFUPE, le Fort d’Uxegney est un véritable trésor. Que ce soit avec ses pièces d’origine ou des éléments mobiliers identiques récupérés sur d’autres sites, il est remis à son état de 1914. Par chance, il n’a pas subi de dégradations importantes au cours des deux guerres mondiales qu’il a traversées sans subir d’attaques. Le groupe est conduit par un guide compétent et passionné qui a poussé le réalisme jusqu’à reconstituer une tenue d’époque, du képi aux brodequins en passant par la veste de travail et le pantalon garance. Une casemate de Bourges comporte deux canons de 75 et est destinée à la protection des flancs du fort…


La vie des militaires dans le Fort est évoquée dans la chambrée, dans la cuisine et dans l’usine électrique.


Mais la partie partie la plus spectaculaire de la visite est celle des tourelles à éclipse avec leurs canons et leurs dispositifs de pointage quasiment fonctionnels.


Vue de l’extérieur, un de ces tourelles dans laquelle les canons et leurs servants sont protégés par plusieurs dizaines de centimètres d’acier. Au sommet du talus, les cloches blindées des officiers de tir.


Au sortir du Fort, nous retrouvons la voie de 60 avec un court convoi cédé d’un locotracteur Billard T75 en attente de restauration et qui devrait bientôt retrouver son moteur d’origine (y compris le numéro de série
 !).


Je n’ai que le temps de manger un croque monsieur et une crêpe au sucre arrosée d’un café pris au stand de «
 restauration légère » soigneusement tenu par les bénévoles, qu’il faut se rendre au départ du train.


Deux convois circulent simultanément
 : le premier, emmené par Simonne est parti à 14 heures, ma place est réservée dans le second qui sera emmené par le locotracteur Diema, de 1964…


Ce train me conduit au Fort de Bois l’Abbé, terminus de la ligne, les passagers sont invités à descendre pour une brève présentation de ce fort, resté dans son état de construction en 1880, alors que le fort d’Uxegney a été modernisé juste avant 1914 avec ajout de cuirasses en béton et d’artillerie en tourelles.


Pour le retour, Simonne nous attend avec sa rame de baladeuses reconstruites sur des châssis Péchot, suivant les documents d’époque. Ce changement de train permet à tous d’avoir fait le trajet en traction vapeur…

Il me reste encore un peu de temps pour la visite de l’exposition photos qui permet de replacer tout ce que j’ai vu dans le contexte militaire de l’époque, principalement la première guerre mondiale.

Puis c’est l’au-revoir aux lieux et aux gens avec le secret espoir de revenir bientôt, peut-être au prochain 14 juillet puisque ce jour est, avec les Journées Européennes du patrimoine, un des trois jours d’ouverture à la visite du Fort de Bois l’Abbé… et aussi le jour de sortie du Fardier de Cugnot (enfin sa reproduction à l’identique) à Void, près de Toul, à quelques kilomètres d’Épinal.

Ce fut une belle fête d’inauguration que la fréquentation nombreuse a couronnée de succès au point qu’en ce dernier jour, tous les trains sont partis complets !

Bravo à toute l’équipe de l’ARFUPE pour l’organisation magistrale de cette manifestation.

Mais surtout bravo à tous les bénévoles de l’association pour ce travail de longue haleine et le trésor historique qu’elle met ainsi en valeur.

Souhaitons longue vie et voyageurs nombreux à ce nouveau trin touristique !

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