Le carnet du CFC
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Les Houillères de Cruéjouls (Aveyron)
François Borie.
Hors des grands bassins miniers tels ceux du Nord, de Lorraine, de Decazeville ou de Gardanne, on trouve, ou plutôt on trouvait en France des mines de charbon de dimensions plus modestes et dont l’exploitation se faisait de façon plus ou moins artisanale tel est le cas des « mines paysannes » du briançonnais et des mines du bassin de Cruéjouls, dans le nord de l’Aveyron.
C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de découvrir au hasard d’une promenade en août 1994 les vestiges de la mine du Pouget, sur la commune de Cruéjouls. J’avais pu à l’époque prendre quelques photos des installations de surface, laissées en l’état après l’arrêt de l’exploitation survenue une dizaine d’années plus tôt. J’ai pu retourner sur les lieux cet été 2003. Il semble que par sécurité les puits aient été fermés, mais mis à part la croissance de la végétation qui a quelque peu envahi le terrain et l’approfondissement de la rouille, je crois pouvoir dire que tout est resté en l’état. Voici les vues les plus caractéristiques de 1994 :
Le plus étonnant est qu’il semble qu’une importante quantité de matériel d’exploitation a été remontée lors de la fermeture de la mine, ce qui n’est pas vraiment une pratique courante. On peut donc observer un assortiment hétéroclite de matériel minier en plein jour : rails, cintres et étançons, gaines de ventilation, ventilateurs, moteurs électriques, pompes (en particulier quatre belles pompes Worthigton !), chargeur, haveuse, et nombreuses berlines soigneusement rangées, chargées de petites ferrailles diverses, boulons etc. et couvertes de tôles ondulées… y aurait-il eu une intention de création d’un musée de la mine tel qu’on en voit dans d’autres régions ?
Une partie du terrain a été réutilisée pour l’installation d’une entreprise de fabrication et distribution de pigments naturels et synthétiques pour chaux, plâtre, ciment, peinture, produits pour stuc, badigeon, colature, enduit,... J’ai pu retrouver sur Internet les coordonnées de l’entreprise et le courrier que j’ai alors adressé a donné lieu à une réponse très complète qui a répondu à toutes mes interrogations. Je ne reprends ici que les éléments qui me paraissent les plus significatifs.
La concession des mines de houille de Cruéjouls, instituée par décret du 3 août 1913 est le résultat de la fusion des anciennes concessions de la Draille et du Pouget instituées respectivement par ordonnance du 5 février 1823 et par décret du 25 juin 1862. L’exploitation, réouverte en 1935 par monsieur BURGUIERE, après un bref arrêt depuis avril 1934, est assurée à la mort de ce dernier, par la « Société en nom collectif BURGUIERE VERDEILLE & Cie » dite des « Houillères de Cruéjouls » au capital social de 320 000 Francs, fondée par ses héritiers. Elle sera exceptée de la nationalisation de 1946 avec 240 autres petites mines restera, pendant 16 ans, la seule mine de charbon privée de France.
Installations souterraines :
Les premières exploitations anciennes se sont faites à partir d’affleurements, sans doute sur un mode proche de celui des mines paysannes du Briançonnais et ce n’est qu’à partir de 1940 que la Mine de Cruéjouls prend son aspect actuel.
Dans son dernier état d’exploitation, la Mine comportait 3 puits. Le plus profond, le puits Ste Barbe, était aussi le principal puisque le seul équipé d’une machine d’extraction et servait à la circulation du personnel, du matériel et à la remontée des produits d’extraction.
Le gisement exploité comporte 3 couches de charbon, seule la couche n°2 a été travaillée dans la mine moderne. Il a une allure assez régulière avec une direction générale S.O. – N.E. et un pendage de 10 à 12° vers le N.O..
La couche, d’une puissance de 0,60 m à 1,30 m est exploitée dans des tailles chassantes ou rabattantes ; qui sont traitées par havage, tir et foudroyage sur étançons.
La mine était particulièrement bien équipée avec des haveuses électriques à bras de havage, des convoyeurs à raclettes et des treuils électriques dans les 2 plans de 800 mètres de long.
Dans les travers bancs, 2 ânes amenaient les berlines au fond du puits.
Installations de surface :
La mine possédait des ateliers qui pour l’entretien, la remise en état ou la transformation de tout le matériel nécessaire. L’installation de préparation du charbon (épierrage – concassage ) pouvait traiter plus de 20 000 tonnes par an. De vastes trémies et des aires aménagées permettaient sans problème le stockage et la reprise du charbon. De vastes hangars abritent les compresseurs, les ateliers et une partie du matériel approvisionné. Des quantités importantes de matériel tel que cintres et étançons étaient de plus stockées à l’extérieur sur les terrains appartenant à la Société.
La Société avait aussi construit une maison pour loger l’ingénieur et une famille. Le reste du personnel, une vingtaine de personnes en tout, était originaire des environs.
Les productions :
Elles ont concerné essentiellement le charbon.
Les conditions d’exploitation étaient exceptionnellement favorables ; pas de grisou, pas de feu, terrain tenant très bien et se foudroyant bien, aérage excellent, gisement très régulier et très peu d’eau.
De ce fait, le rendement était excellent ; il a été pour l’année 1979 de 2,842
tonnes par homme au fond et de 2,174 tonnes par homme jour et fond ; la production a été de 8 631 tonnes nettes. 95% environ de la production est vendue à la centrale E.D.F. d’Albi, le reste à divers petits clients.
Au maximum de leur activité, les Houillères de Cruéjouls ont produit 20 000 tonnes annuelles avec un rendement fond qui a par moments dépassé 4 tonnes par homme et par jour. La dernière année, en ne travaillant plus qu’à un seul poste par jour, la production a encore été de 5925 tonnes de janvier à septembre.
Le gisement présentait des réserves appréciables, puisqu’en 1980, on évaluait les réserves reconnues de la seule couche N°2 entre 100 000 et 150 000 tonnes soit une exploitation de 10 à 15 ans. Il s’y ajoutait au moins 50 000 tonnes dans la couche n°1 et des réserves non évaluées dans la couche N°3 sans compter la probable extension du bassin vers l’ouest en direction de Lassouts. Une note des exploitants, datée de 1980, mentionne ces possibilités indique que « le prolongement du plan N°7 ou une campagne de sondages seraient très intéressantes ».
Mais avec le déclin de l’utilisation du charbon en France, les géologues ne font pas d’investigations supplémentaires et les exploitants doivent étudier les possibilités de reconversion, c’est ainsi que sont envisagées :
La Mine de Cruéjouls a arrêté son exploitation de charbon fin septembre 1988.
Actuellement, la S.A.R.L. BURGUIERE – VERDEILLE commercialise des pigments minéraux naturels et synthétiques destinés principalement à l'industrie du béton ainsi que divers adjuvants qui sont une activité proche de la chimie. Elle a aussi une installation de séchage et de broyage à façon.
La reconversion s’est bien effectuée.
Extrait de la carte IGN série verte n°58
Remerciement :
Je remercie très chaleureusement monsieur Roger VERDEILLE, qui non seulement m’a communiqué une notice très complète sur la Mine, mais aussi autorise la publication de cet article.
Contact Houillères de Cruéjouls - Burguière Verdeille 12 340 CRUEJOULS Tél. : 05.65.44.93.82 - Fax : 05.65.48.85.56 E-mail : infos@colorant-pigment.com Pour plus d'information, consultez notre site : www.colorant-pigment.com |
L'échange de lettres entre François Borie et Monsieur Roger Verdeille donne des informations intéressantes que nous publions dans les documents ci-joints.