Texte et photos Jean-Baptiste MALBEC

Dimanche 26/11/2017, c'est avec excitation, joie et retenue que Dominique, Mathieu et moi allons redonner" vie" a notre Bertha après 6 années passées, froide, au fond du dépôt. (Elle était arrêtée depuis Juin 2011 voir LVDC n°163).

11h30. Fraîchement arrivé de Paris en trottinette, j'enfile ma tenue et retrouve mes compères.
11h40. La Bertha sort de son dépôt, et nous la remplissons de son élément vitale, l'eau.
Pendant ce temps, équipés de clefs, nous faisons le tour des bouchons du cadre et de la plaque tubulaire, des écrous du chapeau du dôme, etc. pour s'assurer que nous serons en sécurité. 

11h55. Plus rien ne s'oppose au grand moment ... On craque l'allumette ! Le foyer s'embrase ! Les yeux rivés sur la grande cheminée. 
Les premières volutes de fumée se dispersent dans le ciel bleu ! C'est parti ! 

Pendant que la doyenne de nos locomotives se réchauffe et s'étire doucement, on s'affaire auprès d'elle. On la graisse, on la fait briller, etc. ...
13h40. L'aiguille du manomètre décolle, les premiers bruissements se font entendre ... Des fuites au dôme, rien de grave, on poursuit la montée en pression tout en cassant la croûte.
14h50. Déjà quatre bars au manomètre et on essaye les injecteurs. Celui de droite fuit comme une passoire. Les fontaines de Versailles sont dans la cabine ! Mais il amorce bien.
Celui de gauche, quant à lui ne veut rien savoir. Madame est capricieuse !
On décide de monter en pression pour le tester.

Didier nous rejoints, mes parents également, accompagnés de Lucky, le petit chiot qu'ils viennent d'adopter. C'est son baptême de la vapeur et il aime ça !!! Eh oui, il n'y a pas que les humains que ces machines intriguent ... 
15h30. Premier coup de sifflet. Bien enroué, nous fait remarquer Didier ! 
Je ne me souvenais pas qu'il était si fort...

La pression est suffisamment élevée pour qu'elle puisse faire ses premiers tours de roues et aller au tas de charbon.
Je tire le régulateur, les cylindres se remplissent et la voila qui se déplace. Magique ! 
Cependant son premier quart de tour fut laborieux, malgré un bon préchauffage des cylindres et un graissage abondant. 
On vérifie que les sabots ne collent pas, puis on reprend le chemin vers le tas de charbon. 
16h. Elle chauffe au charbon et les soupapes se lèvent.
Elle chante, elle crache, elle siffle, elle suinte, elle souffle, bref elle vit !
Philippe D. nous rejoints accompagné de ses enfants. Lui non plus ne voulait pas manquer ce moment!

16h20. On attelle le Plymouth et on va lui faire se dégourdir les bielles.

À la sortie du dépôt, dans la rampe,  les feuilles mortes s'envolent au-dessus de ses panaches. Elle s'exprime. On sourit. On pense à cette journée de juillet 1905, où elle est sortie de ses ateliers à Berlin, aux mécaniciens de Péronne des établissements LECAT qui ont sûrement aimé cette petite locomotive, à Floris Lepers qui l'a sauvée et bichonnée dans son jardin, aux copains qui ont travaillé dessus il y a déjà bien des années. Et puis je repense surtout à Vincent qui, il y a quatorze ans, alors que j'étais enfant et que je n'osais pas en rêver, m'a dit : " tu prends le manche ? " 

Cette locomotive va revenir dans nos vies quotidiennes, les dimanches ensoleillés lorsque les voyageurs se presseront pour monter dans les baladeuses. À nous d'en prendre soin, pour qu'elle soit rallumée encore bien des fois.

Ce dont le CFC doit être fier : (Texte Jean-Marie Lemaire)

Le remontage des équipements, la tuyauterie, la peinture les essais de la machine a été intégralement réalisé par nos jeunes (sur les conseils de quelques anciens). Qu’ils soient ici remerciés pour leur sérieux et leur courage car ils n’ont pas ménagés leurs efforts sur la Bertha. L’avenir technique du CFC est sur de « bons rails » !

Merci à Baptiste, Dominique, Jean-Baptiste, Julien, Louis, Mathieu, Vincent. Merci particulièrement à Jean-Baptiste qui a été leur « lieder » incontesté.