Le carnet du CFC
Vieux cartons : La restauration de la 020T-03 du CFC - 3

Le 26 Octobre, les bielles et le petit mouvement étaient démontés et les essieux déposés. Le 15 Novembre, nous procédions au détartrage de la chaudière, car il nous était impossible de voir les tubes par le dôme de prise de vapeur tant les dépôts calcaires les soudaient les uns aux autres. Pour ce faire, nous avons rempli d’eau la chaudière, jusqu’à l’immersion des tubes et avons versé deux bidons d’acide de 20 litres chacun par l’ouverture du dôme. Le mélange a bouillonné très fort, des vapeurs acides se sont dégagées, il ne faisait pas bon rester au-dessus de l’émanation. Deux jours plus tard, nous avons vidangé la chaudière et l’avons pacifiée à la soude. Les tubes apparurent à nouveau avec un bel aspect métallique. Le 18 Novembre notre inspecteur APAVE visitait la chaudière et procédait aux relevés dimensionnels.

Plan de la chaudière dessiné par l’APAVE

Quelques semaines plus tard, nous recevions l’autorisation de remettre la chaudière de 1934 en service, moyennant le remplacement des quatre tubes de la rangée du bas, de part et d’autre du bouchon de vidange. Le 14 Décembre nous commencions ce travail.

Pour ce faire, nous avons chauffé l’extrémité d’un premier tube au rouge, puis à l’aide d’un marteau et d’un burin, nous l’avons trèflé de manière à le désolidariser de son alvéole. D’abord coté boîte à fumée, puis coté foyer. Ensuite à l’aide d’une masselotte et d’un outil à buriner que nous avions fabriqué, nous chassions le tube coté boîte à fumée en tapant coté foyer. Lorsque des tubes résistaient, l’un tenait l’outil à buriner à l’intérieur du foyer et l’autre sur la plate-forme tapait avec la masselotte ou la masse quand la résistance se faisait davantage sentir.

Les tubes situés aux bords de la paroi du foyer ou des rivets coté boîte à fumée posèrent davantage de problème à cause du manque d’espace.

Dans le même temps, nous portions les essieux dans un atelier de mécanique de Suresnes (Etablissement Chevreuil) qui possède une presse de 400 tonnes pour en extraire les manetons. Une fois les manetons extraits, c’est à l’Entreprise Prest-Usinage à Courbevoie que nous les transportions pour en faire reprofiler les bandages (coût 2900 Francs HT).

Le 4 janvier 1986, nous démontions les cylindres pour les nettoyer. L’état général était satisfaisant et deux semaines plus tard, nous les remontions après un bon nettoyage.

Fin mars, le châssis était nettoyé y compris les caissons et prêt pour sa mise en peinture. La traverse, supportant le foyer de la chaudière, fortement corrodée était remplacée. Les bielles étaient poncées et brillaient comme si elles étaient neuves.

Début mai nous commencions la mise en place des tubes neufs en acier sans soudure TU 37 B que j’avais achetés chez Siguret à Nanterre pour le prix unitaire de 100 Francs.

Si retirer un tube est relativement aisé bien que le manque de place oblige l’ouvrier à avoir des positions inconfortables, pour remettre des tubes neufs, l’opération est plus délicate et le travail de préparation demande beaucoup plus de temps.

La première tâche était l’alésage des alvéoles à l’aide d’un alésoir de 40 mm que nous avions acheté chez Trouvay et Cauvin (usine du Havre). Une fois le trou propre et surfacé, nous pouvions introduire le tube dont nous avions préalablement chauffé au rouge cerise les extrémités pour le recuire. Une fois en place il ne restait plus qu’à dudgeonner à l’aide de deux dudgeons complémentaires 38/40 et 40/42. On coinçait le tube en position (4 à 5 mm de part et d'autre de chaque plaque tubulaire) à l'aide de la pince-étau et nous commencions à dudgeonner coté opposé. Lorsque le trou de l’alvéole était supérieur à 40 mm de diamètre, suite à des alésages répétés, nous avions recours au deuxième dudgeon. Une fois le tube serti partiellement coté boîte à fumée, on dudgeonnait coté foyer (la difficulté résidait à la proximité des rivets où il était parfois peu aisé d’utiliser la clé à cliquet), puis nous dudgeonnions ensuite coté boîte à fumée où la tâche était plus aisée, ne serait ce que parce qu’on pouvait exécuter le travail debout et non plus recroquevillé dans le foyer, en équilibre sur l’escabeau installé dans la fosse. 

Première sortie, la cabine n’est pas encore montée. Photo de page de garde du numéro 1 de LVDC (photo E. MARTIN).

 

Allons chercher une baladeuse dans le dépôt pour faire un tour ensemble jusqu’au Pont d’Epinay. (photo E. MARTIN).

C’est parti ! En ligne pour les essais (photo E. MARTIN).

Notre première sortie, il ne fait pas chaud, mais on est heureux. Janvier 1987 (photo E. MARTIN).

En Mai, nous attaquions la reconstruction complète de la cabine, ne gardant que les infrastructures métalliques (cornières). Légèrement transformée, la nouvelle cabine était dépourvue de paroi avant, laissant de ce fait une large visibilité et une bonne aération en été.

Pendant le remontage de la cabine, Jean Chapotel surveille la prise d’eau.

A la même époque les caisses à eau et les crinolines revenaient restaurées ou refaites par la chaudronnerie Gauthier-Mary à Bezons coût (18000 F HT). La paroi interne de chaque caisse à eau a été découpée au chalumeau pour donner accès à l’intérieur puis ressoudée à l’arc après nettoyage et étanchéité.

Coté roues, les essieux étaient revenus avec des bandages tournés et équilibrés, après être passés une deuxième fois chez Chevreuil à Suresnes pour le réenmanchement des manetons. A propos de maneton il faut signaler que celui de gauche était à refaire, en effet, c’est la coquille désolidarisée de son axe, qui servait de coussinet. Il a fallu la couper au chalumeau pour l’extraire et refaire deux demi-coquilles à la cote, que j’ai ressoudées sur l’axe.

Le 18 Juin, nous recevions la cheminée refondue à la Fonderie de la Gare à Bobigny, à partir d’un modèle de cheminée similaire prélevée sur une des 020T type Progrès de JB. Mervaux.

L’été 86 s’est passé sous les auspices de la peinture (les caisses à eau n’ont pas reçu moins de 10 couches + ponçage). Chapotel adepte des peintures britanniques n’a pas lésiné sur cet aspect des choses, (il faut dire qu’aucun touristique n’a eu une machine aussi bien peinte que notre sympathique 020). En Août les essieux étaient reposés et les bielles calées, les freins remontés avec de nouveaux sabots commandés chez Socofer.

Le 21 Octobre c’était l’épreuve hydraulique sous l’oeil vigilant de M. Grémillot. Le 1er Novembre, la chaudière était à nouveau sur son châssis et le remontage commençait. La chaudière dont le livret attestait la date de 1934 avait déjà été transformée (ou remplacée) et était dotée d’un foyer en acier avec, non pas des tirants comme sur la 030T, mais des fermes

En Janvier 1987, nous procédions au remontage de la tuyauterie. Et le 28 Janvier c’était le premier essai de chauffe.

Pimpante, la 020T-03 du CFC après restauration complète attend l’allumette (Photo MAD).

 

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