Au Depot 1/4

 

 

Le Jung 0B0-20

Denis Letourneau

Il y a maintenant un peu plus d'un an et demi, j'ai acheté un locotracteur JUNG à la "vente aux enchères du siècle" à Soisy-sous-Ecole. Il s'agit du JUNG n° 7604, modèle ZL 114, type B-dm de 1937, équipé d'un moteur bicylindre diesel deux temps, à précompression de l'air dans le carter de vilebrequin et graissage à huile perdue. Grâce au message de Jean-Marie Ottelé du 02/10/01, je connais sa date de fabrication et son premier propriétaire, la S Transbau GmbH de Berlin où il a été livré le 31/07/1937.
Grâce à ces précieuses informations, j'ai réussi depuis à rassembler un certain nombre de documents et informations techniques, qui m'ont permis d'en connaître les principales caractéristiques. De plus, je m'applique à prendre le plus possible de notes, au fur et à mesure du démontage, constituant ainsi un complément technique important.

Cependant, je recherche toujours toutes informations concernant son fonctionnement, son entretien et son histoire.

Au vu des réparations qu'il a subit, sans nul doute, en France (voir la liste ci dessous), je suis persuadé qu'il a effectué un service en France pendant une période difficile ; probablement durant la guerre de 1939-1945, soit qu'il ait été racheté d'occasion pour effectuer un service "léger". En tout cas c'est ce que semblent irréfutablement indiquer les éléments suivants :

Etat du locotracteur tel qu'il a été acheté :

1) - l'essieux avant est très usé, faisant pencher le locotracteur vers l'avant,
2) - les gueuses d'attelage avant et arrière ont été permutées. La gueuse montée à l'arrière, plus grosse, porte une plaque percée ayant sans doute servi de guide pour une manivelle de démarrage,
3) - le lancement du moteur se fait à la manivelle par un renvoi d'angle situé côté droit du moteur,
4) - 1 injecteur porte, en français, l'inscription "BOSCH importé d'Allemagne",
5) - 1 cylindre a été chemisé en partie basse,
6) - toute la boulonnerie est en norme anglaise,
7) - les écrous du vilebrequin portent des traces de coups de burin,
8) - la chaîne de transmission entre les deux essieux est manquante,
9) - les flancs intérieurs des roues arrières sont différents de ceux des roues avant, bien qu'elles se ressemblent beaucoup extérieurement,
10) - la tringle principale de frein est tordue, une goupille a été démontée,
11) - absence de filtre à gasoil,
12) - cabine démontée,
13) - des trous ont été pratiquée au chalumeau, en partie supérieure à l'avant et à l'arrière du châssis ; des tôles ont été soudées et les caissons ainsi constitués remplis de sable et de cailloux,
14) - la courroie de ventilateur a été remplacée,
15) - le radiateur est percé, le fond bombé déchiré par le gel,
16) - les trappes moteur latérales n'ont pas d'ouïes de ventilation.

Déductions :
1) + 2) + 8) + 9) => Suite à l'usure très importante des deux essieux, seules, les roues de l'essieux arrière ont été remplacées. C'est sans doute en raison de la différence de diamètre, entre les roues de l'essieux avant et de l'essieux arrière, que la chaîne de transmission entre les deux essieux n'a pas été remontée. L'axe arrière est bien l'axe d'origine car le pignon de transmission, à l'essieux avant, est toujours en place. A la suite de cette réparation "de fortune", le locotracteur a sans doute été utilisé pour un service "léger" puisque ne fonctionnant plus que sur un seul essieux moteur. A la vue de la faible usure des roues de l'essieux arrière, ce service "léger" a probablement été de courte durée. Les gueuses d'attelages ont probablement été permutées afin de mettre le plus de poids possible sur l'essieux arrière et en augmenter ainsi l'adhérence.
2) + 3) => Le démarrage se faisant coté droit du moteur par le renvoie d'angle, qui est bien d'origine d'après d'autres documents que l'on m'a transmis, j'en conclus que les gueuses d'attelage ne sont pas celles d'origine. Ceci est également confirmé par les documents reçus, sur lesquels on peut voir des gueuses d'attelage beaucoup plus petites.
2) + 13) => Les gueuses ont peut être été montées initialement telles qu'elles sont aujourd'hui ; et ce très tôt. De même pour les caissons avant et arrière remplis de sable et de cailloux. Ce qui expliquerait la grande usure qu'ont subi les deux essieux et semble également indiquer qu'il a été utilisé pour tirer une charge lourde. 
4) + 5) + 6) + 7) + 14) => Je pense que l'ensemble de ces réparations ont été effectuées en France. Les coups de burin prouvent que les mécaniciens, chargés de sa remise en état, ne disposaient pas des clés adaptées pour le démontage du vilebrequin. Démontage rendu nécessaire pour l'usinage du carter moteur afin de le chemiser. De plus les inscriptions relevées sur l'injecteur, ne se justifient que pour une pièce importée d'Allemagne vers la France. Il en va de même pour la courroie de ventilateur qui, de longueur juste, se trouve tendue alors que le réglage de sa tension est au minimum.
15) => La déchirure du radiateur, nécessitant une réparation importante, voire son remplacement, a probablement été la cause de son arrêt définitif.
11) => Le filtre à gasoil a peut être été démonté par la suite pour équiper un autre engin ; pratique courante aujourd'hui encore sur tout engin mis au rebut.
10) => La tringle de frein étant tordue, soit pendant son service soit lors de sa sauvegarde, maintenait les sabots de frein serrés. La goupille démontée le fut probablement afin de desserrer ceux-ci.
12) => Des trous de fixation, de même que des boulons cassés indiquent qu'il a eu une cabine couverte. Cette option est effectivement mentionnée sur une notice technique du constructeur.
16) => Sur la notice technique citée ci-dessus, les tôles de trappes latérales du moteur comportent des ouïes de ventilation. L'absence de celles-ci peut se justifier selon les cas suivants :
- il s'agit d'une évolution de fabrication (au même titre que la plaque constructeur et les cylindres sur lesquels le logo JUNG est absent) ; la notice en ma possession étant postérieure à ces modifications ; hypothèse qui a ma préférence,
- utilisé dans un milieu très poussiéreux (sable + vent par exemple), elles ont été remplacées afin de protéger le moteur. Me vient alors la question : pourquoi ne pas avoir simplement occulté les ouïes en soudant une tôle ?
- utilisé au contraire dans un milieu très chaud, ou dans des conditions difficiles (charge lourde provoquant un échauffement excessif du moteur par exemple), elles ont été enlevées afin d'augmenter le refroidissement du moteur. Elles auraient été ensuite perdues, ou non récupérées, lors du rachat du locotracteur et remplacées par le nouveau propriétaire.

L'hypothèse, qui me semble actuellement la plus vraisemblable, est qu'il ait été apporté en France pendant la guerre de 1939-1945 par les Allemands, utilisé de façon intensive pour remorquer des charges lourdes, voire très lourdes, pour la défense du mur de l'Atlantique ? (le sable expliquerait l'usure des roues, le sable des caissons et celui retrouvé dans le radiateur), ou autre ? Conservé par la suite comme dommage de guerre, puis éventuellement racheté d'occasion par une société, il aurait fait un service beaucoup plus modeste pendant une courte période. Il aurait été récupéré par monsieur Merveaux, à une date indéterminée, pour être finalement vendu aux enchères.
Cette conclusion restant une hypothèse, je serais reconnaissant à tous ceux qui me permettront de lever le voile sur son existence.

 

L’après-midi du mercredi 27 novembre au CFC 

Reportage photo Freddy

Gaston, Vincent et François sont chez Merlin-Castets au chevet de la Bertha.
Alexandre, Claude et Jean-Marie déchargent un camion envoyé par Denis. 
Guy et Freddy font des photographies. 

Le camion arrive et aussitôt, le matériel est déchargé 

Du camion sort un wagon citerne qui, envoyé par un lyonnais devrait, vu la date du jour, contenir du Beaujolais nouveau ! 

Déchargement des wagonnets de Denis Le wagon de Beaujolais

Le camion transporte plusieurs tonnes de ferraille bien rouillées, ce qui n’enchante pas Gilbert qui pendant ce temps-là termine le réglage des balanciers de frein du Plymouth 0B0-09 dont on a changé les sabots le matin. 
Pour François, Vincent et Alexandre, la journée se termine en préparant du matériel, rails et plaques tournantes, pour le train du Père Noël à Villeneuve.

Plymouth 0B0-09

Les travaux sur le Plymouth 0B0-09 continuent, ponctués d'interruptions dues à l'entretien général du matériel roulant. Gilbert a raccourci les chaînes en enlevant un maillon. Un  demi-maillon spécial de raccordement a du être effectué. 
Les sabots de frein ont été remplacés et à cette occasion, la timonerie a été entièrement révisée.

Et pendant ce temps là toujours les mêmes qui bossent ! Les dessous du Plymouth

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